Africa Defense Forum

LE MAINTIEN DE LA PAIX EN AFRIQUE : UNE PERSPECTIVE

L’Afrique est en tête pour les missions et la participation

PERSONNEL D’ADF  

Les pays africains se distinguent dans les missions de maintien de la paix des Nations unies et de l’Union africaine sur le continent et dans le monde entier. Le continent accueille aussi la moitié — 7 sur 14 — de toutes les missions actives de l’ONU.

En mars 2018, on comptait 91.058 personnes participant à 14 missions de maintien de la paix et huit missions politiques spéciales. 10.679 d’entre elles étaient des officiers de police, 79.063 étaient des soldats ou des officiers d’état-major, et 1.316 étaient des experts militaires de l’ONU en mission (UNMEM).

Les pays du continent africain contribuent la majeure partie du personnel de sécurité pour les missions de maintien de la paix des Nations unies actives en Afrique et dans le monde entier. Considérez ces statistiques :

  • En date du 31 mars 2018, 38 pays africains sur 54, soit plus de 70 %, contribuaient des soldats, des policiers, des experts en mission et des officiers d’état-major à 14 missions de maintien de la paix et à certaines missions politiques plus limitées de l’ONU dans le monde entier.
  • Les contributions totales de personnel africain s’élèvent à 44.845, ce qui représente 49 % de l’ensemble du personnel de sécurité de maintien de la paix de l’ONU.
  • Dans le monde entier, les pays africains fournissent près de 48 % des 77.145 soldats participant à des missions de l’ONU et 64 % des policiers.
  • Les pays africains fournissent environ 33 % de tous les experts militaires en mission et 42 % des officiers d’état-major du monde entier.


DÉFINITIONS

Lorsqu’on considère le personnel de maintien de la paix, il est bon de connaître la fonction de chaque groupe. Le personnel de maintien de la paix des Nations unies peut être divisé en six catégories principales :

SOLDATS DE CONTINGENT 

Les états membres des Nations unies contribuent des unités militaires constituées qui correspondent à des formations telles que les compagnies, les brigades ou les bataillons. Chacune est un contingent.

EXPERTS MILITAIRES EN MISSION

Ils comprennent les observateurs, les officiers de liaison et les conseillers. Ces postes sont typiquement à temps partiel et leurs fonctions sont quasi-diplomatiques.

POLICE

La police de l’ONU développe et soutient les services de police de l’état hôte, ou dans certains cas elle se substitue à eux, pour prévenir et détecter les crimes, protéger la vie et la propriété, et préserver l’ordre public et la sécurité.

OFFICIERS D’ÉTAT-MAJOR

Ces officiers rédigent les ordres militaires ; les rapports de situation ; la correspondance ; les procédures de planification ; et les procédures, règles et réglementation de l’ONU.

CIVILS

Les civils défendent et protègent les droits humains, renforcent l’état de droit, encouragent les processus politiques et de réconciliation, encouragent la sensibilisation aux mines et servent de responsables de l’information publique. Ils soutiennent aussi le financement, la logistique, la technologie des communications, les ressources humaines et l’administration.

VOLONTAIRES DE L’ONU

Ils fournissent une expertise administrative, logistique, technique et médicale à diverses missions pour aider les processus de paix, les efforts humanitaires, les élections et les besoins de santé d’urgence, entre autres choses.


MONUSCO

Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo

Cette mission est née des événements qui ont suivi le génocide du Rwanda dans les années 1990, lorsque les Hutus du Rwanda ont envahi l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), suscitant finalement une rébellion qui a pris le contrôle du pays des mains du président Mobutu Sese Seko. Peu de temps après, une rébellion soutenue par le Rwanda et l’Ouganda éclata dans les régions de Kivu, aboutissant à la création de la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC) en 1999 pour superviser un cessez-le-feu. La MONUC est restée en place après les élections de 2006 et fut rebaptisée MONUSCO le 1er juillet 2010. L’objet de la MONUSCO est de protéger les civils et de renforcer la paix en RDC. Selon l’ONU, la mission a été autorisée à utiliser « tous les moyens nécessaires » pour protéger les civils, le personnel humanitaire et les défenseurs des droits humains qui sont « sujets à des menaces imminentes de violence physique » et à soutenir le gouvernement de la RDC alors qu’il stabilise et renforce la paix.

