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HABIB BOURGUIBA « COMBATTANT SUPRÊME » DE LA TUNISIE

PERSONNEL D’ADF

Habib Bourguiba était le premier président de la Tunisie et reste une figure prédominante dans l’histoire du pays. Mais comme tant de grands chefs dans l’histoire du monde, le souhait de M. Bourguiba de rester en fonction conduisit à sa chute.

Portant son fez rouge si caractéristique, il était un homme politique flamboyant et rusé qui choisit de damer le pion à ses adversaires et ses critiques, plutôt que de les harceler. Il s’est avéré être singulièrement adapté à la politique tunisienne de son époque.

M. Bourguiba, fils d’un fonctionnaire et le plus jeune de huit enfants, est né en 1903. Lorsqu’il est jeune adulte, l’un de ses frères l’aide à se rendre en France en 1924 pour étudier le droit.

En France, il rencontre son épouse, acquiert une appréciation pour le théâtre et la littérature française, et une passion pour la politique. De retour en Tunisie, il fonde le parti national Néo-Destour en 1934. En tant que partisan vocal et hautement visible de l’indépendance vis-à-vis de la France, il est emprisonné fréquemment et passe 12 ans derrière les barreaux. Malgré son mauvais traitement par les Français, il a toujours affirmé qu’il les admirait.

La Tunisie devient en 1956 un pays indépendant, le sixième d’Afrique à l’époque. Le gouverneur, ou bey, de Tunis, est le chef de l’État ; M. Bourguiba est le premier ministre. Un an plus tard, M. Bourguiba devient le premier président du pays.

Le « Combattant suprême », comme il encourage les gens à l’appeler, est initialement considéré comme un bon leader, dans le pays aussi bien que dans le monde. Il améliore fortement le revenu par tête du pays. Il est champion des droits de la femme, interdisant la polygamie et permettant aux femmes d’intenter des actions en divorce. Il aide à accroître le taux national d’alphabétisation.

Au-delà des frontières de la Tunisie, il est la voix de la raison et de la tempérance, respecté dans l’ensemble du monde musulman. Il prône de bonnes relations avec l’Occident.

Au cours du temps, sa présidence finit par manquer des subtilités qui avaient défini le début de sa carrière. Il devient plus dictateur que leader démocratique. Il commence à être obsédé par son héritage. Le 3 août, date de son anniversaire, est déclaré fête nationale. Les rues et les institutions sont rebaptisées en son honneur. En 1975, il est déclaré président à vie.

Vers le milieu des années 80, son économie a des ratés. Il y a des émeutes concernant la disponibilité et le coût de la nourriture. Les jeunes Tunisiens ne peuvent pas trouver d’emploi. Le Fonds monétaire international doit sauver le pays d’une crise financière en 1986.

En 1987, le Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali saisit le pouvoir en déclarant que M. Bourguiba, alors âgé de 84 ans, est sénile. Pendant les 13 années qui suivent et jusqu’à sa mort, il est assigné à résidence et des limites sont placées sur ceux qui peuvent lui rendre visite. Il est décédé en 2000.

Alors que la Tunisie émerge du Printemps arabe et recherche sa voix vers la paix et la prospérité, un intérêt réapparaît pour l’histoire du pays, notamment les années Bourguiba. En 2016, une grande statue de l’ancien président à cheval, qui avait été retirée en 1987, retourne dans un lieu central de Tunis.

Un porte-parole pour le président tunisien Béji Caïd Essebsi déclare qu’il était logique que la statue revienne à sa « place naturelle », l’avenue Bourguiba, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance tunisienne.

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