AGENCE FRANCE-PRESSE
Les termites avaient commencé à grignoter les boîtes couvertes de poussière qui contenaient le travail de toute une vie du photographe Cosme Dossa, dans sa maison familiale à Porto-Novo, capitale du Bénin. Malgré cela, les 15.000 négatifs découverts à l’intérieur étaient bien conservés dans leurs étuis de protection.
À la grande joie de la famille du photographe, les boîtes contenaient un trésor : plus de 600 photos de mariages, d’enterrements, de remises de diplôme et de scènes de la vie quotidienne, prises entre les derniers jours du pouvoir colonial et les premiers jours de l’indépendance.
« Nous n’avions aucune idée que ces photos seraient intéressantes et contribueraient à l’histoire et au patrimoine du pays », déclare Jean-Claude, un des fils de M. Dossa, qui vit toujours dans la maison familiale. L’œuvre de son père constitue à présent la base d’un projet d’archives qui vise à préserver l’histoire de ce pays d’Afrique de l’Ouest pour les générations futures.
L’homme chargé du projet s’appelle Franck Ogou, historien-archiviste passionné à l’École du patrimoine africain (EPA), dans la capitale où les photos sont archivées. « L’archivage n’est pas pris au sérieux dans notre pays », se plaint-il. « Il disparaît, et si les archives disparaissent, une partie de l’histoire du Bénin disparaît aussi. »
Cosme Dossa, qui avait appris la photographie grâce à un cours par correspondance, est décédé en 2003 ; pendant plus de 10 ans, ses œuvres, réalisées tout au long de sa vie, ramassaient la poussière dans son studio. De son vivant, il avait parcouru le Bénin en faisant des portraits et en photographiant la vie quotidienne. Le pays est devenu indépendant de la France en 1960. Il était le photographe officiel d’Hubert Maga, premier président du Bénin après l’indépendance.
« Nous devons sauvegarder notre héritage pour que les générations futures aient une idée de l’histoire de notre peuple », déclare M. Ogou. Dans le cadre de ce projet, cette vaste collection a été numérisée pour un site web qui s’adresse principalement aux chercheurs (www.photoafricaine.org) avant d’être envoyée aux archives nationales du Bénin.
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