UN POÈTE NIGÉRIAN GAGNE UN PRIX DE 100.000 DOLLARS
AGENCE FRANCE-PRESSE
Les manchettes présentent le Sahara comme un désert stérile qui cause la mort de nombreux migrants. Pourtant, le poète nigérian Tade Ipadeola avait une histoire différente à raconter, dont la valeur a été estimée à 100.000 dollars.
The Sahara Testaments de Tade Ipadeola a remporté le prix littéraire le plus lucratif de l’Afrique, le Nigeria Prize for Literature, pour son évocation de l’histoire et de la culture du plus grand désert du monde.
L’auteur a affirmé que la véritable richesse du Sahara a été déformée et méconnue. « Je voulais montrer que ce n’est pas seulement un endroit désolé et stérile », a expliqué le poète de 43 ans. « Le Sahara a été une destination de choix pour quelques-unes des plus grandes œuvres littéraires au monde. »
The Sahara Testaments aborde l’histoire du désert, l’impact du changement climatique, des récits personnels, ainsi que quelques critiques et satires politiques. Tade Ipadeola s’en prend aux entreprises du secteur de l’énergie qui, selon lui, ont pour toujours perturbé la vie des peuples d’origine de la région. En dépit de sa critique acerbe du secteur pétrolier et gazier, il a salué la société Nigeria Liquified and Natural Gas, qui a parrainé le Nigeria Prize, pour lui avoir fait cet honneur en le choisissant parmi 200 autres candidats.
Tade Ipadeola, qui a une formation d’avocat, a indiqué avoir commencé à travailler sur The Sahara Testaments il y a huit ans. Il essayait d’écrire l’après-midi et le soir après avoir passé des journées à exercer le droit dans la ville d’Ibadan, dans le Sud-Ouest du Nigeria. S’étant rendu compte qu’il ne terminerait jamais son recueil de poèmes aussi longtemps qu’il exercerait le droit, il a utilisé ses économies pour explorer le désert.
Il s’est rendu de Mauritanie en Égypte, séjournant chez des amis et des connaissances, rencontrant le plus de personnes possible, depuis les Touaregs dans le Nord du Mali jusqu’aux négociants des marchés en Égypte. Ses recherches ont été entravées par les révoltes du Printemps arabe, qui ont gagné la région à partir de la Tunisie en décembre 2010, rendant certains endroits trop dangereux à visiter. « Je n’ai pas pu fouler le sol de la Libye », a expliqué Tade Ipadeola, faisant référence à la guerre civile de 2011-2012 qui a renversé le dirigeant du pays, Mouammar Kadhafi.
Même si son travail est axé sur la riche vie du Sahara, il a malgré tout bon espoir que The Sahara Testaments permettra de mieux sensibiliser le public au sujet du flux insoutenable d’Africains dans leur périple vers l’Europe. « L’Europe ne peut pas endiguer ce flux, a-t-il observé. Les Européens deviennent de plus en plus xénophobes. Il s’agit réellement d’une situation explosive. »
Tade Ipadeola a imputé à « l’échec des dirigeants africains » les récits déchirants de migrants en train de périr, fustigeant les responsables politiques qui ont échoué à fournir des opportunités à leurs administrés et à les empêcher de se lancer dans des périples pratiquement suicidaires. « Dans leur majorité, ceux qui partent sont ignorants des dangers inhérents à la tentative de traverser toute cette distance dans l’un des endroits le plus chaud de toute la planète. »
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