PERSONNEL D’ADF
Depuis le début de l’année, les scientifiques ont fait beaucoup de progrès pour comprendre comment le Covid-19 infecte les humains et comment enrayer sa propagation. Mais les chercheurs n’ont fait aucun progrès pour déterminer la source du virus ou comment il est passé pour la première fois des animaux aux humains.
En août dernier, plus de 7 mois après la première apparition du Covid-19 dans ce qu’on appelle un marché humide à Wuhan (Chine), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a envoyé une équipe de 2 personnes en Chine pour entreprendre une investigation sur l’origine du virus qui s’est propagé dans le monde entier. Mais il y a un lieu que l’équipe n’a pas visité : Wuhan.
Au lieu de ça, les enquêteurs, un épidémiologiste et un expert en santé des animaux, ont passé 2 des 3 semaines de leur séjour en Chine confinés en quarantaine dans un hôtel hors de la capitale. Ils ont communiqué à distance avec les investigateurs chinois de Wuhan, puis ils ont passé une semaine à Pékin pour travailler avec des officiels du gouvernement en vue de planifier une visite future d’une équipe internationale d’investigateurs. La Chine déclare qu’une telle visite devrait attendre la fin de la pandémie.
Cette proposition a incité Dave Sharm, membre du parlement australien, à questionner l’engagement de l’OMS envers sa mission, selon The Financial Times.
« La communauté internationale a raison de se préoccuper sérieusement de la rigueur et de l’indépendance de la réponse précoce de l’OMS à cette pandémie, et de son désir apparent de ne pas offenser la Chine, déclare M. Sharm. Si cette allégation est prouvée, ce serait un autre incident troublant selon lequel l’OMS, qui est chargée de protéger la santé publique du monde, aurait placé les sensibilités politiques d’un état membre au-dessus des intérêts mondiaux de santé publique dans les phases précoces cruciales de cette pandémie. Nous sommes tous affectés aujourd’hui par le coût immense d’une telle politique. »
La Chine a promis en début d’année de verser à l’OMS 2 milliards de dollars pour soutenir la recherche sur le Covid-19. Cette donation, et le soutien fervent que la Chine a fourni à la nomination du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, ancien ministre éthiopien de la santé, comme directeur général, a suscité des inquiétudes selon lesquelles l’agence de l’ONU serait compromise par sa relation avec la Chine. Au début de la pandémie, le Dr Tedros avait été sujet à des critiques pour son éloge des dirigeants chinois du fait de leur gestion de l’épidémie.
Lors de l’Assemblée mondiale de la santé en mai dernier, les États-Unis et 129 autres pays, sans désigner ouvertement la Chine, avaient demandé que l’OMS s’efforce « d’identifier la source zoonotique du virus et sa voie d’introduction auprès de la population humaine ». La Chine avait accepté à contrecœur de permettre aux chercheurs de visiter le pays.
Le Dr Mike Ryan, directeur exécutif des programmes d’urgence de l’OMS, a déclaré à des journalistes le 27 août que l’équipe de 2 personnes ne prévoyait pas de visiter Wuhan lors de son séjour de 3 semaines en Chine.
« L’objectif principal de la mission préparatoire était de travailler avec les scientifiques chinois pour définir les conditions générales d’une mission internationale, dont les membres auront une expertise multinationale et multidimensionnelle », déclare le Dr Ryan.
Il dit que les visites de suivi se concentreront sur la recherche épidémiologique du virus, avec des études additionnelles sur la façon dont il est passé des animaux aux humains.
Les responsables de l’OMS déclarent que la mission de suivi pourrait avoir lieu avant la fin de l’année. Les responsables chinois ont déclaré que ce suivi serait approprié uniquement après que la pandémie ait été contrôlée. Ils n’ont pas dit quel type d’accès sera fourni aux experts de l’OMS. La Chine a stipulé que l’OMS sera présente pour assister les chercheurs chinois, mais pas pour critiquer leurs travaux, selon le journal The Telegraph.
Les chercheurs qui étudient le virus qui cause le Covid-19 ont déclaré que ses gènes sont presque identiques à ceux d’un virus présent dans les chauves-souris fer à cheval originaires du Sud-Ouest de la Chine. Ces chercheurs pensent que le virus est passé des chauves-souris aux humains par l’intermédiaire d’un animal, comme le pangolin, peut-être dans l’environnement étroitement serré du marché humide de Wuhan.
Malgré ces facteurs, les autorités chinoises et les médias d’état continuent à suggérer que le virus aurait pu provenir d’un lieu autre que la Chine et être amené dans le pays.
Toutefois, jusqu’à présent le premier hôte humain de la maladie, appelé « patient zéro », reste un mystère.
Pour le moment, les responsables de l’OMS déclarent qu’ils ne prévoient pas de conduire dans d’autres pays le type d’investigation qu’ils projettent pour la Chine.
« Nous avons hâte d’avoir une équipe sur place », a déclaré le Dr Ryan lors d’un briefing quotidien le 27 août. « Et nous confirmons que nous nous attendons à ce que l’équipe internationale visite Wuhan et s’engage à soutenir et à collaborer avec nos collègues chinois sur les études nécessaires visant à comprendre les origines de ce virus. »