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L’UE offre d’aider la patrouille des frontières du Sénégal à combattre la pêche illégale

PERSONNEL D’ADF

La Commission européenne a offert de déployer l’agence des frontières de l’Union européenne (UE), appelée Frontex, au Sénégal pour l’aider à combattre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) et stopper le trafic des immigrants.

Si le Sénégal accepte l’offre, ce serait la première fois que Frontex serait déployée hors de la juridiction de l’UE, selon SeafoodSource. Frontex utilise en général des avions et des navires pour patrouiller et surveiller la mer.

« C’est mon offre et j’espère que le gouvernement du Sénégal est intéressé par cette unique opportunité », a déclaré Ylva Johansson, commissaire de la CE pour les Affaires intérieures, dans un reportage de SeafoodSource.

En date de la mi-mars, le Sénégal n’avait pas pris de décision concernant cette offre.

L’industrie de la pêche emploie plus de 600.000 personnes dans le pays et près de 75 % des protéines d’origine animale consommées au Sénégal proviennent des poissons. Mais 90 % des pêches du pays sont pleinement exploitées ou affrontent l’effondrement, selon des données réunies par l’Environmental Justice Foundation (EJF, Fondation pour la justice environnementale) et les Nations unies.

Le commerce maritime illégal fait perdre à l’Afrique de l’Ouest près de 1,95 milliard de dollars sur la chaîne de valeur des poissons et fait perdre aux foyers 593 millions de dollars de revenu par an.

La pêche INN « est l’un des fléaux qui tourmentent notre secteur », a déclaré Moustapha Ly, secrétaire général du ministère des Pêches et de l’Économie maritime, dans un reportage de 2021 par Sénégal Black Rainbow. Moustapha Ly a dit que le pays perdait annuellement au moins 150 milliards de francs CFA de la CEMAC (plus de 252 millions de dollars) à cause de la pêche INN.

Les usines de farine de poisson et d’huile de poisson appartenant à la Chine ont proliféré au cours des dix dernières années. Elles contribuent au déclin des stocks de poissons et à la perte de revenu des pêcheurs artisanaux, selon les habitants locaux. Les usines de farine de poisson pulvérisent les poissons pour fabriquer de la poudre utilisée comme nourriture dans les fermes de fruits de mer tels que les crevettes, ainsi que celles de porcs, de poulets et d’autres animaux.

Ces usines constituent une menace grave de sécurité alimentaire parce qu’elles sont en général approvisionnées par de gros chalutiers étrangers qui attrapent des tonnes de poissons chaque jour La Chine est le premier importateur mondial de farine de poisson et l’un des premiers exportateurs mondiaux de crevettes.

Environ neuf usines de ce type ont été construites au Sénégal mais, à cause des réactions de colère de la part des communautés de pêche locales, trois ou quatre seulement étaient en service en 2021, selon Greenpeace Afrique.

L’an dernier, l’EJF et Trygg Mat Tracking (TMT), société d’analyse de renseignements de pêche, se sont associées au gouvernement du Sénégal dans le cadre d’un nouveau programme pour promouvoir la transparence dans la pêche du pays et y éliminer la pêche illégale.

Financé par Oceans 5 (organisme philanthropique engagé dans la protection des océans du monde), ce projet de trois ans, de près de 1,2 million de dollars, avec l’EJF et TMT publie en ligne des listes de licences de pêche et des registres de vaisseaux actualisés. Il responsabilisera aussi les pêcheurs artisanaux pour aider à observer et surveiller le port de Dakar et participer aux décisions du gouvernement concernant la pêche.

Plus de 30 navires industriels ont été accusés de pêche illégale au Sénégal en 2020, selon la fondation. L’une des composantes du projet aidera les communautés de pêche à documenter la pêche suspecte.

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