Africa Defense Forum

LE CINÉMA AFRICAIN EST DE RETOUR

VOICE OF AMERICA

La 25ème édition du plus grand festival du film africain, FESPACO, a été célébrée en 2017, principalement au Ciné Burkina, lieu vénérable et traditionnel au cœur de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Il fut un temps où la ville avait au moins neuf salles de cinéma ; aujourd’hui, il n’en reste plus que deux.

C’est une histoire qui se répète partout dans le continent. Au Sénégal, ne cherchez plus le Cinéma de Paris, l’ancien temple du film situé Place de l’Indépendance au centre-ville de Dakar : il a disparu. Démoli en 2011, il a été remplacé par des hôtels et des bureaux.

Et à Yaoundé, capitale du Cameroun, il n’y a tout simplement pas de salle de cinéma.

« Zéro, explique le journaliste culturel Parfait Tabapsi. À Yaoundé, il y a 3 millions (d’habitants), mais pas un seul cinéma qui fonctionne. »

L’arrivée des DVD et le fait que les grands cinémas n’ont pas opté pour le numérique sont à l’origine de cette disparition en Afrique occidentale. Les gens ont désormais accès aux derniers succès hollywoodiens – souvent piratés – pour une bouchée de pain, sur les télévisions de salles de visionnage du quartier. Mais si vous cherchez des films africains, en dehors de quelques succès de Nollywood, vous resterez sur votre faim.

M. Tabapsi a décidé de changer la donne au Cameroun grâce à son travail au sein de l’organisation Mobile Digital Cinema (cinéma numérique mobile).

« Notre objectif consiste à amener les films là où ils n’arriveront pas autrement, déclare-t-il. Car il n’existe aucun moyen de communication, il n’y a pas d’électricité, les routes sont mauvaises. Mais les gens doivent voir les artistes et les metteurs en scène qui racontent l’histoire de l’Afrique. Ainsi nous achetons les droits cinématographiques et nous projetons les films gratuitement. »

Résultat un peu tardif : le cinéma à l’ancienne revient au goût du jour.

Le réalisateur tchadien primé Mahamat-Saleh Haroun a réussi à lui-seul à relancer Le Normandie dans la capitale, N’Djaména. Et au Burkina Faso un autre cinéma mythique, le Guimbi, est en cours de reconstruction dans la deuxième ville du pays, Bobo Dioulasso. Les travaux ont débuté mi-2015 à l’initiative de réalisateurs locaux et avec le soutien de leurs amis en Belgique et en France. Une salle ouvrira ses portes cette année, et le complexe sera complété courant 2018.

Enfin à Ouagadougou, le FESPACO de cette année a coïncidé avec l’ouverture d’une nouvelle salle de cinéma de 300 places alimentée par des panneaux solaires, le Canal Olympia Yennenga, projet d’un budget de 3,2 millions de dollars.

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