AGENCE FRANCE-PRESSE
Les yeux rivés sur son écran, Mahmud Zubairu observe la progression de ses équipes médicales réparties dans la ville de Kano, au nord du Nigeria, où sévit la polio.
Des dizaines d’équipes font du porte à porte pour vacciner les enfants de moins de 5 ans, dans le cadre d’une campagne offensive visant à éradiquer cette maladie invalidante. Toutefois, cette campagne est particulière : Mahmud Zubairu, médecin et coordinateur du projet de vaccination, peut suivre les soignants à distance, en temps réel, grâce à une technologie de pointe.
« Il est maintenant facile de contrôler les vaccinations effectuées par chaque équipe. En effet, les traceurs installés dans leurs téléphones émettent des repères qui s’inscrivent sur notre site Web, explique-t-il. Cela nous permet de connaître avec une grande précision le nombre de maisons couvertes chaque jour pendant la campagne de vaccination. »
L’État de Kano a été choisi en raison de la méfiance de certains parents qui rejettent les programmes de vaccination. Des petits points jaunes apparaissent sur la carte satellite de chacun des six quartiers concernés de Kano à chaque fois qu’une équipe passe plus de deux minutes à un endroit. Des lignes vertes quadrillent les différents quartiers, chaque carré représentant une maison.
« S’il n’y a pas de trace dans un carré, cela signifie que la maison n’a pas été visitée. Ainsi, nous pouvons calculer le nombre de maisons couvertes et le pourcentage de couverture sans nous laisser submerger par le nombre de traces valides enregistrées dans un quartier visité par les équipes de vaccination », a ajouté Mahmud Zubairu.
Le Nigeria, le Pakistan et l’Afghanistan (les trois derniers pays où la polio demeure endémique) sont au cœur des campagnes d’éradication de la maladie, dont l’incidence a fortement augmenté en Somalie et en Syrie, en raison des troubles actuels.
Cela n’a pas toujours été facile. Entre 2003 et 2004, l’État de Kano a suspendu les campagnes de vaccination contre la polio pendant 13 mois après des déclarations de dignitaires musulmans et de médecins. Ces derniers affirmaient que le vaccin pouvait rendre les filles stériles. En conséquence, l’État de Kano est devenu un foyer de transmission de ce virus très contagieux, qui peut provoquer une paralysie irréversible et la mort.
La campagne de vaccination est à nouveau sur les rails, grâce à une nouvelle prise de conscience et au soutien des leaders politiques locaux, des chefs nigérians traditionnels et des dignitaires religieux.