Africa Defense Forum

Le rôle joué par les marchés de pangolin dans le coronavirus est analysé

PERSONNEL D’ADF

L’animal victime du plus grand braconnage illégal du monde pourrait-il être lié au coronavirus ?

Deux groupes de virus semblables à celui ayant causé la pandémie chez les humains ont été identifiés dans les pangolins malais introduits par contrebande en Chine, selon un reportage de la BBC. Bien que le rôle de ces animaux comme hôtes intermédiaires dans l’épidémie n’ait pas été officiellement vérifié par une autorité sanitaire mondiale indépendante, les ventes d’animaux sauvages tels que les pangolins sont de plus en plus interdites dans les marchés humides d’Asie. Ces marchés de plein air où les animaux vivants sont abattus et dépecés sur place, souvent dans des conditions peu sanitaires, ont été récemment une source d’épidémies de maladie.

Selon l’hypothèse scientifique en vigueur, des chauves-souris fer à cheval ont infecté des pangolins avec le virus SARS-CoV-2 qui provoque le Covid-19. Les pangolins sont ensuite entrés en contact avec, ou ont été consommés par, les humains, par l’intermédiaire d’un marché humide de fruits de mer à Wuhan (Chine), ce qui a conduit à la pandémie.

On pense aussi que le virus mortel du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui était originaire de la province chinoise du Yunnan en 2002 était apparu lorsque des chauves-souris fer à cheval avaient infecté des mammifères sauvages appelés civettes, et s’était propagé chez les humains grâce aux marchés humides.

Le Journal of Proteome Research et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime ont conclu que le pangolin était le maillon intermédiaire principalement soupçonné dans la transmission du Covid-19 entre les chauves-souris et les humains. Des études précédentes conduites en février avaient mis en doute le pangolin comme origine de l’épidémie, car la connexion génétique du coronavirus au pangolin est seulement de 85 à 95 %, selon Arinjay Banerjee, expert du coronavirus à l’Université McMaster du Canada.

L’Assemblée mondiale de la santé, organisme de prise de décision clé de l’Organisation mondiale de la santé, s’est réunie virtuellement le 18 mai et a voté pour conduire une investigation internationale concernant la source du virus qui provoque le Covid-19. Le projet de motion exhorte la communauté internationale de la santé à « identifier la source zoonotique du virus et la voie d’introduction dans la population humaine ».

Il existe différentes espèces de pangolin, dont les tailles varient depuis celle d’un petit chat jusqu’à un poids de 40 kilos. Certains ont des langues qui peuvent être plus longues que leur corps. Les pangolins sont les animaux sauvages les plus affectés par le braconnage illégal mondial.

Ces animaux sont des gibiers de chasse dans toute l’Asie et l’Afrique, où ils sont achetés et vendus illégalement, surtout à la Chine, pour leurs écailles et leur chair. Les écailles de pangolin sont en kératine, substance que l’on trouve aussi dans les cheveux et les ongles des humains. Les écailles sont un ingrédient utilisé dans la médecine chinoise traditionnelle, bien que la kératine n’ait aucune valeur médicinale.

En avril 2019, des douaniers de Singapour ont inspecté un conteneur et découvert près de 13 tonnes d’écailles de pangolin, d’une valeur de 39 millions de dollars. Moins d’une semaine plus tard, ils ont découvert une autre cargaison semblable. En tout, les braconniers ont massacré 72.000 pangolins pour produire ces quantités. L’ONU déclare que, entre 2014 et 2018, les autorités ont saisi l’équivalent de 370.000 pangolins.

Il existe huit espèces de pangolin, quatre en Asie et quatre en Afrique. En 2016, toutes les espèces de pangolin ont été placées sur la liste des espèces protégées de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.

L’ONU a découvert que, à mesure que le nombre de pangolins asiatiques diminuait à cause de la surexploitation, les contrebandiers se tournaient vers l’Afrique pour satisfaire à la demande. À partir de 2013, les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale tels que le Nigeria et le Cameroun sont devenus des fournisseurs majeurs d’écailles et de chair de pangolin. Plus récemment, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Liberia ont été impliqués dans le commerce illégal.

L’ONU indique que les chasseurs peuvent gagner entre 8 et 13 dollars pour un petit pangolin vivant, et entre 25 et 30 dollars pour un grand. En Ouganda, les chasseurs ont indiqué qu’ils en attrapent jusqu’à 20 par jour. Une fois capturés, les pangolins sont placés dans de l’eau chaude ou sur le feu pour retirer leurs écailles précieuses.

Les scientifiques continuent à rechercher l’origine et le mode de transmission de l’épidémie actuelle de Covid-19 chez les humains. Les observateurs espèrent que les annonces récentes du gouvernement chinois selon lesquelles il coopérera pour établir une investigation internationale impartiale signalent une volonté de permettre à la recherche d’avancer.

Être associé à une pandémie mondiale pourrait se révéler une bénédiction pour le pangolin menacé. En février, la Chine a annoncé qu’elle interdirait à ses habitants de manger du pangolin, ainsi que d’autres animaux sauvages tels que les blaireaux, les paons et les civettes, bien que les ventes en ligne sur le « marché noir » aient monté en flèche dans le pays. Le Gabon a aussi interdit la consommation du pangolin en mars. Les conservationnistes espèrent que la pandémie conduira à un moratoire international sur l’utilisation des pangolins, en particulier, pour leur chair et les parties de leur corps.

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