À quoi ressemble l’avenir de l’AMISOM ?
PERSONNEL D’ADF
À peu près au moment où la Somalie a commencé à être tourmentée par une insurrection extrémiste islamiste, l’Union africaine y a établi une mission régionale de maintien de la paix.
La mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) créée en 2007 est chargée de soutenir le nouveau gouvernement, mettre en œuvre une stratégie nationale de sécurité et former les forces de sécurité somaliennes jusqu’à ce qu’elles puissent défendre le pays.
Quatorze ans plus tard, le groupe terroriste al-Shebab reste capable de lancer des attaques et se trouve fermement enraciné dans certaines régions du pays. Il est prévu que le mandat de l’AMISOM accordé par le Conseil de sécurité des Nations unies expire à la fin de l’année et il existe un manque complet de consensus sur le rôle ultérieur de la force de maintien de la paix.
L’AMISOM, qui comporte près de 20.000 soldats et près de 1.000 policiers, a une tâche diverse et difficile pour stabiliser la Somalie.
La force a eu des difficultés pour équilibrer la conduite des opérations anti-insurrectionnelles et le développement des capacités des forces de sécurité somaliennes, selon Paul D. Williams, directeur associé des études de politique de sécurité à l’école des affaires internationales Elliott de l’université George Washington.
« Il y a des limites à ce que l’on peut faire pour réaliser des objectifs politiques ou autres avec un instrument militaire très peu efficace, comme c’est essentiellement le cas avec l’AMISOM », a-t-il déclaré lors d’un panel de discussion appelé « L’avenir de l’AMISOM » organisé par le Centre pour les études stratégiques et internationales. « On peut le reconfigurer mais seulement dans certaines limites, étant donné la composition de la force. »
Le financement est un autre problème majeur car l’Union européenne a réduit son soutien de 20 % en 2016 et de 10 % par an depuis lors.
L’UA a effectué une évaluation indépendante de l’avenir de la mission en mai dernier et a présenté quatre options en octobre :
- Remplacer l’AMISOM par une mission de maintien de la paix ONU/UA hybride similaire à l’opération ONU/UA hybride qui a pris fin au Darfour (MINUAD). Ceci assurerait un financement et un soutien logistique de l’ONU.
- La remplacer par la Force est-africaine en attente, qui est similaire aux autres forces régionales du continent.
- Reconfigurer la force dirigée par l’UA en structure de soutien multidimensionnelle (non militaire) pour les forces de sécurité somaliennes.
- Mettre fin à la mission et transférer ses responsabilités aux forces somaliennes.
La Somalie a rejeté le rapport en déclarant qu’il n’offre pas de rôle central pour le gouvernement actuel ni de plan pour développer son armée.
À l’approche de 2022, les discussions continuent sans indication d’un accord à l’horizon.
Meressa K. Dessu, chercheur principal et coordinateur de la formation à l’Institute for Security Studies (Institut pour les études sur la sécurité), a écrit en octobre : « Bien que l’UA préfère une mission hybride, l’ONU souhaite une reconfiguration de l’AMISOM. Toutefois, aucune des deux options n’est soutenue par l’administration somalienne, qui veut que le soutien de l’UA soit limité à une assistance militaire pour combattre al-Shebab.
« Le gouvernement fédéral préfère un transfert progressif des responsabilités de sécurité aux forces de sécurité somaliennes, avec une prise en charge complète en 2023. »
Toute transition vers l’autosuffisance prendra du temps.
Saïd Samantar, directeur général du ministère de la Défense, a déclaré au journal The East African que le transfert par l’AMISOM « sera effectué graduellement en tenant compte du niveau de préparation des forces de sécurité somaliennes. … Nous échangerons peu à peu nos rôles avec nos frères et sœurs africains qui nous aident depuis plus de dix ans. »
Les militants d’al-Shebab liés à al-Qaïda continuent à contrôler de vastes régions rurales et lancent fréquemment des attaques meurtrières contre des cibles militaires et civiles.
La nécessité d’une présence continue pour l’AMISOM a aussi été soulignée cette année lorsqu’une dispute entre le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed et le Premier ministre Mohamed Hussein Roble a conduit à une effusion de sang et à plusieurs reports des élections.
Cet affrontement s’est produit après la fin supposée du mandat de quatre ans du président en février. En avril, il a essayé de prolonger son mandat de deux ans, ce qui a incité les soldats loyaux à chacun de saisir et de fortifier des sections de la capitale de Mogadiscio.
Al-Shebab, profitant du chaos, a attaqué à la bombe un autobus de voyageurs à Mogadiscio, en tuant au moins quinze civils, selon le gouvernement.
La confrontation a été résolue après plusieurs jours d’affrontements et de manifestations, lorsque le président, sous la pression des alliés internationaux, a chargé le Premier ministre d’organiser les élections tardives.
Avec plus d’un an de retard, les élections parlementaires ont commencé au début novembre et on anticipe qu’elles aboutiront à un vote présidentiel à la fin de l’année.
« Le temps presse et les élections somaliennes attendues depuis longtemps restent douteuses, écrit M. Dessu. L’UA, l’ONU et les partenaires internationaux doivent absolument donner priorité au vote. »
« L’AMISOM devrait maintenir sa structure existante et ses effectifs avec un mandat focalisé jusqu’à ce que les élections aient lieu et que l’instabilité politique soit résolue. »
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