Africa Defense Forum

UN ANCIEN PRISONNIER SUD-AFRICAIN EST HONORÉ À CANNES

AGENCE FRANCE-PRESSE

Un demi-siècle après le procès historique dans lequel Nelson Mandela échappa à la potence, l’un de ses anciens collègues prisonniers marche sur le tapis rouge de Cannes, en Côte d’Azur, pour la première d’un documentaire sur ceux qui étaient avec lui en prison.

Andrew Mlangeni est l’un des derniers survivants du procès de Rivonia de 1963 et 1964 dans lequel M. Mandela et neuf autres ont affronté la peine de mort en étant accusés de complot de guerre de guérilla et d’actes de sabotage contre le régime d’apartheid d’Afrique du Sud.

« Je savais qu’un jour je sortirais de prison », déclare cet homme de 92 ans qui a passé 27 années sous les verrous. « Mais je n’ai jamais de ma vie pensé que je viendrais en France, et qui plus est que j’apparaîtrais dans un film qui est présenté dans le monde entier. » 

Le discours passionné de trois heures que M. Mandela a prononcé devant les tribunaux, où il a déclaré qu’une Afrique du Sud démocrate était un idéal « pour lequel je suis prêt à mourir », a été le plus important de sa carrière. 

L’État contre Mandela et les Autres, documentaire financé en France et basé sur les enregistrements audio récemment publiés du procès, essaie de rétablir l’équilibre en se concentrant sur ses camarades.

« Mandela n’exprimait pas seulement ses pensées ; il exprimait les pensées de tous les accusés, déclare M. Mlangeni. Nous étions presque certains que nous serions pendus. Mais nous étions prêts. Nous étions prêts pour tout. »

Le film utilise l’animation, les entretiens et les séquences archivées pour montrer comment les accusés ont transformé un procès visant à donner le coup de grâce au mouvement anti-apartheid en réquisitoire contre le régime suprémaciste blanc.

« Nous avions décidé qu’il fallait conduire le procès non pas comme un procès criminel mais comme un procès politique », avait déclaré Ahmed Kathrada, l’un des trois anciens prisonniers – un Noir (M. Mlangeni), un Blanc (Denis Goldberg) et un d’origine asiatique (M. Kathrada) – interviewés pour le film.

M. Kathrada, qui est décédé en 2017, est l’un des héros du documentaire produit par le journaliste Nicolas Champeaux et le metteur en scène Gilles Porte.

Né dans une famille d’immigrants indiens musulmans, il refusa, tout comme ses camarades, de faire appel de sa condamnation de sabotage pour éviter la honte d’être vu en train de supplier pour obtenir une clémence.

À la fin du procès de huit mois, ces hommes n’ont pas été pendus. Au lieu de ça, M. Mandela et sept autres ont été condamnés à la prison à vie, verdict qu’ils ont accueilli avec soulagement.

« C’est la vie ! Et la vie est merveilleuse ! », comme l’avait crié M. Goldberg à sa mère dans la chambre du tribunal.

Comments are closed.