PERSONNEL D’ADF
Le Bénin est devenu le premier pays africain ayant décidé de partager ouvertement ses données sur les vaisseaux de pêche actifs dans ses eaux territoriales en établissant un partenariat avec Global Fishing Watch (GFW) en mai dernier.
Le Bénin créera un système de surveillance de navire (VMS) et partagera ses données par l’intermédiaire de la carte de GFW. Jusqu’à l’établissement du système VMS du Bénin, le partenariat aidera à traquer tous les vaisseaux de pêche actifs dans les eaux béninoises et employant un système d’identification automatique (AIS), ainsi que ceux situés dans les eaux adjacentes hors de la zone économique exclusive du Bénin.
Gaston Cossi Dossouhoui, ministre béninois de l’Agriculture, du Bétail et de la Pêche, a déclaré dans une annonce de presse : « Grâce à notre partenariat avec Global Fishing Watch, nous pouvons renforcer nos capacités de surveillance des activités de pêche, appliquer la loi et démontrer notre engagement envers la transparence pour soutenir l’économie des océans. Nous encourageons les autres états africains à se joindre à nous dans cette initiative pour éliminer les activités illicites dans nos eaux. »
Le partenariat est entièrement financé par des organismes tels que Bloomberg Philanthropies, Moore Foundation, OAK Foundation et Oceans 5.
GFW présentera les données AIS et VMS par l’intermédiaire de son portail des navires transporteurs et ses outils de visualisation des navires pour aider les autorités béninoises à identifier et analyser les opérations de pêche dans leurs eaux.
Dame Mboup, chef de programme de Global Fishing Watch pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a déclaré à ADF dans un e-mail : « Grâce au partenariat, nous fournirons aussi au Bénin l’accès à d’autres technologies de suivi par satellite pour détecter les cibles obscures, c’est-à-dire les vaisseaux qui ne transmettent pas publiquement leur emplacement ou n’apparaissent pas sur les systèmes publics de surveillance. Elles incluent l’imagerie satellite radar (radar à synthèse d’ouverture ou SAR) qui peut détecter la présence des gros navires. »
Le SAR fonctionne 24 heures sur 24 et en présence d’une couverture nuageuse. Lorsque les vaisseaux emploient des lumières vives pour attraper le poisson, celles-ci peuvent être décelées par des capteurs de lumière satellitaires appelés VIIRS.
« À mesure que le partenariat entre Global Fishing Watch et le Bénin et d’autres états africains se renforce et s’étend, et que de nouvelles technologies de suivi des navires émergent, le Bénin bénéficiera de nouvelles capacités pour améliorer ses efforts de surveillance, contrôle et vigilance maritime », a dit M. Mboup à ADF.
La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) est depuis des dizaines d’années un problème persistant au Bénin et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. La pêche INN représente environ 40 % de tout le poisson pêché dans la région et menace les moyens de subsistance d’environ 7 millions de personnes, selon GFW. Les stocks de poisson de la région sont en forte baisse.
La Chine régit la flotte de pêche en eaux distantes la plus vaste du monde et représente la plus grande menace liée à la pêche illégale dans la région. Selon l’Indice de pêche INN, la Chine est le pire contrevenant mondial de la pêche INN.
La Commission régionale des pêches pour le golfe de Guinée et la Commission des pêches sous-régionale ont aussi exprimé leur intérêt dans une association avec GFW.
M. Mboup a déclaré dans une annonce de presse : « La collaboration régionale est cruciale pour éliminer la pêche INN et restaurer les populations de poisson. Global Fishing Watch est enthousiaste pour soutenir un nombre croissant d’états d’Afrique de l’Ouest qui travaillent ensemble pour partager les données de pêche et maîtriser la technologie afin de protéger leurs ressources marines et promouvoir la sécurité économique. »
En décembre 2021, le Bénin, le Ghana et le Togo ont signé un accord pour œuvrer ensemble en vue de réduire la pêche illégale. Le Bénin et le Togo ont effectué ce même mois leur première opération de patrouille conjointe. Elle a été financée par le Programme de l’Union européenne pour l’amélioration de la gouvernance de la pêche en Afrique de l’Ouest, connu sous le nom de PESCAO.
En plus des patrouilles en mer, les pays partageront les informations du Centre régional de surveillance, contrôle et vigilance du Ghana, qui a été créé par le Comité des pêches du golfe de Guinée Centre-Ouest en 2021.