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LES DERNIERS RÉSIDENTS S’ACCROCHENT AUX MAISONS SOUTERRAINES DE TUNISIE

REUTERS

Dans la région du djebel Dahar au Sud de la Tunisie, les gens vivent depuis des siècles dans des maisons souterraines munies d’un coffrage en terre qui assure la protection contre la chaleur torride de l’été et les vents de l’hiver.

À cause de l’exode rural, moins de gens vivent dans ces maisons dont les salles sont taillées dans les murs d’une cour circulaire excavée. Les quelques familles qui restent disent qu’elles sont attachées à ces maisons et à la terre ou qu’elles ne voient pas comment déménager.

« Mon père est mort, ma mère est morte, les filles se sont mariées et je suis restée seule. Elles sont toutes parties pour aller vivre leur vie », déclare Latifa Ben Yahia, âgée de 38 ans, qui vit dans une maison de cinq pièces dans le village de Tijma. « Si je m’en vais, la maison disparaîtra. »

Les maisons se concentrent autour de Matmata, à 365 kilomètres au Sud de Tunis. Beaucoup de résidents quittèrent ces maisons lorsque de nouvelles villes et de nouveaux villages furent construits dans les années 60 et 70 dans le cadre du programme de modernisation du président Habib Bourguiba.

La sècheresse et les pluies fortes, qui peuvent causer l’effondrement des maisons, ont aussi incité les gens à partir. Certains construisirent des maisons modernes sur des terrains adjacents et utilisèrent les maisons traditionnelles comme des étables ou des ateliers.

Les résidents vivent essentiellement de la culture des olives et du tourisme. Saliha Mohamedi, 36 ans, vit dans une maison avec son mari et ses quatre enfants. Elle permet aux touristes de visiter en échange de pourboires. « Si j’avais une autre maison, je la donnerai à [mes enfants]. C’est ici que nous avons passé notre vie », déclare-t-elle.

Hedi Ali Kayel, 65 ans, qui gère une petite boutique dans le village de Haddej, est l’une des dernières personnes de la région qui savent comment construire et maintenir les maisons. La dernière fois qu’il a creusé une maison, c’était dans les années 70.

Maintenant, il mène un combat solitaire pour sauver celles qui existent encore. « Chaque fois qu’il pleut, je viens les réparer, déclare-t-il. Je ne les laisse pas disparaître. »

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