LE MATÉRIEL DE POINTE DEVIENT PLUS ABORDABLE ET SERT DE MULTIPLICATEUR DE FORCE DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX
Alors que les aéronefs sans pilote transforment la dynamique de la guerre, il n’est pas surprenant que la technologie change aussi le maintien de la paix.
Les Nations Unies utilisent des véhicules aériens sans pilote, communément appelés UAV ou drones, depuis fin 2013, pour survoler la région instable à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Les drones de 5 mètres de long surveillent des régions éloignées auxquelles les forces de maintien de la paix de l’ONU ne peuvent pas accéder. Équipés de caméras, de capteurs de signature thermique et d’appareils de vision nocturne, les drones peuvent surveiller dans l’obscurité et détecter des mouvements sous une épaisse canopée, marquant un nouveau tournant dans la collecte d’informations.
Les drones patrouillent le long de la frontière est, à basse altitude, surveillant les rebelles et les milices, et repèrent l’exploitation minière illégale dans la région.
La mission en RDC, connue sous l’acronyme de MONUSCO, est la première au cours laquelle l’ONU utilise des drones pour le maintien de la paix. Si les avions sophistiqués ne sont pas bon marché, ils deviennent toutefois plus abordables. Le coût initial de la mission utilisant deux drones a été estimé à 15 millions de dollars par an, soit environ 1 pour cent du budget annuel de la mission. Depuis, la mission a ajouté trois drones supplémentaires, bien que l’un d’entre eux se soit écrasé en octobre 2014.
« Ils fournissent un très bon retour sur investissement », a déclaré un responsable de l’ONU à FoxNews.com. « Lorsque vous êtes disséminés dans la région, ces drones apportent une paire d’yeux supplémentaires à nos soldats de la paix en RDC ».
L’utilisation de drones dans l’armée est là pour durer. Déjà en 2012, au moins 10 pays africains avaient établi un programme d’utilisation de drones.
LA TECHNOLOGIE DE POINTE SUR LE TERRAIN
L’utilisation de drones par l’ONU pour des opérations de maintien de la paix représente un changement de philosophie, alors que, la technologie quitte les bureaux pour s’installer sur le terrain. Des critiques ont été émises, ces dernières années, sur le fait que l’ONU utilise la technologie de pointe dans ses états-majors, mais tarde à les utiliser sur le terrain.
En 2000, un rapport de l’ONU a appelé à utiliser plus intensivement des systèmes de positionnement global et d’autres systèmes d’information géographique dans les missions de maintien de la paix. En 2009, un rapport similaire a préconisé « une meilleure utilisation de la technologie pour soutenir un déploiement plus léger et plus souple ». En dépit du besoin d’accroître l’utilisation des technologies dans les opérations de maintien de la paix, le Centre sur la Coopération internationale a indiqué que « de nombreuses missions ne disposaient pas encore de la technologie nécessaire à l’exécution de leur mandat ».
Walter Dorn, professeur au Collège des Forces canadiennes et au Collège militaire royal du Canada, est l’un des cinq experts nommés par l’ONU pour examiner l’utilisation de la technologie dans le maintien de la paix. Il a écrit un livre sur le sujet, Keeping Watch: Monitoring, Technology and Innovation in UN Peace Operations, publié en 2011.
Walter Dorn estime que l’ONU a du temps à rattraper. « Le maintien de la paix, ce n’est plus des casques bleus situés entre deux fronts, mais plutôt un défi plus complexe et multidimensionnel qui implique l’ONU dans des missions anti-insurrectionnelles, policières, de collecte d’informations et de construction nationale, pour lesquelles les nouvelles technologies militaires sont indispensables », a-t-il écrit.
Walter Dorn a confié à ADF que si le matériel de pointe cher joue un rôle crucial dans le maintien de la paix, des technologies bon marché, disponibles dans le commerce, comme les smartphones, sont les plus utiles dans les missions.
« Des produits peu onéreux tels que des appareils photos avec des zooms hautes performances, des webcams et des caméscopes sont devenus des articles ménagers courants », a écrit Walter Dorn dans son livre. « Les télévisions en circuit fermé et les réseaux de vidéosurveillance rendent les boutiques et les rues plus sûres dans le monde entier. Mais l’idée de surveiller par vidéo des endroits stratégiques de villes ravagées par la guerre est encore nouvelle dans le maintien de la paix. L’utilisation de détecteurs de mouvements est largement répandue dans les systèmes d’alarme domestiques et par exemple dans les systèmes d’éclairage nocturne pour avertir les occupants d’une maison de la présence de visiteurs ou d’intrus, mais ils ne font pas encore partie de l’attirail des soldats de la paix dans les zones de conflits les plus brûlantes ».
