Les chalutiers étrangers ciblent les eaux de Sierra Leone en prenant des profits et des poissons
PERSONNEL D’ADF
Depuis trente ans, les vaisseaux étrangers ciblent les eaux territoriales de Sierra Leone pour pêcher des sardines, des crevettes, des harengs ethmaloses et des mérous, dont beaucoup seront vendus à l’étranger.
Les activités des chalutiers étrangers menacent les moyens de subsistance de 500.000 Sierraléonais qui travaillent dans l’industrie de la pêche, alors que les stocks de poissons ont chuté rapidement entre 2009 et 2021, selon un reportage dans The European Times. Le déclin des stocks de poissons est un facteur de l’insécurité alimentaire parce que le poisson local représente 80 % de la consommation de protéines dans le pays.
Certains bateaux sont autorisés à pêcher ici mais les observateurs déclarent que les revenus obtenus des impôts et des droits de licence auprès des sociétés de pêche étrangères sont négligeables. Les capacités de patrouille limitées du pays rendent aussi difficile la mise en application du droit maritime sur son littoral de 506 km. Le pays ne perçoit donc pas beaucoup d’argent provenant des amendes liées à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN).
La Sierra Leone pourrait potentiellement gagner plus de 50 millions de dollars par an de la pêche, mais elle perçoit typiquement moins de 18 millions de dollars du fait de la pêche INN, selon le reportage.
Zainab Nijae, marchande de poisson à Freetown, a déclaré à Greenpeace Afrique : « Nous autres dans la communauté, nous souffrons. Nous ne pouvons plus nourrir et éduquer nos enfants à cause de la pêche médiocre. »
Mme Nijae avait fait ces commentaires il y a cinq ans, et les travailleurs locaux de l’industrie de la pêche disent que peu de choses ont changé depuis.
Le président sierraléonais Julius Maada Bio avait promis d’adresser la pêche INN après être entré en fonction en 2018.
Le gouvernement s’est associé à l’organisation non gouvernementale Sea Shepherd Global en 2020. Ce partenariat a aidé le pays à arrêter plusieurs vaisseaux engagés dans la pêche INN, provenant surtout de la Chine.
Le gouvernement de la Sierra Leone combat aussi l’évasion fiscale dans sa lutte pour éliminer la pêche illégale. Le gouvernement déclare qu’il fermera les entreprises, intentera des poursuites judiciaires ou refusera d’émettre des certificats de dédouanement portuaire aux sociétés qui ne paient pas leurs impôts.
Le pays a aussi procuré six bateaux pour patrouiller ses eaux côtières et des équipements radio, des tablettes électroniques et des téléphones Android pour renforcer la mise en application du droit maritime et la surveillance, déclare Julius Maada Bio dans un reportage du Sierra Leone Telegraph.
En 2019, la Sierra Leone a mis en œuvre une interdiction de pêche industrielle d’un mois, dont le but était de restaurer les stocks de poissons, mais les pêcheurs locaux et les conservationnistes déclarent qu’il reste davantage à faire.
Ibrahim Cisse, gestionnaire principal des océans pour Greenpeace Afrique, a déclaré au réseau de presse nigérian Channels Television : « C’est un effort que nous devons encourager ; mais ce n’est pas suffisant. Nous savons que les mesures à la base d’une période de repos biologique vont bien au-delà d’une simple suspension des activités pendant un mois. Ces mesures doivent être basées sur un repos biologique lié à la migration des espèces. »
La Global Initiative Against Transnational Organized Crime (Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale) publie un indice de pêche INN annuel depuis 2019. Cet indice, entre autres, hiérarchise les améliorations des pays dans la lutte contre la pêche INN. La Sierra Leone, le Cameroun et le Soudan font partie des pays dont les efforts anti-INN se sont améliorés entre 2019 et 2021.
Toutefois, la Sierra Leone a annoncé en 2021 un plan pour construire un port de pêche industriel de 55 millions de dollars sur 100 hectares de plage et de forêt humide protégée, ce qui a provoqué des objections de la part des pêcheurs et des conservationnistes.
Le projet de Black Johnson Beach soutenu par la Chine comporte une usine de transformation de poisson dans une zone touristique à 35 km au Sud de la capitale de Freetown. Il est situé en bordure d’une forêt humide vierge protégée qui abrite des chimpanzés et des espèces d’oiseaux protégées. Il est aussi en bordure du parc national de la Western Area Peninsula, où vivent des espèces menacées telles que les antilopes duikers et les pangolins.
Une lagune voisine est une zone de reproduction pour les poissons et les tortues, connectée à un fleuve pendant la saison des pluies, alors que les eaux de la baie des baleines regorgent de sardinelles, de sardines, de barracudas et de mérous.
Un article d’opinion publié dans le Sierra Leone Telegraph prédit que le projet menacera la sécurité alimentaire du pays, détruira les sites immaculés de reproduction des poissons et dévastera les moyens de subsistance des pêcheurs artisanaux.
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