Africa Defense Forum

APRÈS EBOLA

Alors que l’Union africaine fait le bilan des leçons et des défis, de nouvelles approches logistiques voient le jour

PERSONNEL D’ADF

Plus de deux ans après qu’Ebola a commencé sa progression mortelle à travers la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, faisant plus de 11.300 victimes, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé ce qui semblait être un miracle : l’épidémie a pris fin.

Le 14 janvier 2016 marque les quarante-deux jours écoulés depuis que les derniers cas confirmés au Liberia ont donné un test négatif. Les deux derniers patients du Liberia, le père et le jeune frère d’un adolescent âgé de 15 ans décédé du virus sont sortis de l’hôpital le 3 décembre 2015.

Le Dr Benjamin Djoudalbaye, responsable principal de la santé au sein de la Commission de l’Union africaine PHOTO AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DU Dr BENJAMIN DJOUDALBAYE
Le Dr Benjamin Djoudalbaye, responsable principal de la santé au sein de la Commission de l’Union africaine

Toutefois, les bonnes nouvelles n’ont pas duré. Le 15 janvier, la Sierra Leone a confirmé un nouveau cas de décès dû au virus Ebola. La Sierra Leone a été déclarée exempte de la transmission du virus Ebola le 7 novembre 2015.

Le 21 janvier, un deuxième cas était confirmé en Sierra Leone. Un porte-parole de l’OMS a annoncé à l’Agence France-Presse qu’une femme âgée de 38 ans s’était occupée de sa nièce âgée de 22 ans, Marie Jalloh, décédée du virus Ebola le 12 janvier. Les responsables s’attendaient à de nouveaux cas parmi les personnes ayant lavé le corps de Marie Jalloh durant les préparatifs traditionnels pour son enterrement. Cette pratique a été reconnue comme étant l’un des modes principaux de propagation de la maladie.

« C’est décevant, naturellement, étant donné que plus d’une centaine de jours s’étaient écoulés depuis l’enregistrement du dernier cas », a déclaré Sidi Yahya Tunis, le porte-parole du ministère sierra-léonais de la Santé à l’AFP, le 21 janvier.

La déception des observateurs a été atténuée par le fait que la patiente avait été identifiée comme étant un « contact à haut risque », mais ils se sont demandé pourquoi elle avait été traitée en tant que patiente externe et avait été autorisée à entrer en contact avec 27 personnes. Il semble donc que l’on continue de tirer des enseignements de la flambée épidémique et de les appliquer.

Devant la persistance d’Ebola face aux efforts de la communauté internationale, une chose est claire : Ebola continuera en Afrique. Il est certain qu’il y aura une autre flambée. À un moment donné. Quelque part. Et il ne s’agit pas de la seule pandémie qui menace le continent. Il y a le virus Marburg, la grippe pandémique et le choléra, entre autres menaces.

L’UA INTENSIFIE SA RIPOSTE

Ebola a déclenché la mobilisation de l’aide, du soutien et du personnel à l’échelle mondiale. Les Nations Unies ont établi leur première mission sanitaire d’urgence, la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE). L’OMS et Médecins Sans Frontières ont mobilisé, parallèlement à une force militaire américaine, Operation United Assistance, qui a déployé près de 3.000 soldats en Afrique de l’Ouest. L’Agence américaine pour le développement international (USAID) a également répondu à l’appel.

Un ouvrier suspend des bottes protectrices en caoutchouc sur des supports en bois en décembre 2014 au Centre de traitement d’Ebola dirigé par l’UA de Magbenteh, en Sierra Leone. MINUAUCE/MARTINE PERRET
Un ouvrier suspend des bottes protectrices en caoutchouc sur des supports en bois en décembre 2014 au Centre de traitement d’Ebola dirigé par l’UA de Magbenteh, en Sierra Leone. MINUAUCE/MARTINE PERRET

Aux côtés de ces organisations, travaillant main dans la main avec tous les partenaires, se trouvait l’Union africaine qui a déployé 855 personnes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone dans le cadre d’une initiative connue sous le nom de Mission de soutien de l’Union africaine pour la riposte contre l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest (ASEOWA). Cette mission, qui a officiellement pris fin le 31 décembre 2015, fait à présent le point sur les défis rencontrés et les succès en matière de logistique, tout en se préparant pour la prochaine flambée épidémique en Afrique.

