PERSONNEL D’ADF
Une lettre récemment traduite, écrite il y a 1.800 ans, révèle que la vie d’un soldat en ce temps-là ressemblait beaucoup à la vie d’un soldat à l’heure actuelle.
Aurelius Polion, un soldat égyptien, a écrit cette lettre alors qu’il servait comme engagé volontaire dans la Légion romaine dans la province de Pannonie inférieure, en Europe orientale. Il était probablement affecté dans ce qui est à présent l’ouest de la Hongrie.
Aurelius Polion a écrit la missive à sa mère, sa sœur et son frère. Dans celle-ci, il s’inquiète du fait qu’ils ne maintiennent pas le contact avec lui. « Je suis inquiet à votre sujet. Bien que vous receviez régulièrement mes lettres, vous ne me répondez jamais en retour […] », écrivait-il sur une mince feuille de papier de papyrus. Il poursuit en mentionnant qu’il a écrit six lettres sans recevoir de réponse. « Lorsque j’étais au loin en Pannonie, je vous ai envoyé des [lettres], mais vous me traitez comme si j’étais un étranger, notait-il. Je vais obtenir une permission du commandement consulaire, et je viendrai vous voir pour que vous sachiez que je suis votre frère. »
Même si l’armée romaine n’avait pas de système postal, il semble qu’il ait confié la lettre à un camarade qui rentrait chez lui.
Des archéologues ont découvert la lettre il y a plus d’un siècle, à l’extérieur d’un temple, dans ce qui était jadis la ville égyptienne de Tebtunis. Des historiens ont également trouvé dans cette ville d’anciens contrats, des pétitions, des déclarations et des reçus fiscaux. La plupart des documents remontent aux trois premiers siècles de notre ère, lorsque l’Égypte était sous domination romaine.
En raison du grand nombre de documents trouvés sur le site, ils n’ont pas tous pu être traduits. L’état dégradé de la lettre d’Aurelius Polion constituait également une difficulté. Elle est restée là pendant un siècle, en l’attente d’une technologie qui puisse en faire ressortir le sens. Grant Adamson, un doctorant de l’université Rice, dans le Texas, aux États-Unis, a traduit la missive à l’aide d’images infrarouges pour améliorer la visibilité de l’écriture. Aurelius Polion l’a rédigée en grande partie en grec. La traduction a été publiée dans le bulletin de l’American Society of Papyrologists au début de l’année 2014.
Si Aurelius Polion avait obtenu l’autorisation de partir en permission, il lui aurait fallu au moins un mois pour se rendre depuis sa garnison basée en Europe orientale jusqu’à Tebtunis.
Les Égyptiens de cette époque se seraient portés volontaires pour servir dans l’armée romaine pour les mêmes raisons que les engagés volontaires dans les armées d’aujourd’hui, c’est-à-dire afin d’avoir un emploi rémunéré et peut-être de voir le monde. Il se peut qu’Aurelius Polion se soit engagé dans l’armée et ait quitté l’Égypte sans savoir où il serait envoyé, comme c’est souvent le cas aujourd’hui. En outre, à l’instar des engagés actuels, les soldats de ce temps-là avaient à l’occasion des problèmes pour communiquer avec leurs familles restées au pays.