LA COLLECTE D’INFORMATIONS
Qui dit technologie ne dit pas forcément gadgets, c’est aussi l’utilisation sophistiquée des données. Dans un rapport de 2013 sur la technologie dans le maintien de la paix, les chercheuses Anne Kahl et Helena Puig Larrauri ont expliqué : « Les caractéristiques principales de la technologie, à la fois nouvelle et ancienne, promettent d’optimiser les efforts de maintien de la paix. Le traitement des données, en particulier, pourrait être un élément clé de tout programme de maintien de la paix ».
Le traitement des données implique la collecte, l’organisation et l’analyse des données, ce qui peut aussi bien inclure des photos prises par des drones, ou la création de bases de données issues de crowdsourcing, d’e-mails et de sms.
« L’application la plus évidente de ces outils est d’aider à collecter de meilleures données pour les systèmes d’alerte précoce des conflits », est-il dit dans le rapport. Les chercheurs ont notamment mentionné Voix des Kivus, un programme de crowdsourcing utilisé en RDC depuis 2009. Peter van der Windt, un chercheur et professeur basé à New York, a participé au programme dès le début.
« Les atrocités dans des zones difficiles d’accès – par exemple, dans des régions de l’est du Congo – passent souvent inaperçues à cause du manque d’accessibilité, en raison, à la fois, de la mauvaise infrastructure et du simple fait que les combats rendent dangereuse l’approche de ces zones », a écrit Peter van der Windt pour Ushahidi.com.
« L’impossibilité pour les ONG internationales et humanitaires de collecter des informations dans ces conditions, entrave l’acheminement en temps voulu d’une aide efficace et opportune ».
« C’est ainsi que cela fonctionne », explique Peter van der Windt. « Dans chaque village participant à Voix des Kivus, il y a trois personnes avec un téléphone portable : un chef traditionnel, une représentante des groupes de femmes et un élu de la communauté. Ces personnes ont été formées à la manière d’envoyer des messages vers le système. On leur donne un téléphone portable, un crédit mensuel et une liste de codes représentant les différents événements qui peuvent se produire dans le village. L’envoi de messages est libre, mais aussi bénévole – bien que les utilisateurs n’aient pas à payer pour chaque message, ils ne reçoivent aucune compensation financière ».
« Voix des Kivus fournit aux communautés participantes un système pour créer des histoires, archiver les témoignages et communiquer avec le reste du monde sur les événements qui touchent leur vie quotidienne. Pour les chercheurs et les intervenants sur le terrain, les informations collectées constituent une importante ressource pour connaître la situation sur le terrain dans des zones difficilement accessibles ».
LA VISION NOCTURNE CHANGE TOUT
Il ne faut pas négliger l’importance de la révolution dans la surveillance nocturne. Comme l’a indiqué Walter Dorn, à l’exception des gardes de nuit, le maintien de la paix est un « travail de jour ». Et parce que l’on ne peut pas voir grand-chose à l’œil nu dans l’obscurité, les belligérants ont le champ libre pendant environ 10 heures.
Le matériel de vision nocturne, ainsi que d’autres technologies de surveillance sont en train de changer les règles du combat nocturne. La technologie de vision nocturne est tellement efficace que de nombreux militaires refusent d’aller sur le terrain sans en être équipés.
Des détecteurs de rayonnement infrarouge qui détectent la chaleur sont les outils les plus efficaces pour la vision nocturne, mais ils coûtent généralement plus de 5.000 dollars pièce – un prix inabordable pour la plupart des missions de l’ONU ou de l’Union africaine. À la place, les soldats de la paix utilisent une forme simple de vision nocturne appelée amplificateur de brillance. Ces appareils détectent et amplifient la lumière visible jusqu’à 25.000 fois ou plus. Ils dépendent de la lumière réfléchie par le ciel nocturne ou d’autres sources.
Dans d’excellentes conditions, telles qu’un ciel nocturne dégagé et la pleine lune, une sentinelle utilisant un amplificateur de brillance moderne peut voir des personnes en mouvement à 1.500 mètres. Ces appareils sont vendus au prix modeste de 300 dollars pièce.
LE MEILLEUR OUTIL DU MAINTIEN DE LA PAIX
L’outil le plus polyvalent dans l’arsenal du maintien de la paix est le téléphone portable et, plus récemment, le smartphone. L’utilisation du portable en Afrique a augmenté plus vite que dans n’importe quelle autre région du globe. En 2003, il y avait 54 millions d’abonnés mobiles en Afrique ; fin 2014, ils étaient environ 635 millions. D’ici 2019, l’Afrique devrait avoir 930 millions d’abonnés mobiles.