En août 2014, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a décidé de déployer une force d’intervention. Moins d’un mois après, les équipes de l’ASEOWA étaient sur le terrain en Afrique de l’Ouest. Très vite, l’ASEOWA s’est développée en incorporant 855 agents. Parmi ceux-ci, on comptait 740 membres du personnel médical, dont des médecins, des infirmiers et infirmières, des auxiliaires médicaux, des pharmaciens, des laborantins et des travailleurs sociaux. L’ASEOWA était au départ destinée à durer six mois, mais la mission a été prolongée à deux reprises jusqu’à la fin 2015.

La mise sur pied de l’intervention de l’ASEOWA n’a pas été une tâche facile, explique le Dr Benjamin Djoudalbaye, responsable principal de la santé auprès de la Commission de l’UA. Le Dr Djoudalbaye, un médecin tchadien basé à Addis-Abeba, en Éthiopie, a exercé les fonctions de directeur des opérations de l’ASEOWA jusqu’en mars 2015, date à laquelle il a été désigné responsable du soutien à la mission. Il est devenu ultérieurement chef de mission, en remplacement du général de division ougandais Julius Oketta.

Au fur et à mesure de l’intensification de la mission, les responsables ont été confrontés à trois problèmes logistiques majeurs : le transport aérien, l’hébergement du personnel et le transport terrestre dans les pays affectés.

« Le défi numéro un était celui du transport », indique le Dr Djoudalbaye. Les planificateurs ont conclu au départ que les besoins majeurs concernaient les ressources humaines. « Une fois les personnes mobilisées, comment allions-nous les faire venir sur place ? »

Certains pays ayant adopté des mesures d’interdiction de voyager dans la région affectée, l’UA a fait parvenir des membres de son personnel par avion en passant par le Maroc. Les responsables ont affrété des vols charters par Egyptian Airlines, Asky Airlines et Kenya Airways pour que le personnel puisse se rendre en Afrique de l’Ouest.

Des membres du personnel portent un équipement de protection au Centre de traitement d’Ebola de Magbenteh, en Sierra Leone. MINUAUCE/MARTINE PERRET
Des membres du personnel portent un équipement de protection au Centre de traitement d’Ebola de Magbenteh, en Sierra Leone.
MINUAUCE/MARTINE PERRET

«  À partir de là, lorsque vous arrivez sur le terrain là-bas, le défi numéro deux est celui de l’hébergement. Il n’y avait pas assez d’hôtels pour loger tout notre personnel, parce qu’il est nécessaire d’assurer son hébergement dans un espace où sa sécurité est assurée. Et là, une fois que l’hébergement était arrangé, les prix étaient multipliés par deux ou par trois. C’était vraiment très onéreux de loger notre personnel là-bas ». Plutôt que de loger les personnes à l’hôtel, l’ASEOWA a contacté des civils qui étaient en mesure de louer des logements disponibles à nos agents.

Le troisième défi majeur concernait le transport terrestre une fois le personnel de l’ASEOWA arrivé en Afrique de l’Ouest. Les agents avaient besoin de voitures et de véhicules de type SUV pour effectuer le travail minutieux de « recherche des contacts », qui consiste à faire suivre par les agents sanitaires chaque personne avec laquelle un patient atteint du virus Ebola est entré en contact, à des fins d’évaluation et de quarantaine ou de traitement potentiel. Cette pratique laborieuse est essentielle à mettre un coup d’arrêt à la propagation de la maladie. Le Dr Djoudalbaye observe que la disponibilité des véhicules était problématique et que les prix grimpaient en fonction de la demande. En mai 2015, la MINUAUCE a fourni certaines voitures à l’ASEOWA.

Dans le cadre de cette opération sanitaire majeure, des médicaments et des fournitures connexes ont été fournis aux agents de l’ASEOWA par des organisations internationales telles que l’OMS et l’UNICEF. En revanche, il a été plus difficile de se procurer d’autres nécessités, telles que des bottes en caoutchouc et des équipements de protection individuelle. « Vous ne les trouvez pas dans les marchés locaux », ajoute le Dr Djoudalbaye. « C’était une difficulté réelle. Et étant donné les interdictions de voyager mentionnées précédemment, même si ces équipements étaient disponibles dans les pays limitrophes, comment allions-nous nous les faire acheminer ? » Les agents sont arrivés à se procurer certains articles divers nécessaires en envoyant des personnes dans les marchés locaux pour acheter tout ce qui était disponible. Quelquefois, ils contactaient des marchands qui avaient fermé boutique et les persuadaient d’ouvrir et de leur vendre les articles dont ils avaient besoin.

