PERSONNEL D’ADF
La piraterie continue à décroître dans le golfe de Guinée à la suite des efforts entrepris par les marines régionales et internationales et des condamnations pour actes de piraterie au Nigeria et au Togo en 2021, selon un rapport des Nations unies.
Mais les responsables onusiens notent que le déclin de la piraterie pourrait être en partie causé par un changement entrepris par les réseaux criminels pour commettre d’autres crimes, notamment le détournement du pétrole.
L’Organized Crime and Corruption Reporting Project remarque que le golfe était devenu le point focal mondial de la piraterie au cours des quinze dernières années. Parmi les incidents, on compte les attaques à main armée, l’abordage et le détournement des navires, les enlèvements et les assassinats. Toutefois, seulement 34 incidents de piraterie ont été signalés en 2021 dans le golfe, comparé à 81 en 2021. Au cours des neuf premiers mois de 2022, 13 incidents seulement ont été signalés.
Florentina Adenike Ukonga, secrétaire exécutive de la Commission du golfe de Guinée, déclare : « Ce n’est cependant pas le moment de nous reposer sur nos lauriers. » Elle indique le besoin de réprimer plusieurs autres crimes maritimes qui affectent le bien-être des populations côtières.
Le Nigeria est le plus grand pays de la région, doté de l’économie la plus importante. Selon l’agence de presse Quartz, il a reçu des louanges avec les principaux pays du golfe pour leur coopération mutuelle.
Lors de l’annonce de l’ONU, les responsables notent que la piraterie pourra retourner dans le golfe si la vigilance n’est pas maintenue. Ils déclarent aussi qu’il est toujours crucial de disposer des structures nationales et légales nécessaires pour poursuivre efficacement en justice les personnes engagées dans la piraterie.
L’ONU signale que moins du tiers des pays du golfe de Guinée ont adopté une législation visant à criminaliser la piraterie, telle que définie dans la Convention sur le droit maritime.
En 2021, un tribunal togolais a déclaré coupables et condamné à des peines de prison neuf personnes pour actes de piraterie maritime, dans le cadre du premier procès de ce type. L’affaire remontait à un incident de 2019 dans lequel le groupe avait abordé un petit pétrolier et volé l’équipage avant d’être arrêté par la Marine togolaise, selon un reportage du Maritime Executive.
Quelques semaines après les procès du Togo, un tribunal nigérian a prononcé ses premières condamnations en vertu des nouvelles lois anti-piraterie. Le tribunal a condamné à douze ans de prison dix pirates pour le détournement d’un navire marchand à Port Harcourt, plateforme pétrolière du Nigeria.
Le Critical Maritime Routes Programme financé par l’Union européenne a publié un rapport liant la baisse de la piraterie à la hausse du détournement de pétrole. Ce rapport indique que, bien que la piraterie suive une « trajectoire descendante », le détournement illégal du pétrole et le vandalisme des pipelines ont atteint « un niveau record ».
Le détournement du pétrole concerne toutes les formes de vol, notamment au niveau des pipelines et des navires.
« Les recherches sur le terrain dans le delta du Niger montrent que les acteurs de haut niveau qui contrôlent les groupes de pirates et le détournement du pétrole ont pu atteindre un consensus pour mettre fin à la piraterie en haute mer, selon le rapport. Un facteur clé existe toujours : comparé à la piraterie en haute mer, le détournement du pétrole est moins risqué et apporte des bénéfices ou des profits beaucoup plus grands. »
Le rapport note que le golfe a maintenant un grand nombre de patrouilles internationales et régionales, ce qui rend la piraterie plus risquée que jamais. Depuis 2021, on a constaté une série d’attaques manquées « et il est devenu de plus en plus difficile pour les groupes de pirates d’enlever les marins en haute mer. »
Le détournement est particulièrement difficile pour le Nigeria. Le Maritime Executive signale qu’en juillet 2022, le Nigeria a été devancé par l’Angola comme plus grand exportateur africain de pétrole.
Le service de presse signale : « Certains analystes blâment le vol du pétrole à une échelle industrielle comme raison de cette chute. En outre, la production nigériane de pétrole brut a baissé à une moyenne de 940.000 barils par jour en septembre 2022, niveau que l’on n’avait pas vu depuis les années 80. »