Le Malawi montre la voie avec l’académie des sergents majors
PERSONNEL D’ADF
Les Forces de défense du Malawi (MDF) ont ajouté une nouvelle dimension à l’éducation et à la formation des sous-officiers après avoir constaté l’existence d’une lacune dans le développement du leadership et l’éducation militaire professionnelle entre les sous-officiers de haut rang et les officiers.
Avec l’aide des États-Unis, les MDF ont créé leur Académie des sergents majors en 2014 sous les auspices du Collège des Forces armées du Malawi (MAFCO) à Salima, déclare le brigadier-général Swithun Mchungula, commandant du collège.
« L’académie des sous-officiers était nécessaire parce qu’elle prépare et améliore le rôle de leadership des sous-officiers dans les opérations interarmées et les opérations multinationales, ainsi que la capacité de travailler ensemble à plusieurs niveaux entre la brigade et le corps, déclare le général Mchungula à ADF. Elle prépare les sous-officiers à penser au-delà du niveau tactique… à penser aux niveaux opérationnel et stratégique. »
Au Malawi, le rôle des sous-officiers s’est borné à conseiller les supérieurs hiérarchiques immédiats et à former les soldats avec les armes, l’entraînement et les techniques de campagne. « Leur rôle était plutôt confiné à des tâches courantes, déclare le général Mchungula. Ils n’étaient jamais exposés à ce que j’appellerais le raisonnement orienté vers le commandement de la mission. On leur disait quoi faire et comment le faire, on les nourrissait plus ou moins à la petite cuillère. Il est maintenant requis de dire ce qu’il faut faire au sous-officier moderne, mais il doit être professionnellement compétent pour savoir comment le faire. Ses responsabilités augmentent et on s’attend à ce qu’il sache ce que fait l’officier. »
L’académie a aidé à améliorer la confiance entre les officiers et les sous-officiers. « Avant l’ouverture de l’académie des sous-officiers, je crois qu’un point faible était le fait que le corps des officiers continuait à être formé, mais le corps des sous-officiers n’était pas formé, déclare le général Mchungula. Ainsi, le leadership n’était pas partagé parce qu’on ne faisait pas confiance aux sous-officiers, parce que les officiers pensaient que les sous-officiers ne pouvaient pas faire preuve de réflexion critique. Ils pensaient aussi que les sous-officiers ne pouvaient pas commander efficacement. »
Le personnel de l’état-major unifié des États-Unis pour l’Afrique est venu au collège en 2014 pour introduire et enseigner le cours pour les sergents majors, qui constitue aujourd’hui la charpente de l’instruction des sous-officiers au Malawi. La première classe avait 30 sous-officiers du Malawi, y compris le lieutenant Linda Chikondi, adjudante 2, lorsque les classes commencèrent. Elle finit en tête de sa classe, fut immédiatement promue au grade d’adjudante 1 et fut choisie comme l’une des sept sous-officiers qui enseigneraient le cours aux autres. Plus tard, elle devint lieutenant et coordinatrice de cours jusqu’en juin 2017, lorsqu’elle fut envoyée au quartier général des MDF.
Le cours traite d’une vaste gamme de sujets, notamment la gestion du stress, le commandement des missions, le leadership, les concepts militaires intégrés, les méthodes de recherche, la technologie de l’information, les aptitudes de communication et le droit humanitaire international.
Le lieutenant Chikondi déclare à ADF que le cours donne aux participants des aptitudes de réflexion critique et aide les sous-officiers à développer leur « courage moral » pour engager effectivement les officiers. Souvent, lorsque de jeunes officiers commencent leur service, ils sont entourés de sous-officiers qui ont de nombreuses années d’expérience. Le cours aide les sous-officiers à se sentir à l’aise lorsqu’ils donnent des conseils aux officiers.
Le lieutenant Chikondi déclare que les informations du cours de sergent-major ont été utilisées pour renforcer d’autres cours pour sous-officiers enseignés à MAFCO. Par exemple, une classe concernant le counseling et la prévention du suicide a été ajoutée à un cours de sergent de peloton et un cours de commandant de section.
En date du printemps 2018, le cours de sergent-major avait été offert sept fois à plus de 200 étudiants. Parmi les étudiants, on compte le personnel en visite provenant des pays suivants : Kenya, Lesotho, Mozambique, Namibie, Nigeria, Rwanda, Swaziland, Tanzanie, Ouganda, Zambie et Zimbabwe.
Le général Mchungula déclare que les demandes de participation au cours par les autres pays du continent ont augmenté régulièrement. Puisque l’académie ne possède pas de bâtiment ou de campus, elle doit programmer ses classes en évitant les conflits avec les autres cours du collège. Malgré ces défis, le général Mchungula espère avoir une académie de sous-officiers indépendante qui pourra contribuer au développement du leadership africain.
« Comme nous le disons toujours dans l’armée, les sous-officiers sont la charpente de l’armée, déclare-t-il. Chez MAFCO, nous pensons que la meilleure façon de renforcer cette charpente est de leur fournir un enseignement de haut niveau, de développer leur raisonnement du niveau tactique au niveau stratégique. Nous devons nous souvenir que les sous-officiers qui comprennent leur rôle au sein du commandement sont capables de contribuer à l’efficacité du commandement. Les sous-officiers ont la tâche principale de former et de prendre soin de leurs soldats, et cela peut être réalisé si nous avons des sous-officiers professionnels bien formés. »
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