De septembre à novembre 2014, les problèmes d’approvisionnement ont pris beaucoup de temps et ont été difficiles à résoudre. C’est alors que le président de la Commission de l’UA a signé une dérogation autorisant l’ASEOWA à accélérer les achats malgré la stricte politique mise en place par l’UA en matière d’approvisionnement. Cette dérogation a facilité la capacité d’obtenir des fournitures ainsi que de recruter du personnel. Le Dr Djoudalbaye convient qu’une flambée ne laissait pas le temps d’être entravé par une bureaucratie tatillonne.

DANS LA PERSPECTIVE DE FUTURES FLAMBÉES ÉPIDÉMIQUES

L’UA et l’OMS mettent à exécution des plans visant à se préparer pour la prochaine et inévitable flambée, quelle qu’elle soit, n’importe quand et n’importe où. Beaucoup de choses peuvent se produire. L’OMS indique qu’environ 100 « événements aigus de santé publique » sont signalés à son Bureau régional africain chaque année. Ceux qui sont les plus fréquemment signalés sont le choléra, la dengue, la rougeole, la méningite, la peste et les fièvres hémorragiques virales telles qu’Ebola.

L’OMS, « reconnaissant le rôle crucial et l’importance de la logistique pour la préparation et la riposte à une flambée épidémique » a établi en 2015 un « Plan stratégique régional de logistique 2015-2018 », en collaboration avec d’autres partenaires, y compris l’USAID et les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies.

Un homme reçoit un certificat de santé de la clinique Elwa, un centre de traitement d’Ebola de Monrovia, au Liberia, en juillet 2015. AFP/GETTY IMAGES
Un homme reçoit un certificat de santé de la clinique Elwa, un centre de traitement d’Ebola de Monrovia, au Liberia, en juillet 2015. AFP/GETTY IMAGES

Le plan de l’OMS indique « qu’au cours des dernières années, l’importance de la logistique pendant la préparation et la riposte aux flambées a été cruciale pour s’assurer que les fournitures essentielles et les réactifs sont prépositionnés et déployés rapidement sur le terrain dans le cadre du soutien opérationnel dans la lutte contre l’épidémie. L’importance de ce prépositionnement est soulignée dans le Cadre d’action d’urgence de l’OMS qui précise que la fourniture d’un appui administratif et logistique est une exigence essentielle pour assurer un système efficace d’intervention rapide ».

Parmi les six objectifs spécifiques de l’OMS figure le prépositionnement des fournitures et des équipements utilisés pour la lutte contre la flambée, afin qu’ils soient prêts à être acheminés lorsque cela est nécessaire. Pour accomplir cela, le plan recommande entre autres mesures le développement de sites de stockage, d’entrepôts et d’un système de gestion des stocks.

Le Dr Djoudalbaye ajoute que le prépositionnement des fournitures en vue d’une utilisation future est également une priorité essentielle de l’UA. « Pour nous, c’est une question simple », observe-t-il. « Nous avons aujourd’hui la possibilité de disposer d’une base logistique continentale à Douala, au Cameroun. Aussi essayons-nous à présent d’avoir, par exemple, des arrangements à l’avance avec des fournisseurs, dans le but de prépositionner notre matériel logistique ».

L’UA projette d’entreposer à Douala des véhicules et des habitations mobiles fournies par des donateurs. Lorsqu’il s’agit d’équipement électronique, tel que des ordinateurs portables et des tablettes, au lieu de faire des achats en gros et d’entreposer les équipements pendant une durée indéterminée, les responsables concluront des ententes préalables avec les fabricants dans l’espoir de se procurer ce matériel dans les 48 à 72 heures, comme l’explique le Dr Djoudalbaye. « De telle sorte que s’il y a un besoin, nous pourrons leur demander de faire leur possible pour livrer 1.000 ordinateurs portables dans cette zone », ajoute-t-il. « Ce sont des choses que nous essayons de mettre en place à présent… afin que nous disposions à l’avance d’un plan de préparation, y compris en cas d’urgence, de façon à ce que si demain il y a une crise… nous puissions être en mesure de surmonter les difficultés auxquelles nous avons dû faire face dans le cadre de l’ASEOWA ».

