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Les investisseurs d’Europe, d’Asie et des États-Unis ne sont pas les seuls à la recherche d’opportunités de croissance en Afrique en ce moment. Les Africains eux-mêmes sont en train de se rendre compte du potentiel existant dans leur arrière-cour.
Les mêmes tendances qui ont attiré les capitaux étrangers sur le continent (l’augmentation de la richesse, une croissance économique soutenue et une population jeune en expansion) attirent les investisseurs dans des pays tels que l’Afrique du Sud, le Kenya, le Nigeria et la Namibie.
Entre 2003 et 2011, la part du financement intra-africain dans de nouveaux projets d’investissements directs étrangers en Afrique s’est accrue à un rythme de 23 %. Depuis 2007, ce rythme de croissance a atteint 32,5 %, soit plus du double de la croissance de l’investissement provenant de marchés émergents non africains. Il est près de quatre fois plus rapide que pour les investissements directs étrangers sur les marchés développés.
Comme le ministre des Finances nigérian Ngozi Okonjo-Iweala l’a déclaré lors du Forum économique mondial sur l’Afrique, « nous nous focalisons tout le temps sur les investissements directs étrangers. Or, qu’en est-il des Africains investissant en Afrique ? »
L’investissement transfrontalier africain est destiné à s’accélérer à mesure que les entreprises locales recherchent de nouveaux marchés, que les pays riches en ressources naturelles lancent des fonds souverains et qu’augmentent les actifs détenus par les fonds de pension. L’Afrique du Sud, la puissance économique la plus importante de l’Afrique, a donné l’impulsion à l’investissement intra-africain, avec des entreprises comme MTN et Shoprite, qui ont été parmi les premières à explorer les possibilités plus au nord. L’Afrique du Sud est à présent l’un des cinq premiers investisseurs mondiaux sur le continent. À l’est et à l’ouest, les locomotives économiques régionales que sont le Kenya et le Nigeria sont également des investisseurs transfrontaliers majeurs.
Dangote Cement, une société du Nigeria contrôlée par Aliko Dangote (en médaillon), l’homme le plus riche du pays, est en train d’investir 5 milliards de dollars pour bâtir un empire africain du ciment, avec des projets planifiés au Cameroun, au Sénégal, en Éthiopie, en Zambie et en Afrique du Sud.
Les banques kenyanes et nigérianes se sont également développées dans les régions limitrophes. La United Bank for Africa du Nigeria, qui exerce ses activités au sein de 18 autres nations africaines, dont le Ghana, le Mozambique et la Tanzanie, devrait générer la moitié de son chiffre d’affaires dans les autres pays d’Afrique au cours des années à venir, contre 20 % à présent.
« Il y a un fort potentiel dans les secteurs comme le pétrole et le gaz naturel, qui dans les 10 prochaines années seront toujours en plein essor en Afrique », a affirmé Emmanuel Nnorom, directeur général de UBA Africa.