Dans sa forme la plus simple, un téléphone portable peut être utilisé pour avertir l’armée et la police et coordonner les secours. Un smartphone moderne, ne coûtant pas plus de 100 dollars, peut aussi servir de caméra de surveillance, d’outil de collecte de données et de crowdsourcing. Les soldats de la paix qui ne parlent pas une langue commune l’utilisent maintenant comme aide à la traduction.
Si l’on considère uniquement le nombre de langues parlées en Afrique, on constate qu’il y a 14 grandes « familles » de langues sur le continent, avec un nombre ahurissant de variantes au sein de ces familles. Rien qu’au Nigeria, il existe 500 langues. Il peut y avoir plus de 3.000 langues parlées à travers tout le continent.
Les barrières linguistiques ont longtemps constitué un obstacle aux missions de maintien de la paix en Afrique. Les missions d’entraînement et de maintien de la paix ont été entravées par les différences de langues parmi les soldats de la paix et avec les civils qu’ils étaient chargés de protéger. Selon Walter Dorn, les smartphones vont y remédier.
« Avec les téléphones portables et Internet, les soldats de la paix sur le terrain ont pu recevoir des traductions d’un service central de traduction, au lieu de devoir se fier entièrement à l’interprète qui les accompagnait. En outre, ils ont pu vérifier l’exactitude des traductions fournies par les personnes qui les accompagnaient, notamment pour déceler un éventuel parti pris de l’interprète, ce qui représente parfois un grave problème lors d’opérations de maintien de la paix au sein de sociétés divisées », a expliqué Walter Dorn.
Toutefois, les applications de traduction pour smartphones sont encore en cours de développement. Nombre d’entre elles nécessitent un accès à Internet pour pouvoir consulter les dictionnaires en ligne et les systèmes de reconnaissance vocale peuvent faire des erreurs.
« Si vous êtes un touriste qui cherche où se trouve la gare, ces outils sont très pratiques », a déclaré Elizabeth Bernhardt, directrice du Centre linguistique de l’université de Stanford. Cependant, a-t-elle expliqué au San Jose Mercury News : « Si j’étais dans un contexte d’affaires en train de mener d’importantes négociations, je ne me fierais pas à la traduction automatique ». Il en serait de même pour une mission de maintien de la paix.
Pour l’heure, les soldats de la paix continuent à se fier aux outils classiques pour surveiller les zones de trouble. Une paire de jumelles standard reste l’élément essentiel de l’équipement de surveillance. Mais les agresseurs commencent à utiliser la technologie moderne et les soldats de la paix n’ont pas d’autre choix que de suivre le mouvement.
TECHNOLOGIE MODERNE DE MAINTIEN DE LA PAIX
LES DRONES, ou véhicules aériens sans pilote (UAV), ont largement été utilisés comme armes en Afrique et prennent aujourd’hui toute leur dimension comme outils de surveillance. Les UAV peuvent être de la taille d’un oiseau ou d’un avion classique. Ils sont bien moins vulnérables que des ballons. Un drone commandé par un pilote au sol peut être un outil de surveillance sans pareil. En fonction du système de propulsion, certains drones sont presque silencieux.
LES SMARTPHONES sont les appareils de technologie moderne les plus polyvalents et peuvent servir sous des dizaines de formes dans les missions sur le terrain. Un smartphone est un téléphone, un appareil photo, un caméscope, un enregistreur audio, un talkie-walkie, un GPS, un traducteur, un appareil d’accès à Internet, une calculatrice et une lampe de poche. Des nouvelles applications sont développées en permanence. Son utilité en tant que dispositif militaire est inégalée.
LES APPAREILS PHOTO ET CAMÉSCOPES NUMÉRIQUES peuvent être utilisés par les soldats de la paix pour prendre des photos ou des clips, pour les intégrer dans des rapports ou dans des bases de données. Un bon caméscope ne coûte pas plus de 130 dollars.
LES CAMÉRAS DE SURVEILLANCE peuvent couvrir des points chauds, même en l’absence des soldats de la paix et surveiller les conflits pour protéger les civils. Elles peuvent être installées pour aider à prévenir les intrusions et le commerce illégal d’armes et pour protéger les ressources naturelles et les populations. Les caméras de surveillance peuvent transmettre des vidéos en temps réel ou des images peuvent être téléchargées par les patrouilles.
