Samory Touré était un grand guerrier, un leader né et un bâtisseur d’empire. Mais il s’est distingué et on se souvient de lui avant tout, pour son rôle dans ses dernières années — son attitude intraitable à l’égard de ceux qui voulaient envahir son pays. Près de 60 après sa mort, son petit-fils fut tout aussi intraitable.
Samory Touré naît aux environs de 1830 à Miniambaladougou dans l’actuelle Guinée. Comme son père, il devient un marchand. Cette situation prend fin lorsque, alors qu’il a vingt ans, sa mère est enlevée dans une incursion à la recherche d’esclaves. Le jeune, mais déjà talentueux, marchand-négociant recherche alors un arrangement avec son ravisseur, offrant de servir dans son armée en échange de la libération ultérieure de sa mère. L’offre est acceptée, et la vie de Samory Touré est changée pour toujours, car il révèle d’exceptionnels talents militaires et de leadership. Après quelques années, le roi Séré-Burlay, au service duquel il était, le relève de ses obligations et libère sa mère.
Samory Touré a pleinement conscience que son peuple, les Malinké, manque de discipline et a besoin de leadership. Il n’y a alors pas un seul chef ayant l’autorité suffisante pour assumer la charge du pouvoir. Il se déclare donc indépendant du roi Séré-Burlay et commence à mettre sur pied une armée relevant de son autorité. Ses soldats sont bien disciplinés, et il commence à élargir son territoire, employant ses talents considérables de négociateur — parallèlement à des menaces de guerre.
Il établit un nouvel empire du nom de Mandinka, s’en déclarant le roi et le commandant en chef. Ses opposants le surnomment le « Napoléon du Soudan » au moment où il établit sa capitale, dans ce qui est maintenant la Gambie, et continue d’élargir son empire. Si cet empire existait encore aujourd’hui, il engloberait des parties de la Guinée, du Liberia, du Mali et de la Sierra Leone.
Après la partition de l’Afrique en 1884, les puissances européennes commencent à coloniser l’Afrique de l’Ouest. Elles ne tolèrent pas qu’il y ait des souverains forts tels que Samory Touré et elles ne reconnaissent pas son autorité. Lorsqu’il refuse de se soumettre, elles entreprennent des actions militaires.
L’armée de Samory Touré, environ 35.000 guerriers expérimentés équipés d’armes modernes européennes, parvient initialement à arrêter la progression des envahisseurs français. La France réagit en envoyant des renforts, y compris des combattants sénégalais. Après d’autres batailles, Samory Touré signe des traités avec les Français en 1889.
En deux ans, les Français violent les traités et incitent à la rébellion dans le territoire de Samory Touré. Il reprend alors les armes et signe un traité avec les Britanniques, obtenant à cette occasion des armes modernes supplémentaires. À mesure que les Français continuent de progresser à l’intérieur de son territoire, il déplace l’ensemble de son empire à l’est, conquérant de vastes étendues de ce qui est maintenant la Côte d’Ivoire, où il établit sa nouvelle capitale.
Le 1er mai 1898, les forces françaises envahissent une ville située juste au nord de la nouvelle capitale. Samory Touré positionne ses combattants dans les forêts libériennes pour arrêter les troupes françaises. Cela devient une guerre d’usure, les soldats de Samory Touré devenant affamés et désertant leur armée. Les Français capturent Samory Touré et l’exilent au Gabon, où il meurt de pneumonie deux ans plus tard, le 2 juin 1900.
En 1959, Charles de Gaulle devient président de la France et propose la création de la Communauté française, sur le modèle du Commonwealth britannique. En échange de l’acceptation de la nouvelle autorité, les ex-territoires français reçoivent une aide financière. Tous les territoires, à l’exception d’un seul, votent en faveur du nouvel arrangement. La seule exception était la Guinée — dirigée par Ahmed Sekou Touré, le petit-fils de Samory Touré.