PERSONNEL D’ADF
Lorsque les vastes flottes de pêche ne sont pas réglementées, les pêcheries africaines de petite échelle deviennent menacées, selon des recherches conduites par l’université de St Andrews en Écosse.
Les flottes de pêche en eaux distantes (DWF) originaires d’autres pays attrapent beaucoup plus de poissons que les pêcheurs artisanaux africains et représentent une menace beaucoup plus grande pour les stocks de poissons, a conclu le rapport. C’est le cas en particulier lorsque les vaisseaux industriels pêchent illégalement par chalutage de fond, à l’aide d’explosifs ou avec des filets ou autre matériel prohibé.
Les périodes de fermeture de la pêche et les conventions de pêche conclues avec d’autres pays provoquent des défis pour la gouvernance des pêches, ce qui conduit à une réduction des stocks de poissons et une hausse de la criminalité maritime, selon les chercheurs.
Ces mesures, conçues pour protéger les pêcheries de petite échelle, bénéficient en fait aux flottes de pêche industrielles, déclare Ifesinachi Okafor-Yarwood de l’école de géographie et du développement durable à l’université de St Andrews, dans un article sur le site web de l’université.
« Les pêcheries de petite échelle soutiennent des millions d’emplois et sont mieux adaptées pour satisfaire aux besoins de nutrition et à la sécurité socioéconomique du continent, déclare le Dr Okafor-Yarwood. Pour que le secteur des pêches contribue au développement durable des Africains, il faut que les états réorientent leur gouvernance vers la réglementation du secteur industriel en mettant l’accent sur l’accès équitable pour les pêcheries de petite échelle tout en priorisant la durabilité écologique. »
Edward H. Allison, co-auteur de l’étude et directeur exécutif de WorldFish (institut de recherche sans but lucratif), déclare que la sécurisation des pêcheries de petite échelle est une « tâche importante pour la gouvernance des pêches sur le continent ».
« Ceci peut être accompli en priorisant le développement des pêcheries de petite échelle tout en dirigeant les efforts de réglementation vers les flottes industrielles et en eaux distantes, écrit-il sur le site web de l’université. Pour le moment, comme le montre notre article, la bascule penche trop du mauvais côté. »
Les flottes DWF qui pratiquent des tactiques illégales ravagent les eaux d’Afrique de l’Ouest depuis plusieurs décennies et, plus récemment, elles ont ciblé l’Afrique de l’Est. La Chine est le pire contrevenant mondial de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (IUU), selon l’Indice de pêche IUU.
Séparément, une étude publiée par le journal Fish and Fisheries a utilisé les données satellitaires des systèmes d’identification automatique (AIS) recueillies par Global Fishing Watch pour documenter la pêche industrielle étrangère et africaine dans les zones économiques exclusives (ZEE) du continent.
L’étude indique qu’un « grand nombre de pays » pêchent dans les ZEE d’Afrique de l’Ouest et que les ZEE du Sahara occidental et de la Mauritanie ont été ciblées par le plus grand nombre de pays étrangers.
Les recherches soulignent l’importance de la coopération internationale pour relever les défis de pêche, déclare William Cheung, professeur à l’institut pour les océans et les pêches à l’université de Colombie-Britannique.
« Nous démontrons l’importance des données accessibles, notamment celles provenant des nouvelles technologies, pour développer les connaissances qui sont nécessaires afin de relever ces défis », déclare le professeur Cheung dans un article sur le site web de l’université du Delaware.
Les données AIS peuvent montrer le lieu et la durée de pêche des chalutiers industriels, mais les responsables des pêches dépendent des exploitants des navires pour qu’ils signalent leur prise. Dans toute l’Afrique, les DWF omettent fréquemment de déclarer toute leur prise pour éviter les amendes et les infractions.
Les recherches publiées en premier par Fish and Fisheries ont analysé le cas de la Namibie. Le pays exige que les flottes pêchant dans sa ZEE déchargent leur prise dans les ports nationaux, mais certaines ne le font pas. Bien que les AIS aient indiqué vingt chalutiers de pêche dans les eaux namibiennes, certains d’entre eux ont signalé qu’ils n’avaient rien pêché.
Mi-Ling Li, professeur adjoint à l’école de science et de politique maritime de l’université du Delaware et auteur principal de l’article, a caractérisé les efforts de surveillance maritime de la Namibie comme « relativement bons ».
« Mais même avec cette réglementation, nous constatons de grandes différences entre ceux qui signalent la pêche et les prises et ceux que nous détectons avec les AIS, écrit-elle sur le site web de l’université. C’est un grand problème pour la pêche illégale dans les eaux africaines. »