PERSONNEL D’ADF
Un groupe divers de demandeurs nigérians a intenté des poursuites contre la Chine pour 200 milliards de dollars de dommages provoqués par la propagation du Covid-19, que l’on pense être originaire d’un marché humide chinois à la fin 2019. En date de la mi-juillet, la maladie a infecté près de 33.200 Nigérians et tué près de 750. Une crise financière s’est aussi enflammée.
Ce groupe, constitué en partie d’avocats, d’opérateurs de bureaux de change et de professionnels du tourisme, affirme que les responsables chinois ont omis de contenir le Covid-19 et d’informer l’Organisation mondiale de la santé des découvertes qu’ils avaient faites sur la maladie causée par un nouveau coronavirus (ce qui est une infraction au droit international), conduisant ainsi à une pandémie mondiale.
Les parties défenderesses incluent la République populaire de Chine, le Parti communiste chinois, l’Institut de virologie de Wuhan et le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies. Le procès a fait les manchettes avant même d’être intenté en juillet par une équipe de juristes confirmés du Nigeria dirigée par l’avocat Epiphany Azinge.
« En avril, nous avions évoqué notre intention de poursuive la Chine en justice », écrit M. Azinge dans un e-mail. « En mai, nous avons envoyé notre Notification de réclamation à la Chine. Le bureau présidentiel de Chine et l’ambassade de Chine à Abuja ont tous les deux refusé d’accepter la livraison de nos documents. Le lundi 6 juillet, nous avons déposé notre recours collectif auprès du Tribunal de grande instance du territoire de la capitale fédérale à Abuja. Depuis lors, l’affaire a été affectée à un tribunal. »
Shehu Bello, demandeur représentant les entrepreneurs de bureaux de change, déclare que le secteur a été entièrement mis à l’arrêt au Nigeria à cause de la pandémie.
« La plupart des agents de change ont perdu leurs capitaux à cause de la pandémie. Avec le relâchement des restrictions, ils constatent une forte volatilité du marché qui conduit à une baisse des investissements », a déclaré M. Bello au journal nigérian This Day.
Le groupe pourrait attendre longtemps avant de recevoir une réponse officielle à la plainte parce qu’il n’existe pas de mécanisme conforme au droit international qui pourrait forcer la Chine à comparaître devant un tribunal nigérian. Certains procès de ce type concernant les dommages subis par l’environnement à la suite de négligence ont été examinés par la Cour internationale de justice.
Les responsables chinois ont rejeté les demandes générales d’aide financière liées à leur gestion de la maladie et ont dénoncé le procès nigérian comme étant « miteux » et « frivole ».
- Azinge, l’avocat responsable des demandes juridiques au Nigeria, n’est pas dissuadé.
« Les actions en justice ne sont pas des affaires sentimentales qui permettent de faire des commentaires irresponsables, déclare-t-il à ADF. Seuls les tribunaux peuvent déterminer si une action est frivole ou non. Nous attendons la Chine devant les tribunaux. »
Le procès est introduit alors que les Nigérians craignent qu’une deuxième vague de Covid-19 ne déferle sur le pays. Les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies ont déclaré début juillet que le pays avait enregistré 60 % du nombre total de cas confirmés de Covid-19 au mois de juin, mois où le plus grand nombre de décès liés au virus avait été constaté.
Parmi les personnes décédées, on compte Isiaka Ajimobi, ancien gouverneur de l’État d’Oyo ; le sénateur Adebayo Osinowo qui représentait le district sénatorial de Lagos Est ; et Dan Foster, annonceur renommé.
La crise actuelle n’est pas la première pandémie mondiale provenant de la Chine.
Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) s’était manifesté fin 2002 dans la province chinoise du Guangdong. On pense que le SRAS, qui a causé la mort de moins de 800 personnes dans le monde, avait été transmis aux humains par des animaux d’un marché humide.
En 1997, la grippe aviaire s’est manifestée à Hong Kong et 6 personnes sont décédées cette année. Lorsque la maladie a refait surface en Asie du Sud-Est 6 ans plus tard, elle s’est propagée dans 15 pays et a tué près de 300 personnes.
La grippe de Hong Kong est apparue pour la première fois dans cette ville chinoise en 1968. Cette grippe, considérée comme la première pandémie moderne, s’est propagée finalement aux États-Unis et en Europe, en causant entre 1 et 4 millions de décès en date de 1970, selon les estimations des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies.
En 1957, la grippe asiatique a été découverte dans le Sud-Ouest de la Chine et a fini par se propager dans le monde entier, en causant 1,1 million de décès.
Depuis la découverte du Covid-19 à Wuhan (Chine) en novembre 2019, il s’est propagé aux quatre coins de monde et a infecté plus de 13 millions de personnes et tué près de 575.000, selon la Johns Hopkins University.
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