PERSONNEL D’ADF
La violence sexuelle contre les femmes et les filles de tout âge est endémique au Soudan déchiré par la guerre ; elle inclut les viols, les viols collectifs, les mariages forcés et l’esclavage sexuel.
Un nouveau rapport des Nations unies précise que la milice des Forces de soutien rapide (RSF) emploie la violence sexuelle comme tactique délibérée « dans le but de terroriser les civils ».
Le rapport publié le 29 octobre par la mission internationale indépendante d’établissement des faits pour le Soudan déclare : « La majorité des viols et de la violence sexuelle et sexiste a été commise par les RSF. [Cela] suit le modèle consistant à terroriser et punir les civils pour leurs liens apparents avec leurs adversaires et à éliminer toute opposition à leurs avancées. »
Mohamed Chande Othman, président de la mission et juriste tanzanien, déclare que les femmes et les jeunes filles des territoires contrôlés par les RSF sont victimes de ce qui équivaut à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Il dit : « La dimension flagrante de violence sexuelle que nous avons documentée au Soudan est stupéfiante. La situation affrontée par les civils vulnérables, en particulier les femmes et les filles de tout âge, est profondément alarmante et doit être adressée de toute urgence. »
Depuis le début des hostilités en avril 2023, la guerre civile brutale du Soudan entre l’armée et les RSF a provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes et forcé plus de 14 millions à s’enfuir de chez eux, en déclenchant la plus grande crise mondiale de déplacement. Le rapport de l’ONU révèle un modèle de violence sexiste commise par les RSF, dont les combattants ont avancé dans plusieurs régions soudanaises, notamment à Khartoum et dans les états du Darfour et d’Al-Jazirah.
Selon les groupes de défense des droits et les activistes, plusieurs femmes de l’État d’Al-Jazirah, au centre du Soudan, se sont suicidées après avoir été violées par les combattants RSF.
Hala Al Karib, directrice de l’Initiative stratégique pour les femmes dans la Corne de l’Afrique (SIHA), a déclaré à la BBC : « Les RSF ont lancé une campagne de représailles dans les zones contrôlées par Abu Kayka [ex-général des RSF]. Elles ont pillé, tué des civils qui résistaient et violé des femmes et des fillettes. »
Tout en documentant la violence sexiste au Soudan pendant une semaine à la fin octobre, SIHA a confirmé trois cas de suicide parmi les femmes victimes de la violence sexuelle dans l’État d’Al-Jazirah, selon Hala Al Karib.
Le rapport de l’ONU déclare que la violence sexuelle s’est aussi produite lors de l’attaque contre les abris pour déplacés internes et les civils qui fuyaient les combats. Ce rapport dit que les RSF ont commis des crimes sexuels « avec une cruauté particulière » dans l’Ouest du Darfour, notamment en utilisant « des armes à feu, des couteaux et des fouets pour intimider ou forcer les victimes tout en utilisant des insultes méprisantes, racistes ou sexistes et des menaces de mort ».
Le rapport déclare : « Selon des informations de première main, on signale les viols de fillettes âgées de 8 ans, et de femmes âgées de 75 ans. »
Bien que les Forces armées soudanaises aient été, elles aussi, accusées d’abus sexuels contre les civils, le rapport de l’ONU dit que ce sont les RSF qui sont responsables pour « la violence sexuelle à grande échelle ». Il déclare aussi que les RSF et leurs milices arabes alliées ont commis « des enlèvements, des recrutements et l’utilisation des enfants dans les combats ».
Joy Ngozi Ezeilo, professeure et juriste nigériane, et l’une des trois experts de la mission d’établissement des faits de l’ONU, déclare que les RSF détruisent les vies avec impunité et doivent être tenues responsables. Elle dit : « Ces femmes, ces filles et garçons, et ces hommes du Soudan qui sont de plus en plus exposés à la violence sexuelle et sexiste ont besoin de protection. Sans responsabilisation, le cycle de haine et de violence continuera. »
Mohamed Chande Othman déclare que la situation continue à se détériorer et souligne le besoin de protéger les civils de toute urgence.
« Il faut trouver un moyen de créer des conditions pour le déploiement immédiat d’une force de protection indépendante. Il n’existe pas de lieu sûr au Soudan à l’heure actuelle. »