LE CDC AFRICAIN

La flambée d’Ebola a également donné l’occasion d’accélérer des plans visant à établir des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies africains (CDC africains). Un centre de coordination sera établi à Addis-Abeba, en Éthiopie, et il y aura cinq centres régionaux, répartis entre l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Est, l’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud et l’Afrique de l’Ouest.

Les CDC africains aideront les autorités à accélérer la détection, la préparation et la riposte à des flambées. Ebola a sévi en Afrique de l’Ouest des mois avant que les autorités n’aient reconnu qu’il s’agissait d’un problème sanitaire mondial. Avec des centres régionaux, les capacités de ressources et de détection seront plus proches lors de la survenance d’une flambée, quelle que soit la région.

Une infirmière administre une injection en février 2015 le premier jour d’une étude sur le vaccin du virus Ebola réalisée à Monrovia, au Liberia. GETTY IMAGES
Une infirmière administre une injection en février 2015 le premier jour d’une étude sur le vaccin du virus Ebola réalisée à Monrovia, au Liberia. GETTY IMAGES

Chaque zone proposera pour le centre régional un pays hôte, qui sera alors évalué par des équipes d’autres CDC du monde entier. Les candidatures pour les centres régionaux devront avoir été présentées au plus tard le 31 décembre 2015. Les opérations seront supervisées par un conseil de direction composé de deux responsables des ministères de la Santé des pays de chaque région et d’un groupe consultatif de partenaires techniques. L’objectif à long terme pour chaque pays est d’avoir des centres nationaux disposant de capacités similaires.

Les responsables espèrent que le centre de coordination sera ouvert au premier trimestre 2016. L’ouverture des centres régionaux est prévue à une date ultérieure.

LE CORPS DES VOLONTAIRES AFRICAINS POUR LA SANTÉ

Le CDC africain constitue une structure régionalisée permanente conçue pour riposter aux flambées épidémiques dans l’ensemble du continent. Toutefois, l’UA travaille également sur une autre strate de capacités qui améliorera l’aptitude à une riposte rapide durant les urgences sanitaires. En juin 2015, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA a demandé à la Commission de l’UA de collaborer avec les partenaires de développement et les États membres en vue d’établir un Corps des volontaires africains pour la santé (AVoHC).

En octobre 2015, à Mahé, aux Seychelles, les responsables ont présenté et examiné un avant-projet de proposition d’un Corps des volontaires africains pour la santé (AVoHC) au cours de l’Atelier d’évaluation de la Mission de soutien de l’Union africaine à la lutte contre l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. L’AVoHC contribuera à combler les lacunes en matière de ressources humaines pour faire en sorte que les épidémies et les urgences de santé publique fassent l’objet d’une riposte en temps voulu et efficace, en employant des personnes issues de divers domaines d’expertise.

« L’idée est d’avoir une sorte d’effectif en attente pouvant être mobilisé à tout moment », indique le Dr Djoudalbaye. « Nous allons établir une liste de personnes que nous contacterons pour qu’elles reçoivent une formation peut-être une ou deux fois par an. Toutefois, la mission du Corps des volontaires africains pour la santé sera de répondre aux préoccupations prioritaires en matière de santé publique en Afrique par le biais de la prévention, de la détection et de la riposte appropriée ».

L’ensemble de ces développements, qu’ils soient inspirés ou accélérés par la flambée d’Ebola en Afrique de l’Ouest, servira à rapprocher de chaque zone du continent les ressources appropriées et les personnels compétents, prêts à la riposte dès l’émergence d’un problème sanitaire.

« Notre devise est désormais ‘Plus tôt, plus vite, plus souplement et plus intelligemment’ », conclut le Dr Djoudalbaye. « Nous avons besoin d’une détection plus précoce, d’une réaction plus rapide, d’une coordination plus souple et d’une riposte plus intelligente. C’est donc là-dessus que nous allons travailler ».


