LA VOIX DE L’AMÉRIQUE
Le président tanzanien John Magufuli accélère à fond sa lutte contre le gaspillage et la corruption.
Les Tanzaniens disent qu’ils aiment cette approche de prise en charge volontariste, bien que cela ne soit pas nouveau pour lui. John Magufuli a été surnommé « Le Bulldozer » pour les efforts similaires qu’il a entrepris pendant les 15 années qu’il a passées à la tête du ministère des Travaux publics.
Dès le premier jour de sa prise de fonction en novembre 2015, John Magufuli a rendu une visite surprise au ministère des Finances, où il a fustigé les fonctionnaires qui n’étaient pas à leur bureau. Le président Magufuli a restreint les voyages à l’étranger pour la plupart des responsables gouvernementaux. Il a considérablement réduit la taille de la délégation excessivement nombreuse qui devait participer à la réunion des pays du Commonwealth, de 50 représentants à seulement quatre.
Les photos du président Magufuli participant au nettoyage des détritus dans les rues ont été omniprésentes dans les médias sociaux. En novembre 2015, il a annulé les somptueuses célébrations du Jour de l’indépendance et a ordonné à la place que les fonds soient utilisés pour combattre une flambée de choléra qui a fait des dizaines de victimes et a contaminé près de 5.000 personnes.
Il y avait des signes de plus en plus nombreux de corruption officielle. En 2014, un scandale a éclaté révélant que les ministres du gouvernement utilisant des comptes séquestres avaient apparemment détourné 180 millions de dollars de la Banque centrale. John Magufuli a suspendu le commissaire général de l’Autorité fiscale tanzanienne (Tanzania Revenue Authority), lequel était soupçonné de fermer les yeux sur la corruption et l’évasion fiscale à l’aéroport de Dar es-Salaam. Ce responsable est à présent en état d’arrestation, de même que cinq autres fonctionnaires.
Le secrétaire général du parti au pouvoir, Abdulrahman Kinana, a salué ces décisions, affirmant que « ceci réglementera les diverses sources de revenus pour s’assurer que toutes les échappatoires seront éliminées et que tout le monde paiera ses impôts à l’État de façon à nous permettre d’atteindre nos objectifs ».
Senkai Kilonzo, du Tanzanian Policy Forum (forum tanzanien des politiques publiques), qui traite de questions de gouvernance, a noté que John Magufuli s’appuyait sur sa propre expérience.
« Le président a été ministre pendant environ 20 ans. Il a eu le temps de s’apercevoir de la nature des problèmes et d’être très préoccupé par les gaspillages, la corruption pure et simple et le vol éhonté des deniers publics », a observé Senkai Kilonzo. « Il s’est probablement senti très mal à l’aise toutes ces années, et j’imagine qu’il a peut-être maintenant l’occasion de faire amende honorable et que c’est ce qu’il essaie de faire ».