PERSONNEL D’ADF
En novembre 1922, Tafari Makonnen, un noble éthiopien, a assisté à un spectacle aérien de la Royal Air Force britannique organisé dans la ville côtière d’Aden, au Yémen. Les avions créaient alors l’événement, n’ayant été inventés que 20 ans auparavant.
Ce jeune Éthiopien n’avait jamais vu un appareil d’aussi près et il était fasciné. Il a demandé s’il était possible que son pays en acquière un. On dit que les Britanniques auraient été quelque peu rebutés par la demande venant de cet aristocrate de 1,57 m, et il se pourrait qu’ils l’aient ridiculisé, l’invitant à s’en tenir aux chevaux de son pays.
Mais pour cet Éthiopien, il n’était pas question d’en rester là. Il a défendu l’idée d’une force aérienne éthiopienne, et son pays s’est fait livrer son premier avion militaire, un biplan monomoteur français, en 1929. Cet avion a marqué les débuts de la première armée de l’air d’un pays africain indépendant.
En quelques mois, la flotte comptait huit avions, six biplans français et deux monoplans allemands. Cette force aérienne, appelée l’Imperial Ethiopian Aviation (IEA), était commandée par un pilote français et accomplissait essentiellement des missions de transport et des missions diplomatiques.
Un an plus tard, ce noble éthiopien visionnaire est devenu l’empereur Haïlé Sélassié, l’un des dirigeants les plus influents de l’histoire de l’Afrique. La nouvelle force aérienne de Haïlé Sélassié s’est heurtée à d’innombrables obstacles. Il a fallu des années pour créer un programme de formation des pilotes, et entretemps, l’Éthiopie a dû s’en remettre à des pilotes étrangers. En 1935, la force aérienne comptait 13 aéronefs, mais seulement quatre pilotes, dont seulement deux étaient éthiopiens. Il n’y avait pas de mécaniciens originaires du pays pour l’entretien.
Lorsque l’Italie a envahi l’Éthiopie le 3 octobre 1935, l’IEA n’était pas préparée à défendre le pays. Aucun de ses appareils n’était prêt au combat, et elle ne comptait dans ses rangs aucun pilote formé au combat. Malgré cela, dès le début de la guerre, l’IEA a transporté des troupes, des munitions et des fournitures selon les besoins, en étant souvent attaquée par les avions italiens et visée par des tirs d’artillerie au sol.
De nombreux Noirs américains étaient révoltés par l’invasion italienne, la considérant comme un affront à leurs ancêtres. Deux d’entre eux, John Robinson et Hubert Julian, ont rejoint l’IEA pour transporter du matériel militaire et des fournitures médicales. John Robinson a également fait venir des élèves éthiopiens aux États-Unis pour qu’ils reçoivent une formation au pilotage.
Les Italiens, avec la supériorité de leur armement, ont fini par écraser l’Éthiopie et ont occupé le pays jusqu’en 1941. À la fin de la guerre, l’IEA n’existait plus. En 1945, un nouveau corps des forces armées a été créé, l’Armée de l’air impériale éthiopienne, avec de nouveaux aéronefs, en repartant à zéro. Haïlé Sélassié, en collaboration avec John Robinson, a créé une nouvelle école de pilotage formant 75 élèves. Toutefois, l’armée de l’air dépendait fortement des pilotes et instructeurs étrangers pour son entraînement, en particulier des aviateurs suédois, et elle n’a pas eu de commandant autochtone avant 1962.
La place de John Robinson dans l’histoire de l’Éthiopie est assurée. En effet, il a contribué à la création d’un service de transport aérien civil, qui est devenu le noyau de ce qui est maintenant la compagnie Ethiopian Airlines, l’une compagnies aériennes de l’Afrique les plus importantes et les plus prospères.
En 1953, l’Armée de l’air éthiopienne a signé un accord de défense avec les États-Unis, avec l’acquisition d’un escadron de chasseurs F-86 en 1960. Toutefois, le pays était en proie à des difficultés financières pour entretenir et développer ses forces armées, et vers le milieu des années 1990, le nombre de ses aéronefs utiles était négligeable. L’Éthiopie est à présent l’une des véritables puissances aériennes commerciales du monde, mais pas une puissance aérienne militaire majeure.
Aujourd’hui, l’Afrique compte environ 25 pays disposant d’au moins 20 aéronefs militaires, et neuf de ces pays ont des forces importantes rivalisant avec celles d’autres pays sur la scène mondiale. On ne doit pas oublier que c’est l’Éthiopie et son empereur visionnaire qui en ont été les précurseurs.