Un gardien de la paix de la MONUSCO parle aux déplacés internes dans un camp près de Kalemie en RDC. MONUSCO

TOTAL DES EFFECTIFS DÉPLOYÉS EN DATE DE MARS 2018 ; DONNÉES CIVILES EN DATE D’AOÛT 2017 ; DONNÉES DES VOLONTAIRES DE L’ONU EN DATE DE JANVIER 2018


MINUSMA

Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali

Début 2012, un mouvement touareg aligné avec des groupes extrémistes islamistes armés attaque les forces du gouvernement dans le Nord du Mali. Peu après, un coup d’état militaire accélère l’effondrement, ce qui permet aux rebelles de capturer les villes de Gao, Kidal et Tombouctou et de proclamer un état indépendant. La communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest forme fin 2012 la Mission internationale de soutien au Mali (AFISMA) dirigée par des Africains, laquelle cède le pas à la MINUSMA plusieurs mois après. La MINUSMA est établie le 25 avril 2013 pour aider les autorités de transition à stabiliser le pays. La mission assure aussi la sécurité, protège les civils, soutient le dialogue politique national et la réconciliation, aide à restaurer l’autorité de l’état, reconstruit le secteur de la sécurité et défend et protège les droits humains au Mali.

Un gardien de la paix de la MINUSMA joue avec un jeune garçon lors d’une patrouille à Bara, village situé à 85 kilomètres de Gao au Nord du Mali. HARANDANE DICKO/UNITED NATIONS

MINUSCA

Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine

En décembre 2012, les rebelles de la Séléka, à majorité musulmane, lancent des attaques et s’emparent finalement de la capitale de Bangui, forçant le président François Bozizé à s’enfuir. Le conflit prend une connotation sectaire lorsque les anti-balaka, de majorité chrétienne, affrontent les Musulmans à Bangui et ses alentours. La protection des civils est la première priorité de la MINUSCA. Elle soutient aussi le processus de transition du gouvernement ; crée un espace pour l’assistance humanitaire ; défend et protège les droits humains ; soutient la justice et l’état de droit ; et encourage le désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement. La MINUSCA incorpore le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine. En septembre 2014, la Mission internationale de soutien à la République centrafricaine, dirigée par des Africains, transfère son autorité à la MINUSCA.

Des gardiens de la paix de la MINUSCA escortent 100 étudiants à leur lieu d’examen à Bangui en République centrafricaine. MINUSCA


UNAMID

Opération hybride de l’Union africaine et des Nations unies au Darfour

L’UNAMID est établie le 31 juillet 2007 et chargée de protéger les civils et d’assurer la sécurité de la fourniture de l’aide humanitaire. Elle remplace la mission précédente, appelée Mission de l’Union africaine au Soudan, et s’en distingue par le fait qu’elle représente un effort conjoint de l’ONU et de l’UA. Les droits territoriaux et de pâture avaient conduit à des années de tension au Darfour. En 2003, deux groupes rebelles, l’Armée de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité, attaquent des cibles gouvernementales, en accusant Khartoum de favoriser les Arabes aux dépens des Noirs. Les forces militaires soudanaises et les milices appelées Janjawids, ce qui signifie « les diables à cheval », tuent et chassent les civils du Darfour. Des centaines de milliers meurent et des millions sont déplacés. La mission surveille aussi les frontières avec le Tchad et la République centrafricaine.

L’UNAMID et le gouvernement du Soudan ont signé un protocole d’accord le 28 janvier 2018 pour que la mission ouvre une base opérationnelle provisoire à Golo. KONE MOUROULAYE/UNAMID

TOTAL DES EFFECTIFS DÉPLOYÉS EN DATE DE MARS 2018 ; DONNÉES CIVILES EN DATE D’AOÛT 2017 ; DONNÉES DES VOLONTAIRES DE L’ONU EN DATE DE JANVIER 2018


UNMISS

Mission des Nations unies au Soudan du Sud

Après l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU détermine que la situation y est telle que la paix et la sécurité régionales continuent à être menacées. L’UNMISS est chargée de consolider la paix et la sécurité et d’aider à établir des conditions de développement. Après l’éclatement d’une crise en décembre 2013, le Conseil de sécurité modifie les priorités du mandat de l’UNMISS pour qu’elle protège les civils, surveille les droits humains et soutienne la fourniture de l’assistance humanitaire et la mise en œuvre de l’Accord sur la cessation des hostilités.