LES CAMÉRAS MONTÉES SUR CASQUES font maintenant partie de l’équipement standard de beaucoup d’armées. Ce que voit un soldat peut être transmis en temps réel à d’autres soldats et aux commandants.
LES LUNETTES DE VISION NOCTURNE sont tellement utiles que certains soldats exigent de les porter pendant toutes les patrouilles de nuit. Ce que voit un soldat à travers les lunettes de vision nocturne peut être enregistré sur un appareil de poche ou transmis en temps réel. Les lunettes de vision nocturnes sont utilisées là où la violence nocturne pose problème. Le matériel nocturne peut inclure des caméras avec amplificateur de brillance et des caméras pour détection infrarouge.
LES DÉTECTEURS DE MOUVEMENT pour caméras peuvent avertir les soldats sur les intrus et les mouvements de troupe. On peut aussi les utiliser avec des lumières la nuit pour montrer aux intrus qu’une zone est sous surveillance. De tels dispositifs fonctionnent souvent sur piles solaires.
LES LOGICIELS analysent les e-mails, les messages et les photos pour montrer les tendances, les mouvements de troupes et les zones à problèmes. Ces logiciels ont révolutionné le crowdsourcing en Afrique.
LES MICROS DE SURVEILLANCE, déclenchés par des bruits inhabituels, peuvent être associés à des caméras pour former un dispositif de surveillance ou être utilisés seuls.
LES SYSTÈMES DE POSITIONNEMENT GLOBAL (GPS) trouvent de nombreuses applications dans l’armée, que ce soit pour déterminer avec précision la position des agresseurs ou pour donner aux troupes des indications topographiques détaillées. Les GPS peuvent être utilisés dans l’obscurité et dans des endroits inconnus. Ils peuvent repérer des cibles au sol et dans l’air. Les pilotes et avions équipés d’un GPS peuvent être facilement retrouvés s’ils sont abattus.
LES TÉLÉMÈTRES LASER peuvent détecter le franchissement illégal des frontières ou une intrusion dans des zones réglementées. Certains télémètres sont associés à des GPS pour déterminer la position exacte d’objets distants.
LES SYSTÈMES D’INFORMATION GÉOGRAPHIQUE FIABLES (SIG) peuvent remplacer les cartes. Un SIG utile permet l’entrée de données et peut être consulté de n’importe où en temps réel.
LES DÉTECTEURS ACOUSTIQUES ET SISMIQUES peuvent détecter les mouvements de personnels ou d’armes. Les capteurs peuvent déclencher des caméras et alerter les patrouilles. Ils peuvent être utilisés pour la sécurité et pour veiller au respect des accords de paix.
LES CAMÉRAS D’IMAGERIE THERMIQUE ou caméras infrarouges à balayage frontal, détectent les rayonnements infrarouges émis par des sources de chaleur. Connues sous le nom de technologie FLIR, ces caméras présentent des avantages particuliers par rapport à d’autres technologies d’imagerie. Les caméras voient le rayonnement dans le spectre infrarouge qu’il est difficile de camoufler. Elles voient à travers la fumée, le brouillard, la neige et d’autres conditions météorologiques. Il est aussi pratiquement impossible pour l’ennemi de détecter les caméras, parce qu’elles reçoivent les informations, contrairement au radar ou au sonar, qui, eux, les émettent. En plus de la détection, la technologie FLIR peut aussi être appliquée dans la navigation.
LES BALLONS CAPTIFS, aussi appelés AÉROSTATS, équipés de caméras de surveillance diurnes ou nocturnes, donnent des vues aériennes et larges des zones surveillées. Toutefois, ces ballons peuvent être vulnérables et servent souvent de cibles d’entraînement aux forces ennemies.
LA TECHNOLOGIE BIOMÉTRIQUE identifie les personnes par des moyens plus avancés que la prise d’empreintes digitales. Des caméras ou d’autres outils de collecte d’images peuvent identifier les gens sur la base des traits du visage, de la géométrie de la main, des caractéristiques de la rétine et de l’iris, ainsi que des comportements, y compris la manière de parler ou la démarche. L’Union européenne a utilisé des scans d’iris pour rémunérer les soldats congolais afin d’éviter qu’ils ne viennent chercher leur solde plus d’une fois par période de paie.
LES DRONES DE SURVEILLANCE ‘UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION’
UN EXPERT DES NATIONS UNIES AFFIRME QUE LA TECHNOLOGIE MODERNE RÉVOLUTIONNE LES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
La technologie dans le maintien de la paix est en constante mutation et touche de nouveaux aspects des missions. Bien que les coûts des techniques de pointe en matière de surveillance et de communication aient considérablement baissé, elles demeurent hors de portée pour certains pays et organisations.
