Des condamnations montrent que le Malawi « n’est plus un terrain de jeu » pour les trafiquants.
PERSONNEL D’ADF
Le Malawi, dans un acte important contre le braconnage de la faune sauvage, a récemment condamné des membres de l’organisation criminelle Lin-Zhang à un total collectif de 56,5 années de prison pour trafic de parties d’animaux sauvages.
Le tribunal a condamné en juillet dernier 9 membres de cette bande, 7 ressortissants chinois et 2 du Malawi, clôturant ainsi les poursuites intentées par les autorités de police du Malawi qui avaient duré plusieurs années. Ces 9 personnes font partie des 14 membres de l’organisation que la police malawienne avait arrêtés en mai 2019.
Lin-Zhang, considérée comme l’une des organisations de trafic de faune sauvage les plus prolifiques d’Afrique australe, est active au Malawi et dans les pays voisins depuis une dizaine d’années.
Les officiels avaient arrêté l’an dernier Lin Yunhua, chef de l’organisation, après l’avoir traqué pendant trois mois. Il est accusé de possession de cornes de rhinocéros, conspiration et blanchiment d’argent. Zhang Quinhua, son épouse, qui était l’une des personnes condamnées en juillet, a reçu une peine de 11 ans de prison. Li Hao Yuan, gendre de M. Lin, a reçu la même condamnation.
Les tribunaux ont condamné les autres membres de l’organisation Lin-Zhang à des peines allant de 1,5 à 7 ans de prison pour possession de parties d’animaux interdites telles que les dents d’hippopotame, les cornes de rhinocéros, les écailles de pangolin et l’ivoire.
Un grand nombre d’articles trafiqués pour lesquels les membres de cette bande ont été reconnus coupables, notamment les pangolins, les écailles de pangolin et les cornes de rhinocéros, sont utilisés couramment dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC). Ces articles ont été saisis par le gouvernement, qui a recommandé que les ressortissants chinois soient déportés après leur emprisonnement.
À la suite de cette condamnation, Brighton Kumchedwa, directeur des parcs nationaux et de la faune sauvage du Malawi, a remercié tous ceux qui avaient aidé à mener à bien ce procès historique.
« Le Malawi n’est plus un terrain de jeu pour les organisations criminelles comme Lin-Zhang qui exploitent notre héritage naturel, nuisent à notre économie, encouragent la corruption et posent un risque pour la sécurité nationale », a déclaré M. Kumchedwa sur son flux Twitter officiel.
Au Malawi, comme dans une grande partie de l’Afrique australe, le braconnage est un problème chronique qui est fréquemment lié directement à la MTC (dans le cas des cornes de rhinocéros ou des écailles de pangolin) ou aux membres de la société chinoise qui recherchent le prestige et souhaitent manger des plats d’animaux sauvages exotiques. Historiquement, les braconniers ciblaient les parcs nationaux situés le long de la frontière poreuse entre le Malawi et la Zambie, à cause de l’application peu rigoureuse de la loi et des condamnations légères.
Selon le Fonds international pour la protection des animaux, les braconniers sont à l’origine de la forte baisse de population des lions, des rhinocéros et des éléphants dans le parc national de Kasungu au Malawi. L’emplacement du parc à la frontière avec la Zambie permet aux braconniers d’échapper facilement à la police du Malawi en franchissant la frontière, selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).
Toutefois, cette situation commence à changer.
En 2015, l’IFAW a aidé le service des parcs nationaux et de la faune sauvage du Malawi à créer sa propre unité de renseignement et d’investigation pour affronter le trafic de faune sauvage. Plus tard, le Malawi a aussi créé une force opérationnelle nationale pour stopper le trafic des parties d’animaux. Parmi les quelque 200 braconniers arrêtés au cours des deux premières années d’activité de l’unité, 95 % ont été condamnés et un tiers ont été emprisonnés pendant au moins 3 ans, selon l’IFAW.
Le Malawi a conclu des accords avec le Mozambique, la Tanzanie et la Zambie pour combattre conjointement le braconnage.
« Cette condamnation était un procès jalon », déclare Peter Li, spécialiste de politique chinoise pour Humane Society International, à ADF. « L’application rigoureuse des lois pour tous les crimes liés à la faune sauvage donnera une crédibilité aux lois sur la protection de la faune sauvage. Il est à espérer que tous les autres pays du continent africain renforceront leurs actions de police et combattront le braconnage et le trafic sans hésitation. »
Le Malawi a arrêté 1.000 personnes soupçonnées de braconnage en 2019, y compris des membres de la bande Lin-Zhang. Ceci est une hausse comparé aux 600 arrestations de l’année précédente. Ce succès est dû aux initiatives menées par le gouvernement qui ont renforcé les lois anti-braconnage, mis l’accent sur l’interdiction basée sur les renseignements et resserré les relations inter-agences, déclare Dorothy Tembo, chef de programmes pour Lilongwe Wildlife Trust.
« Il y a seulement 5 ans, les criminels agissaient avec impunité et pouvaient s’attendre à des amendes de seulement 40 dollars en moyenne, sans risque d’emprisonnement », déclare Mme Tembo à ADF. « Cette affaire montre les dividendes obtenus par l’approche malawienne très progressive, axée sur les renseignements. Ils ont fini par démanteler ce que l’on pense être l’organisation de trafic de faune sauvage la plus prolifique de la région. »
Comments are closed.