REPORTAGE ET PHOTO PAR NGALA KILLIAN CHIMTOM/INTER PRESS SERVICE
Le Cameroun tend la main aux enfants de la tribu baka en tentant de les convaincre de poursuivre leurs études sans oublier leurs traditions tribales.
Presque tous les enfants bakas qui s’inscrivent à l’école primaire abandonnent leurs études avant d’atteindre le niveau secondaire. Un certain nombre de facteurs contribuent à l’éducation inadéquate des Baka, y compris la pauvreté, la discrimination et une politique de l’éducation mal adaptée.
Parmi les 30 enfants bakas qui avaient été initialement inscrits dans une école en 2014, un seul y reste aujourd’hui. Les autres ont tous renoncé pour rejoindre leurs parents dans leur rôle baka traditionnel de chasseur-cueilleur.
David Angoula, père baka dont les deux fils ont quitté l’école pour poursuivre ce rôle traditionnel, note que les pygmées bakas apprennent d’importantes leçons dans la forêt, dans le cadre d’une tradition transmise par leurs ancêtres. « Nous allons dans la forêt pour chercher de la nourriture », déclare M. Angoula. « Nos parents nous ont laissé une école dans la forêt, et c’est cette école que les parents doivent montrer à leurs enfants pour qu’ils n’oublient pas la culture de leurs ancêtres. Ce qui est important pour les Baka est le présent. Le passé et le futur n’ont pas d’importance. »
Il y a près de 30.000 chasseurs-cueilleurs bakas qui vivent dans les forêts denses du sud-est du pays. Ils vivent de fruits sauvages, de miel, de tubercules et de gibier.
« La forêt est notre foyer », explique Dominique Ngola, âgée de 58 ans, de la communauté de Salapoumbé dans la région est du Cameroun. « Elle nous fournit tout ce dont nous avons besoin : l’air sain que nous respirons, la nourriture que nous mangeons et les plantes médicinales qui assurent notre santé. C’est notre pharmacie. »
Mais les Baka savent que, pour survivre dans un monde rapidement changeant, ils doivent se familiariser avec l’éducation moderne. Le fait de maintenir des enfants à l’école représente un énorme défi pour des personnes qui pourvoient seules à leur nourriture et à leurs remèdes.
« Nous avons reçu de nombreuses propositions provenant de plusieurs acteurs différents : ministères de l’état, organismes, les Baka eux-mêmes, et parmi ces recommandations, la toute première est d’utiliser la langue baka à l’école », déclare la conseillère en éducation Sarah Tucker. Pour le moment, la plupart des cours sont en français.
« Il existe une abondance d’articles et d’informations qui confirment que la meilleure façon d’apprendre consiste d’abord à enseigner dans la langue locale des élèves », déclare-t-elle. « Ensuite, il faut adapter le calendrier scolaire au calendrier traditionnel baka, ce qui veut dire, par exemple, qu’il ne faudrait pas faire de cours en janvier ou en décembre, période pendant laquelle les élèves vont avec leurs parents passer plusieurs semaines dans la forêt. »
Elle précise que l’enseignement destiné aux enfants bakas doit inclure davantage de jeux, d’activités et de leçons pratiques, « parce que c’est ce que les élèves bakas préfèrent. »
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