En juin 2014, l’ONU a annoncé la nomination d’un comité d’experts de cinq membres pour conseiller l’organisation sur la meilleure manière d’utiliser les nouvelles technologies dans les missions de maintien de la paix.
Le comité est dirigé par l’Américaine Jane Holl Lute, spécialiste de la paix et de la sécurité. Les quatre autres membres sont le général à la retraite indien Abhijit Guha, le major général à la retraite sud-africain Michael Fryer, le major général à la retraite danois Ib Johannes Bager et le Canadien Dr. Walter Dorn.
L’initiative a pour objet d’évaluer la rentabilité de l’utilisation des nouvelles technologies et innovations émergentes.
Ancien commissaire de police pour la mission ONU-UA au Darfour (MINUAD), Michael Fryer a déclaré à ADF que, dans l’idéal, la technologie de maintien de la paix peut être partagée entre l’armée, les civils et la police. Il a dit qu’« il n’est pas nécessaire que chaque composante dispose de sa propre technologie ».
« Il y a, sur le marché, des technologies peu onéreuses qui peuvent faire une grande différence dans les opérations de maintien de la paix [OMP] », a-t-il ajouté. Sur sa liste figurent des unités de GPS mobiles, des ballons captifs plus légers que l’air avec radar au sol, la surveillance par télévision en circuit fermé, les caméras infrarouges à balayage frontal, les radios UHF mobiles, les répéteurs VHF, les éclairages de sécurité et les détecteurs de coups de feu.
« Les smartphones et les iPads, avec leur kyrielle d’applis, aideront certainement beaucoup », a poursuivi Michael Fryer. « Ils donneront des infos en temps réel, des vidéos et des photos pour une prise de décision rapide. Il sera possible de détecter les mouvements des personnels, ce qui améliorera leur sécurité. Le seul aspect négatif serait la couverture réseau dans des zones éloignées d’une OMP.
Michael Fryer a aussi dit que la surveillance par les drones, ou UAV, est « assurément un pas dans la bonne direction ». Mais il a aussi noté que la formation du personnel nécessaire au pilotage des drones entraîne des coûts considérables.
Des études récentes ont montré que le coût total du personnel de soutien des drones pourrait égaler celui d’un avion avec pilote. Les drones de pointe ne doivent pas être considérés comme une alternative bon marché à de « vrais » avions.
Toutefois, Michael Fryer préconise l’utilisation de drones comme outils de collecte d’informations pour une « prise de décision intégrée dans le contexte d’une mission ».
« Ils peuvent servir de système d’alerte précoce, ce qui permet à la mission d’être proactive au lieu de réactive », a-t-il dit. « Lorsque des éléments de la mission seront amenés à effectuer plusieurs tâches pour réunir des informations spécifiques, le drone sera certainement un atout de la mission ».
Michael Fryer estime aussi que des drones plus petits et meilleur marché, disponibles dans le commerce, auront leur place dans les OMP à l’avenir. Ces drones peuvent être utilisés par presque tout le monde, avec une formation minimale, a-t-il dit. Les drones pourraient être programmés pour effectuer de longs vols au-dessus de zones instables et de camps de réfugiés pour établir des profils de criminalité et analyser les points chauds.
« Pendant les patrouilles au-dessus de ces zones à risque, les drones peuvent servir de système d’alerte précoce sur d’éventuelles embuscades ou autres situations dangereuses », a-t-il ajouté. Ces drones peuvent voler à une altitude de 50 mètres pendant 45 minutes. Équipés d’un système d’imagerie thermique, ces drones ont une « immense valeur » pour la protection des forces de maintien de la paix.
Pour Michael Fryer, les technologies de traduction sont plus des outils pour le futur que pour le présent. Il a ajouté que la traduction était un problème réel, soulignant que rien qu’en Afrique du Sud, il y a 11 langues officielles. Pour le moment, a-t-il dit, « Les interprètes sont le seul moyen de remédier au problème ». Les logiciels de traduction seront utiles pour « organiser des cours dans le cadre du renforcement des capacités ».
Michael Fryer a souligné que, comme tout le matériel militaire, la technologie pour le maintien de la paix doit être choisie avec soin.
« Nous avons une large gamme de produits qui peuvent être utiles dans les OMP. Mais nous devons tenir compte des conséquences financières et politiques et faire la différence entre l’accessoire et l’essentiel », a-t-il conclu.