L’AFRIQUE DE L’EST LANCE UN PROGRAMME DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE DES PANDÉMIES

VOICE OF AMERICA

Etienne Ouamouno, père du premier enfant atteint du virus Ebola, le « patient zéro » se tient près du kapokier où, selon des scientifiques, Émile, son fils âgé de 2 ans, pourrait avoir contracté le virus Ebola transmis par des chauves-souris à Meliandou, en Guinée. REUTERS
Etienne Ouamouno, père du premier enfant atteint du virus Ebola, le « patient zéro » se tient près du kapokier où, selon des scientifiques, Émile, son fils âgé de 2 ans, pourrait avoir contracté le virus Ebola transmis par des chauves-souris à Meliandou, en Guinée. REUTERS

Ebola n’est pas la première épidémie causée par la transmission de microbes entre animaux et humains. À mesure que la population mondiale continue de croître, parallèlement à la demande de produits alimentaires, des menaces similaires sont susceptibles de se produire.

En janvier 2016, dans un hôtel de Nairobi, au Kenya, L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Agence américaine pour le développement international (USAID) ont lancé la composante est-africaine du programme Menaces pandémiques émergentes (EPT-2) de la FAO. Il est destiné à aider à détecter, prévenir et contrôler de nouvelles maladies dites « zoonotiques », qui peuvent être transmises entre l’animal et l’homme.

Subhash Morzaria, coordinateur mondial du programme EPT-2, explique que ces maladies peuvent être transmises par l’air ou par le toucher de fluides ou de matières infectées. « Quel que soit le mode de transmission… si ces maladies infectieuses persistent dans nos populations animales, alors nous sommes en présence d’un risque constant que cette maladie soit susceptible de devenir pandémique et de causer des flambées, une morbidité et une mortalité tout à fait considérables chez l’homme et aussi chez l’animal », précise-t-il.

Parmi les maladies zoonotiques, mentionnons le VIH/SIDA, la grippe, y compris celle qui est couramment appelée la grippe aviaire et la grippe porcine, ainsi que le syndrome respiratoire aigu sévère (SARS), le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), la maladie à virus de Marburg et l’infection à virus Nipah. On estime que sur 10 maladies infectieuses existant chez l’homme, six sont transmises par les animaux, selon les Centres américains pour la prévention et le contrôle des maladies.

Les Nations Unies prévoient une croissance de la population mondiale qui passera du chiffre actuel de 7,3 milliards d’habitants à 9,7 milliards d’habitants en 2050. Cette augmentation rapide signifie une augmentation parallèle de la demande alimentaire.

« Ceci étant dit, ces systèmes de production évolueront très rapidement pour répondre à cette demande, et il est possible que certaines pratiques à haut risque soient utilisées dans l’élevage de bétail, et que ces pratiques risquées puissent créer un environnement propice à l’évolution et à la propagation de nouveaux agents pathogènes », poursuit Subhash Morzaria.

Le directeur des services vétérinaires du Kenya, le Dr Kisa Juma Ngeiywa, précise que les nouveaux agents pathogènes peuvent se propager plus loin que jamais auparavant dans le contexte de la mobilité sociale d’aujourd’hui.

« Considérons la grippe H7N9, qui se propageait en Chine », explique le Dr Kisa Juma Ngeiywa à propos de la souche de la grippe aviaire. « Maintenant, si vous prenez en compte les avions, de Kenya Airways, Ethiopian Airlines et d’autres compagnies aériennes, vous savez qu’ils vont en Chine et qu’ils reviennent au Kenya, chaque jour. Donc, à cause de cela, il y a là une vulnérabilité de taille, à moins que nous ne mettions des mesures [en place] pour être à même de faire en sorte d’arrêter la dissémination ».

Subhash Morzaria affirme que nous sommes tous partie prenante dans ce processus.

« Tout le monde est menacé », a-t-il déclaré. « Le virus ne fait pas de distinction entre une personne pauvre ou une personne riche. S’il est hautement infectieux et pathogène, alors il arrive, il infecte et il tue cette personne. Aussi je pense qu’il s’agit d’une préoccupation mondiale ».

En octobre 2015, l’USAID a annoncé un nouveau financement pour ce programme, à hauteur de 87 millions de dollars. Les fonds seront utilisés pour aider les pouvoirs publics et les services vétérinaires à mieux comprendre les systèmes d’élevage et pour aider à effectuer une surveillance et à identifier les agents pathogènes actuels et potentiels.


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