En novembre 2014, un attentat horrible a été perpétré contre une mosquée de Kano au nord du Nigeria, faisant plus de 100 victimes civiles innocentes. Selon toutes les apparences, il portait l’empreinte de Boko Haram.
Dans le nord du Kenya, al-Shebab a lancé deux attaques effroyables. Le 2 décembre, des éléments du groupe ont fondu sur une carrière à proximité de la ville de Mandera, décapitant et abattant 36 ouvriers. Une semaine avant cela, et dans la même région, le groupe a assassiné 28 voyageurs après avoir forcé leur bus à quitter la route.
Au Mali, des groupes terroristes continuent de tendre des embuscades meurtrières aux soldats du maintien de la paix. Entre le début du déploiement de la force des Nations Unies en juillet 2013 et le début du mois d’octobre 2014, 31 soldats du maintien de la paix ont été tués et 91 ont été blessés.
La région du Sahel endure depuis longtemps la menace d’al-Qaida au Maghreb islamique. Une fois de plus, nous assistons à l’impact déstabilisateur des événements qui se déroulent au Moyen-Orient et qui affectent non seulement cette région, mais constituent également une source d’inspiration pour les groupes terroristes en Afrique qui continuent, avec leur idéologie tortueuse et leurs promesses fallacieuses, à inciter de nombreux jeunes à quitter leur foyer et à rejoindre leurs rangs.
En septembre 2014, un groupe, se désignant sous le nom de Jund al-Khalifa, qui avait fait allégeance à l’organisation autoproclamée État islamique (EI, également connu sous le nom d’État islamique en Irak et en Syrie [EIIS]), a pris en otage et décapité un citoyen français en Algérie. D’autres groupes en Libye et en Tunisie ont également fait allégeance à l’EI. On estime que plus de 4.000 Africains figurent dans les rangs de l’EI. Ces éléments constitueront une grave menace une fois de retour en Afrique et si nous échouons à mettre en place les mécanismes nécessaires pour traiter leurs cas conformément à la loi.
C’est dans ce contexte que le Conseil de paix et de sécurité a organisé son sommet en septembre 2014. Le sommet a mis l’accent sur le fait que le traitement du terrorisme est une affaire multidimensionnelle s’exerçant à plusieurs niveaux, et qui exige des efforts sérieux et continus de la part des États membres, des communautés économiques régionales et de la communauté internationale. À cet égard, le sommet a fait état de son inquiétude quant au fait que, malgré les avancées réalisées dans l’élaboration d’un cadre opérationnel complet dans la lutte contre le terrorisme, il n’en demeure pas moins que les graves lacunes en matière de mise en œuvre constituent une véritable préoccupation, ce qui pourrait entraver la lutte de l’Afrique contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Premièrement, nous devons renforcer la réaction de la justice pénale contre le terrorisme et en faveur de l’état de droit. L’Union africaine et la communauté internationale ont mis en place un certain nombre d’instruments juridiques qui traitent du terrorisme et des crimes qui s’y rattachent. Toutefois, le rythme de la ratification et de la mise en œuvre de ces instruments demeure lent, et nos tribunaux, nos services de police et nos services de renseignement sont insuffisamment équipés et qualifiés pour poursuivre, punir et dissuader les terroristes.
Deuxièmement, si nous ne nous penchons pas sur les conditions ayant conduit à la propagation du terrorisme, nous continuerons d’en traiter les symptômes au lieu de traiter ses causes sous-jacentes. Il se peut que nous ayons des désaccords sur ce qui conduit un jeune homme ou une jeune femme à perpétrer un acte terroriste ou à rejoindre un groupe terroriste. Toutefois, nous pouvons nous attaquer aux conditions qui aliènent notre jeunesse, qui conduisent ces jeunes à perdre leur foi dans les valeurs démocratiques et dans la justice sociale, et qui les enferment dans la pauvreté et la marginalisation.
Des progrès ont été réalisés, et je vous félicite pour votre engagement envers cet effort de collaboration, mais il reste à cette plateforme à atteindre son plein potentiel. Des améliorations sont encore nécessaires, et il nous faut encore renforcer nos rôles de coordination au niveau national et régional, afin de partager efficacement les informations et de prendre une part plus active dans la mobilisation des autorités nationales pour la mise en œuvre des différents aspects de la lutte contre le terrorisme.