VOICE OF AMERICA
Lorsque les agriculteurs du Nord du Burkina Faso parlent de la direction du vent, ils se réfèrent à la direction vers laquelle il souffle. Toutefois, l’agence météorologique du Burkina Faso classe les vents selon leur direction d’origine. Cela signifie que lorsque les prévisionnistes de l’état avertissent de la présence d’un vent d’ouest fort, les agriculteurs constatent les rafales du vent d’est, ce qui détruit leur confiance dans les prévisions.
Un nouveau guide vise à résoudre ce problème, et à aider les agriculteurs à mieux se protéger du changement climatique, en traduisant les mots français et anglais utilisés couramment dans les prévisions météo, non seulement dans les langues locales du Nord du Burkina Faso, mais aussi dans sa culture.
Par exemple, le guide traduit le mot français ou anglais « éclipse » (disparition totale ou partielle du soleil ou de la lune) par l’expression beaucoup plus colorée que les agriculteurs burkinabés utilisent pour ce phénomène, déclare Malick Victor, journaliste du Tchad qui a dirigé le développement du guide de traduction.
« Si je veux annoncer une éclipse sur la radio locale, je dois déclarer : “demain, selon les prévisions météorologiques, le chat attrapera la lune ou le soleil”, déclare M. Victor. Le langage utilisé actuellement est très technique ; il n’est pas conçu pour les agriculteurs. Mais si nous parlons aux agriculteurs de façon qu’ils comprennent, cela leur sera utile. »
Le guide de M. Victor est un dictionnaire de plus de 500 expressions météorologiques françaises et anglaises avec leurs traductions équivalentes en moré, en peul et en gourmantché, les trois langues les plus utilisées du Nord du Burkina Faso. Il a été créé dans le cadre du programme Building Resilience and Adaptation to Climate Extremes and Disasters [Développement de la résilience et de l’adaptation aux conditions climatiques extrêmes et aux catastrophes].
Ce programme de trois ans vise à fournir à certaines personnes parmi les plus vulnérables du monde sur le plan climatique, dans les pays depuis la Birmanie jusqu’au Soudan du Sud, les outils dont elles ont besoin pour se préparer aux conditions météorologiques plus extrêmes et affronter les chocs climatiques plus fréquents sans devenir plus pauvres.
M. Victor a commencé le guide en 2016 après avoir constaté que les efforts visant à fournir de meilleures prédictions saisonnières aux agriculteurs à l’aide d’émissions radio ne fonctionnaient pas efficacement, en grande partie à cause des problèmes de traduction. Au Burkina Faso par exemple, les agriculteurs utilisent peu les expressions telles que l’hiver et l’été ; ils divisent plutôt l’année en périodes différentes de pluie et de vent, telles que la saison de l’harmattan (vent chaud saharien) ou la période de la mousson.
Les efforts de diffusion des prévisions concernant les hautes températures n’ont pas non plus beaucoup de sens pour les agriculteurs ruraux isolés qui n’ont pas d’indicateur de température, déclare M. Victor.
« Mais si vous déclarez que vous pouvez sortir pendant la journée avec vos animaux, cela peut aider », déclare-t-il.
Le gouvernement du Burkina Faso, qui a encouragé le projet, indique qu’il a l’intention de réimprimer et de distribuer universellement le nouveau guide. Il espère élargir les efforts de traduction à d’autres langues parmi les 60 du pays.