PERSONNEL D’ADF
La violence continue à tourmenter la province de l’Ituri au Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC) : une vague d’attaques meurtrières en juillet a été attribuée à la milice CODECO (Coopérative pour le développement du Congo).
Les forces armées congolaises (FARDC) ont lancé une offensive en janvier contre les milices de l’Ituri, dans le cadre d’une opération plus vaste qui avait commencé en octobre 2019. Depuis lors, les militants ont massacré des centaines de civils, souvent en commettant « ce qui pourrait être des crimes contre l’humanité », selon un rapport des Nations unies publié en mai dernier.
Des hommes armés ont attaqué deux véhicules dans le village de Matete le 4 juillet, selon un responsable local.
Parmi les 11 morts, on compte « l’administrateur territorial adjoint chargé de l’économie et des finances, 3 policiers et 4 soldats », a déclaré Adel Alingi Mokuba, administrateur du territoire de Djugu, à l’Agence France-Presse.
Cette attaque a été conduite un jour après l’arrivée d’une délégation de Kinshasa (capitale de la RDC) dans le territoire de Djugu pour préparer les négociations avec la CODECO.
« Alors que les négociations sont proches, la milice veut surenchérir pour exercer une pression sur le gouvernement central et les forces armées du pays, en multipliant les attaques », a déclaré Jean Bamanisa, gouverneur de l’Ituri, selon The EastAfrican. « Nous déplorons les attaques. »
4 jours plus tard, M. Bamanisa a accusé la CODECO d’avoir conduit une attaque avant l’aube qui avait ciblé et tué au moins 25 civils à Djugu. Le 10 juillet, les FARDC et la MONUSCO (force de maintien de la paix des Nations unies) ont signalé qu’elles avaient déjoué l’embuscade d’un convoi civil par la CODECO.
Selon les Nations unies, les attaques contre les civils se sont intensifiées depuis mars dernier près des sites miniers de la province de l’Ituri riche en minéraux, où des individus ou des opérations de petite échelle recherchent l’or, l’étain et les diamants.
Depuis des décennies, ce conflit régional frustre et déconcerte les chefs militaires, politiques et des droits humains. Beaucoup d’affrontements semblent être interethniques mais d’autres disputes sont liées à l’utilisation et la possession de la terre.
Depuis l’époque coloniale, deux groupes s’affrontent : les Lendu qui sont surtout des agriculteurs et les Hima minoritaires qui sont des commerçants et des bergers. Ces deux groupes ont mené un conflit violent de 1999 à 2003, dans lequel plus de 50.000 personnes ont trouvé la mort et plus de 500.000 ont été déplacées. La violence a éclaté à nouveau en 2017, lorsque des dizaines de milliers d’habitants se sont enfuis au pays voisin de l’Ouganda.
Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a visité en janvier dernier Bunia, capitale de la province de l’Ituri, et a parlé de « crimes contre l’humanité ». Elle a accusé la CODECO, qui recrute auprès de la tribu des Lendu, d’« une stratégie de massacre des résidents locaux, surtout les Hima mais aussi les Alur, depuis 2017 » pour contrôler les ressources de la région.
- Bamanisa dit que ces massacres sont un génocide.
« Il est estimé que plus de 4.000 personnes ont été brutalement massacrées depuis 2017 », a-t-il déclaré à Deutsche Welle. « Entre 1999 et 2003, des troupes internationales telles que les soldats de l’opération Artémis et ceux de la MONUSCO étaient présentes. À l’époque, des arrestations avaient été faites et avaient permis de mettre fin à ces crimes. »
« Nous avons besoin d’une solution qui résoudra ce problème à long terme et permettra une coexistence pacifique dans l’Ituri », a déclaré M. Bamanisa.
Félix Tshisekedi, président de la RDC, s’est engagé à assurer la paix dans la région.
Lors d’une allocution devant une grande foule à la fin d’une visite de 3 jours en juillet 2019, il a promis de rassembler toutes les ressources disponibles pour arrêter la violence.
« Nous devons tout faire pour assurer la paix dès que possible… afin de résoudre le problème continu de l’insécurité dans la région de l’Ituri, a-t-il déclaré. C’est pour cela que je suis ici. »
- Tshisekedi a promis que les forces armées maintiendraient une présence dans la région « jusqu’au jour où les coups de feu ne seront plus tirés ».