Des gardiens de la paix de l’UNMISS rencontrent des femmes et des enfants lors d’une patrouille près de Bentiu au Soudan du Sud. REUTERS


UNISFA

Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abiyé

L’UNISFA est établie en juin 2011 en réponse à la violence, à l’escalade des tensions et au déplacement de la population dans la région riche en pétrole d’Abiyé, petite zone frontalière contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud. Lorsque le Soudan du Sud avait obtenu son indépendance, les gouvernements de Juba et de Khartoum n’avaient pas résolu la situation d’Abiyé. Elle est revendiquée par les Angok-Dinka qui y élèvent leurs animaux. La tribu arabe des Misseriya, qui est originaire du Nord et se rend à Abiyé chaque année à la recherche de l’eau et des pâturages pour son bétail, la revendique aussi. L’opération surveille la frontière et aide à protéger les fournitures d’aide humanitaire. Elle peut utiliser la force pour protéger les civils et le personnel humanitaire. L’UNISFA a été créée après l’accord entre le Soudan et le Mouvement de libération du peuple soudanais visant à
démilitariser Abiyé et à permettre aux troupes éthiopiennes de surveiller la région.

Un officier de police des Nations unies originaire du Zimbabwe parle à des civils dans la région d’Abiyé. UNISFA


MINURSO

Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental

La MINURSO est établie en avril 1991 conformément à des propositions de règlement acceptées en août 1988 par le Maroc et le Frente Popular para la Liberación de Saguia el-Hamra y de Río de Oro (Frente POLISARIO). Ce plan prévoit une période de transition au cours de laquelle un référendum serait organisé, pour fournir au peuple du Sahara occidental le choix entre l’indépendance et l’intégration au Maroc. En 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé aux parties d’œuvrer en vue de négociations plus substantielles.

TOTAL DES EFFECTIFS DÉPLOYÉS EN DATE DE MARS 2018 ; DONNÉES CIVILES EN DATE D’AOÛT 2017 ; DONNÉES DES VOLONTAIRES DE L’ONU EN DATE DE JANVIER 2018


AMISOM

Mission de l’Union africaine en Somalie

L’AMISOM est lancée en Somalie en 2007 pour protéger un gouvernement de transition né du chaos qui avait bouleversé le pays depuis les années 1990. La mission de l’UA, approuvée par l’ONU, commence avec des troupes de l’Ouganda, bientôt renforcées pour inclure plus de 22.000 soldats provenant du Burundi, de Djibouti, d’Éthiopie, du Kenya, de la Sierra Leone et de l’Ouganda. La Sierra Leone retire plus tard ses soldats.

Les pays contributeurs de policiers ont changé au cours des années. Les contributeurs récents sont le Ghana, le Kenya, la Sierra Leone, l’Ouganda et la Zambie.

La résolution 2372 du Conseil de sécurité de l’ONU précise que le nombre maximum d’effectifs sera réduit à 21.626 au début 2018. Le personnel en uniforme doit être réduit à 20.626 dès le 30 octobre 2018. Le rythme pourrait s’accélérer en fonction de la capacité des forces de sécurité somaliennes.

L’AMISOM a pour objet d’assurer la sécurité et de réduire la menace du groupe d’insurgés al-Shebab. L’objectif consiste à encadrer les forces de sécurité et les officiers de police somaliens et finalement de transférer les fonctions de sécurité à ces forces. Cette mission est dangereuse parce que les soldats sont souvent directement engagés contre les militants d’al-Shebab. Toutefois, le nombre exact de tués n’est pas disponible car les pays contributeurs ne publient pas ces chiffres.

Des soldats de Djibouti participant à l’AMISOM sauvent des victimes de l’inondation à Beledweyne en Somalie, en avril 2018. AMISOM

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