PERSONNEL D’ADF
Lamin Sanyang en a assez.
Ce pêcheur professionnel gambien est frustré au point d’abandonner son métier à cause de l’interférence chinoise dans les eaux territoriales du pays. Il déclare que chaque fois que lui et son équipage lancent leurs filets, les chalutiers chinois les coupent en pêchant illégalement. Les autres équipages locaux déclarent que les chalutiers étrangers attaquent leur bateau lorsqu’ils vérifient leurs filets.
« Cela s’est produit plusieurs fois : nous [allons] pêcher et nous retournons les mains vides », déclare M. Sanyang au journal gambien The Voice.
La vendeuse de poisson Fatoumata Conteh déclare que les problèmes des chalutiers chinois ont empiré récemment, malgré le nouveau partenariat entre le gouvernement et Sea Shepherd Global, organisation internationale sans but lucratif, visant à éradiquer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (IUU).
« Nous faisons face à des problèmes sans limite, car [nous passons] six ou sept jours sans poissons », déclare Mme Conteh à The Voice.
La Gambie, qui est l’un des plus petits pays du continent et qui a des ressources naturelles limitées, dépend fortement de la mer pour fournir à son peuple une alimentation riche en protéines. Les eaux atlantiques de Gambie, qui jouxtent des plages argentées garnies de cocotiers, sont normalement riches en sardinelles et autres petits poissons. Des poissons plus gros tels que les vivaneaux et les barracudas étaient aussi abondants antérieurement.
La surexploitation maritime chinoise dans les zones réservées aux pêcheurs artisanaux nuit à l’environnement et à l’écologie marine du pays tout en privant les habitants locaux de nourriture et d’emploi. La subsistance de plus de 200.000 Gambiens dépend de la pêche locale.
Une grande partie du poisson attrapé dans les eaux de Gambie est aujourd’hui déchargée dans trois usines locales contrôlées par la Chine, qui fabriquent de la farine de poisson par séchage ou meulage du poisson ou des déchets de poisson. Elle est souvent vendue sous forme de poudre utilisée pour l’alimentation des poulets, des porcs et des poissons d’élevage. La pêche IUU aide à soutenir les usines chinoises.
Les Gambiens espéraient initialement que ces usines fourniraient des emplois, mais cet espoir s’est rapidement estompé. Les usines emploient seulement quelques douzaines d’employés et émettent une pollution nuisible.
Dans la petite municipalité côtière de Gunjur, les résidents déclarent que des carcasses de baleine, de tortue, de dauphin, d’anguille et de raie s’échouent sur le rivage depuis que l’usine de farine de poisson Golden Lead, contrôlée par la Chine, a ouvert ses portes en 2016. Un an après l’ouverture de l’usine, une lagune voisine a changé de couleur et ses oiseaux et poissons ont commencé à mourir, selon Quartz Africa.
L’eau s’est révélée avoir une concentration élevée en phosphates et les écologistes locaux ont accusé l’usine d’avoir jeté ses effluents dans l’océan. L’Agence nationale gambienne pour l’environnement a ordonné le retrait du tuyau d’effluents de l’usine, mais après une longue période d’inaction les résidents locaux et la police l’ont retiré eux-mêmes.
Deux mois plus tard, l’usine a installé un nouveau tuyau, juste au milieu de la plage de Gunjur. Un drapeau chinois a été hissé pendant l’installation.
« Lorsqu’ils ont placé un drapeau sur notre plage comme ça, nous l’avons vraiment pris pour une insulte », déclare un résident à Quartz Africa. « Bien que nous ne soyons pas contre les investissements dans la région, nous demandons que cela soit fait de façon responsable et qu’ils ne nuisent pas à notre peuple ou à l’environnement. »
Depuis l’établissement du partenariat entre le gouvernement gambien et Sea Shepherd en septembre 2019, au moins 15 personnes, dont beaucoup de Chinois, ont été arrêtées et accusées de pêche illégale. La pandémie du Covid-19 a temporairement forcé les équipes, y compris les agents du maintien de l’ordre de la Marine gambienne et du département gambien des Pêcheries, d’entrer en quarantaine, ce qui a permis aux chalutiers illicites de continuer leur exploitation.