Wilson Lodingareng, 65 ans, est agriculteur et ancien membre de l’Armée populaire de libération du Soudan. [INTER PRESS SERVICE]
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Le long des berges fertiles du Nil Blanc, des membres d’une coopérative d’anciens combattants cultivent un jardin pour assurer un avenir de sécurité alimentaire au Soudan du Sud, un pays confronté à une éventuelle famine.
Wilson Abisai Lodingareng, 65 ans, est agriculteur et le fondateur de la Werithior Veterans’ Association (WVA) à Juba, au Soudan du Sud. L’association regroupe 15 membres qui cultivent un jardin de légumes de près d’un hectare et demi, à 6 kilomètres de Juba.
« J’ai sept membres actifs au sein du groupe, tous sont d’anciens combattants de l’APLS [Armée populaire de libération du Soudan] », a déclaré M. Lodingareng. « Je les appelle lorsqu’il faut défricher le jardin. Je me rends au jardin une fois par jour, tous les matins, pour contrôler l’état des cultures et voir ce qui peut être vendu sur le marché ».
Certains autres membres de la WVA ont été déplacés et vivent maintenant dans un camp d’une mission des Nations Unies à Juba.
Depuis le début du conflit, le 15 décembre 2013, entre les forces gouvernementales du président sud-soudanais Salva Kiir et les rebelles de l’ancien vice-président Riek Machar, 1,5 million de personnes ont perdu leur foyer. Environ 3,5 millions de Sud-soudanais vivent dans une insécurité alimentaire qui atteint des niveaux d’urgence.
M. Lodingareng a raconté qu’il avait été difficile d’obtenir ce terrain le long du Nil, plusieurs investisseurs étrangers s’intéressant à cette terre d’excellente qualité. Il lui a fallu presque trois ans pour que la communauté à qui appartient cette terre en jachère accepte de la lui louer.
Depuis septembre 2014, il a transformé le champ, qui était jadis couvert d’herbes hautes et de plantes nuisibles en un jardin où poussent des légumes verts et des aromates. L’association y cultive du gombo, du chou vert, de la mloukhiya (corète potagère) et de la coriandre.
« Ces cultures arrivent rapidement à maturité, au bout d’un ou deux mois », a déclaré M. Lodingareng. « On récolte le gombo tous les trois ou quatre jours ».
La philosophie à la base de ce jardin est de considérer la terre comme une ressource à ne pas laisser inexploitée. M. Lodingareng a l’intention d’étendre ses activités sur la terre avoisinante qui est aussi en jachère.
« J’envisage d’y cultiver des plantes comme le maïs, les pommes de terre, les carottes et les aubergines », a-t-il dit. « La première année a été difficile. Les choses devraient mieux se passer l’an prochain ».
Le Comité central mennonite du Soudan du Sud lui a fourni un capital pour louer la terre, suivre une formation sur la production de fruits et de légumes et acheter des fournitures et des outils agricoles.
M. Lodingareng a combattu dans les rangs de l’APLS de 1985 à 2008 et n’ayant pas été réintégré dans l’armée, il a repensé à son passé d’étudiant en économie à l’université Makerere à Kampala, en Ouganda.
« J’ai suivi un cours et j’ai écrit un article sur l’économie agricole », a-t-il dit. « On m’a appris que la terre, c’est de la nourriture et que les cultures se comportent comme des humains. »