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Dans les entrailles profondes du barrage hydroélectrique géant d’Inga, qui enjambe l’imposant fleuve Congo, se dresse une carte défraîchie intitulée « Les autoroutes de l’électricité à partir d’Inga ».
À partir d’un point situé dans l’Ouest de la République démocratique du Congo (RDC), les lignes s’étendent dans tout le continent africain. Elles partent vers le sud en traversant la Zambie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud, et au nord vers le Soudan et la Libye, pour arriver jusqu’au Maroc.
Pendant des dizaines d’années, les gouvernements ont rêvé d’exploiter l’énergie considérable produite par le fleuve Congo dans les rapides d’Inga, grâce à une expansion du barrage qui serait alors assez puissant pour approvisionner la moitié de l’Afrique en électricité. À cause d’années de conflits et de mauvaise gouvernance dans le Congo, le projet n’a jamais été réalisé. Au lieu de cela, dans les grandes salles caverneuses des deux barrages d’Inga, l’eau s’écoule du plafond et les tuyaux rouillés reposent dans des flaques. Signe de délabrement, cinq des 14 turbines ne tournent plus du tout.
Un marché conclu avec l’Afrique du Sud a relancé les discussions sur ce projet hydroélectrique géant qui pourrait alimenter les économies en expansion de tout le continent. « Il nous a fallu trouver un acheteur pour cette électricité. Sinon, nous ne pourrions pas construire l’Inga », a déclaré Bruno Kapandji, ministre congolais des Ressources hydrauliques et de l’Électricité.
« L’Afrique du Sud est un acheteur solvable et crédible. »
Après une année de discussions, l’Afrique du Sud a promis d’acheter au moins la moitié de l’électricité produite par Inga III, un barrage d’un coût de 12 milliards de dollars qui, une fois construit, produira 4.800 mégawatts (MW). Une grande partie du restant de l’électricité produite pourrait aller à l’industrie minière de la RDC, dont les besoins en alimentation électrique sont très largement insatisfaits.
Cette quantité est déjà près de trois fois supérieure à la production des deux barrages d’Inga existants. Construits il y a des dizaines d’années, ils ont été paralysés par la négligence, par l’endettement des pouvoirs publics et par le désintérêt des investisseurs peu enclins à prendre des risques.
Le succès d’Inga III contribuerait à restaurer la confiance des investisseurs dans les cinq phases restantes du projet du Grand Inga. Pour un coût estimé entre 50 et 80 milliards de dollars, le Grand Inga produirait 44.000 MW, éclipsant tous les autres projets hydroélectriques au monde, y compris celui du barrage des Trois Gorges en Chine.
« Lorsqu’elle sera réalisée, cette incroyable prouesse de l’ingéniosité humaine aura la capacité d’alimenter l’Afrique en électricité et aussi d’exporter de l’électricité au-delà du continent », a déclaré le président sud-africain Jacob Zuma lors de la cérémonie de signature à Kinshasa, en RDC.
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