Africa Defense Forum

La fin du terrorisme sur le continent commence de l’intérieur

Rose
Rose Namayanja Nsereko est une avocate ougandaise, auteure, directrice du secteur de la sécurité et ancienne députée. Elle est ministre de l’Information et de l’Orientation nationale du gouvernement ougandais depuis mai 2013. Cet article a été initialement publié sur Aljazeera.com et a été écourté pour des besoins d’espace.

En septembre 2014, les autorités ougandaises ont découvert une cellule terroriste d’Al-Shebab dans notre plus grande ville, Kampala. Des explosifs ont été découverts et il ne fait aucun doute que ce groupe de terroristes n’avait d’autre intention que de causer un carnage dans les rues de la ville.

À peine quatre ans s’étaient écoulés depuis que des terroristes avaient posé des bombes qui ont dévasté deux endroits où la foule s’était rassemblée pour regarder un match de la coupe du monde de football. Aujourd’hui, presqu’un an après les tragiques événements du centre commercial Westgate à Nairobi, ces derniers développements montrent que les gouvernements, dans toute l’Afrique de l’Est, ne pourront jamais baisser leur garde.

Le gouvernement ougandais a immédiatement pris des mesures pour renforcer notre sécurité nationale – en augmentant la sécurité dans les lieux publics, en s’associant à des organisateurs de manifestations publiques et en déclenchant des plans de lutte antiterroriste, y compris la surveillance.

Il est intéressant d’examiner comment s’est déroulée la découverte faite en septembre 2014. Parallèlement à d’autres récents succès dans le démantèlement d’importants réseaux de cellules terroristes en Afrique de l’Est, notre stratégie était basée sur une large coalition d’expertise en matière de renseignement, partagée entre divers pays de l’Union africaine, à laquelle s’est ajoutée une aide internationale.

Nous savons qu’un pays ne peut pas lutter seul contre des réseaux terroristes complexes et souvent très élaborés. Des réseaux comme Al-Shebab ont prouvé qu’ils pouvaient opérer efficacement à travers des frontières poreuses en s’aidant de la technologie et de réseaux criminels sophistiqués – traite d’enfants, contrebande et trafic de drogue – qui n’ont que faire des frontières rigides entre les pays.

Après la disparition d’Ahmed Abdi Godane, le chef spirituel d’Al-Shebab, tué lors d’une frappe aérienne américaine opérant conjointement avec les forces de l’AMISOM [Mission des Nations Unies en Somalie], il semble qu’une coalition internationale multiforme et flexible soit la réponse pour lutter efficacement contre la domination rampante des factions islamiques extrémistes en Afrique de l’Est.

La cellule terroriste de Kampala a cruellement rappelé qu’il fallait plus que des frappes aériennes ciblées pour couper les tentacules des cellules terroristes qui opèrent dans notre région. Mais le succès relatif de l’AMISOM en Somalie montre bien que l’Afrique peut être à l’épicentre d’une immobilisation fructueuse de la terreur sur notre continent. 

En tant qu’Ougandais, notre engagement contre le terrorisme s’est manifesté dès le début, lorsque nous avons été le premier pays à déployer des troupes en Somalie. Nous y avons opéré pendant deux ans avant que d’autres pays contributeurs de troupes nous rejoignent.

AMISOM est aujourd’hui une force de maintien de la paix crédible, qui a affronté les réseaux somaliens profondément divisés et fracturés de seigneurs de guerre, de clans et de factions militantes, pour apporter un semblant de stabilité à la capitale Mogadiscio. La Somalie a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir prétendre restaurer les fondations d’un État fonctionnel, mais c’est une force africaine, qui a fait le plus de progrès, avec l’aide de la technologie et de fonds occidentaux.

AMISOM a été l’histoire d’une coopération internationale. L’engagement financier a été considérable – 1,5 milliard de dollars d’aide en plus de fonds supplémentaires pour la mission de l’UA. Pourtant, comparé à des opérations de maintien de la paix en République démocratique du Congo ou en Afghanistan, ce qui a été réalisé par une coalition de pays africains avec les ressources déployées est considérable.

En Somalie, les troupes on été entraînées à utiliser leurs armes de manière responsable de sorte à minimiser les pertes civiles. Elles sont allées au-devant des populations locales et leur ont fourni une assistance médicale de base. Et alors que les cellules terroristes continuent le récit des interventions occidentales dans des pays étrangers, la présence d’une force régionale africaine unie montre que nous pouvons gagner le cœur et les esprits de ceux qui doutent de nos motifs.   

Les arrestations de septembre 2014 – et les avancées de l’année écoulée – ont montré que la coopération internationale, avec les pays africains en son centre, est la meilleure réponse au terrorisme. En Afrique, nous prouvons que nous sommes capables de relever ces défis par nous-mêmes. Cette guerre ne sera gagnée que si elle est menée de l’intérieur.

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