Le général de division Ibrahim Sani, responsable de la transformation et de l’innovation pour l’armée nigériane, explique que c’est « en sortant des sentiers battus » que son pays contrecarre la menace de Boko Haram et d’autres menaces asymétriques. L’armée poursuit le combat sur le terrain de ce qu’il appelle « les réseaux obscurs » des terroristes, en combinant la technologie, l’amélioration de la formation et un nouveau service, le Commandement des opérations spéciales de l’armée nigériane (NASOC).
Interviewé par ADF en février 2015 lors de la conférence de la Global Special Operations Forces Foundation (Fondation mondiale des forces des opérations spéciales) à St Petersburg, en Floride, le général Sani a expliqué que sa mission était de chercher des solutions innovantes pour lutter contre les menaces émergentes. « Je me penche sur l’administration, sur les opérations, sur la logistique, sur tout ce que l’on peut imaginer, et je me pose la question suivante, « Qu’est-ce qui est nécessaire à l’armée nigériane pour être en mesure de relever les défis d’aujourd’hui ?» », précise-t-il. « Lorsque je vois que cela n’existe pas, je cherche la possibilité de découvrir comment y arriver ».
Technologie : parmi les toutes dernières technologies que son bureau s’est employé à introduire figure la station placée sur une plate-forme à faible altitude de l’armée nigériane. Cette plate-forme basée sur ballon a un rayon de surveillance de 5 kilomètres et fournit des images en temps réel aux unités de l’armée. L’armée introduit également un dispositif mobile de télédétection du nom de TM-1. Cette unité peut détecter des engins explosifs improvisés (EEI) ou des gilets bourrés d’explosifs transportés par l’homme à une distance de 500 mètres ou plus. Le plan est de permettre l’utilisation de ces dispositifs à tous postes ou points de contrôle militaires.
Pour collecter des données provenant du plus large éventail de ressources possibles, l’armée a mis en place le Centre de traitement de l’information de l’armée nigériane. Ce centre de collecte de données de sources ouvertes demande au public de téléphoner ou d’envoyer par courriel ou SMS des messages visant à alerter l’armée de la présence de situations d’urgence ou d’activité terroriste. En plus de collecter des informations sur les menaces envers la sécurité, le centre permet aux citoyens de signaler les comportements non professionnels de certains soldats, sans crainte de représailles.
« Quoi que ce soit que nous obtenions du public, nous le collectons, nous l’analysons, et dans le quart d’heure, nous le transmettons à l’emplacement, à la formation ou à l’unité où s’est produite la situation d’urgence », précise le général Sani. « Aussi obtenons-nous des informations sur-le-champ à propos de ce qui se produit en temps réel à distance ».
NASOC : l’armée nigériane met en place une Force d’opérations spéciales composée de moins de 1.500 soldats excellemment formés. Ce processus, mis en place sur cinq ou dix ans, a été engagé en 2014 avec l’aide du Commandement des opérations spéciales de l’armée américaine en Afrique. L’armée sélectionnera et formera la force combattante en mettant l’accent sur les opérations de vitesse, de précision et à faible visibilité.
« Les personnes sont plus importantes que le matériel et la qualité est plus importante que la quantité, et elles ne peuvent pas être reproductibles en série », ajoute le général Sani. « Si vous avez 5.000 soldats se portant candidats, au maximum il en sortira 500 ».
Formation : pour lutter contre les EEI, le Nigeria a collaboré avec l’U.S. Office of Security Cooperation (Bureau américain de coopération pour la sécurité) afin d’élaborer un guide traitant des modes de détection et de désactivation des explosifs, et a développé la formation sur la guerre asymétrique. Aux postes de contrôle frontaliers, le Nigeria adopte l’approche par groupes sectoriels (« cluster approach ») dans le cadre desquels des personnels venant de divers organismes des pouvoirs publics, de l’armée, de la police, des douanes et des services d’immigration reçoivent une formation en commun et travaillent ensemble dans un avant-poste. « Cette approche a favorisé l’intégration de tous les organismes concernés par la formation et la conduite des opérations », poursuit Ibrahim Sani. « Dans l’ensemble, nous nous lançons dans de nouvelles structures de formation, avec les services des douanes, de l’immigration, de la sécurité de l’État et de la police. Nous intégrons donc chacun d’eux, en renforçant leurs responsabilités et les tâches correspondant à leurs attributions officielles. »
Comments are closed.