Des groupes écologiques dirigent la lutte contre la pêche illégale
PERSONNEL D’ADF
Des organisations non gouvernementales et bénévoles telles que Sea Shepherd Global et Greenpeace jouent des rôles cruciaux dans la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (IUU) en Afrique et dans le monde entier.
La Chine, qui possède la plus grande flotte de pêche mondiale en eaux distantes, est le contrevenant le plus notoire de la pêche IUU. Elle soutient des vaisseaux de pêche qui volent la nourriture et les revenus des pays dont les forces de sécurité maritime sont insuffisantes.
En Afrique de l’Ouest, les chalutiers chinois ont décimé les stocks de poissons jusqu’au bord de l’extinction, mais de plus en plus de pays signent des accords avec Sea Shepherd, groupe d’action directe qui gère une flotte de navires pour aider les autorités locales à traquer et arrêter les chalutiers illégaux.
Le 12 décembre, Sea Shepherd a aidé les autorités béninoises à arrêter deux chalutiers chinois qui avaient encore leurs filets dans l’eau. Les chalutiers n’étaient pas autorisés à pêcher au Bénin et ont été surveillés par le radar de Sea Shepherd pendant plusieurs nuits alors qu’ils s’approchaient de la frontière entre le Bénin et le Togo.
Le capitaine de vaisseau Maxime Ahoyo, commissaire maritime du Bénin, a déclaré sur le site Web de Sea Shepherd : « L’élément de surprise était crucial pour le succès de la mission. En observant les deux navires pendant plusieurs jours, nous avons pu comprendre leur modus operandi et nous savions qu’ils essaieraient tôt ou tard de venir dans nos eaux territoriales pour braconner. C’est alors que nous les avons pris au piège. »
Sea Shepherd travaille aussi avec les gouvernements du Gabon, de la Gambie, du Liberia, de la Namibie, de Sao Tomé-et-Principe et de la Tanzanie. Depuis 2016, Sea Shepherd a aidé à arrêter 62 bateaux pour des crimes de pêche dans les eaux africaines. La plupart d’entre eux étaient chinois. Puisque Sea Shepherd bénéficie de donations, ce partenariat ne coûte rien aux pays africains.
Peter Hammarstedt, directeur des opérations de Sea Shepherd, déclare dans un e-mail envoyé à ADF : « Nous fournissons le navire civil qui patrouille au large des côtes, l’équipage et le combustible. Le gouvernement fournit les agents du maintien de l’ordre qui sont positionnés à bord du navire et les patrouilles sont dirigées par le gouvernement. »
Un partenariat est en général créé à la suite de contacts entre les pays et Sea Shepherd. Les parties signent un protocole d’accord qui engage le ministère de la Défense ou le ministère des Pêcheries du pays (parfois les deux).
Greenpeace, qui bénéficie aussi de donations, met en évidence depuis des années les tactiques illégales employées par la flotte de pêche en eaux distantes de la Chine en Afrique de l’Ouest et ailleurs, grâce à ses rapports d’investigation approfondis et ses campagnes de sensibilisation.
Lorsque la pandémie du Covid-19 faisait rage en octobre, Greenpeace publia un rapport exposant en détail comment les chalutiers étrangers continuaient à exploiter les eaux territoriales d’Afrique de l’Ouest pendant les confinements, ce qui réduisait les efforts de sécurité maritime.
Le groupe surveille constamment les chalutiers illégaux dans les eaux africaines. En 2015, il a identifié la China National Fisheries Corp. comme contrevenant de la pêche IUU au large des côtes de la Guinée, de la Guinée-Bissau et du Sénégal.
Les chalutiers chinois « ont utilisé à leur avantage la faiblesse de la mise en application des lois et de la supervision des autorités locales et chinoises, aux dépens des pêcheurs locaux et de l’environnement », déclare Rashid Kang, chef de la campagne océanique chinoise de Greenpeace-Asie de l’Est, selon un reportage de SeafoodSource.
Un rapport publié l’an dernier par le Centre pour la sécurité maritime internationale affirme que la façon la plus efficace pour que les gouvernements défendent leurs pêcheries et renforcent leurs capacités est d’obtenir l’aide des bénévoles et des ONG.
L’argent que les gouvernements peuvent économiser grâce à ces partenariats est crucial. Les économistes déclarent que la pêche IUU a fait perdre aux pays d’Afrique de l’Ouest plus de 300.000 emplois de pêche artisanale et environ 2,3 milliards de dollars de revenus entre 2010 et 2016, selon le journal Daily Observer du Liberia.
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