PERSONNEL D’ADF
La deuxième vague du Covid-19 n’a pas encore plafonné en Afrique du Sud mais les experts commencent à mettre en garde contre l’arrivée d’une troisième vague, et des vagues suivantes, provoquée par la lassitude de la pandémie, une deuxième souche du virus et des systèmes de santé paralysés.
Tivani Mashamba, professeur de recherche de diagnostic à l’université de Pretoria, est parmi ceux qui pensent que les infections du Covid-19 augmenteront à nouveau en Afrique du Sud et dans l’hémisphère austral lorsque l’hiver arrivera en mai et juin.
Le Dr Mashamba a déclaré au Guardian : « Nous allons avoir une troisième vague, et même une quatrième. Cette pandémie ne fait que commencer. »
D’autres experts déclarent que le virus suit un modèle selon lequel le nombre de cas positifs augmente, puis diminue à cause des mesures préventives, puis augmente à nouveau fortement après le relâchement du comportement des gens. Alex van den Heever de l’école de gouvernance Wits de Johannesbourg a déclaré à la chaîne de diffusion SABC : « Les gens baissent beaucoup leur garde lorsque le point haut de la maladie est passé. Leur comportement retourne à la normale ; cela est naturel mais provoque la deuxième hausse. »
Le professeur Van den Heever craint qu’une troisième hausse arrivant en hiver pourrait être dévastatrice. « Notre hausse hivernale sera très difficile à maîtriser parce qu’en hiver il est très difficile d’arrêter les événements supercontaminateurs, déclare-t-il. Les gens restent plus longtemps à l’intérieur. »
Tout cela se produit alors que les hôpitaux, en particulier ceux de la province sud-africaine du Gauteng, sont à pleine capacité, voire en surcapacité. Hors de l’hôpital académique Steve Biko de Pretoria, des patients du Covid-19 dans un état critique sont traités dans des tentes. Les médecins de l’hôpital ont déclaré au Daily Maverick qu’ils sont débordés de travail et qu’il leur manque l’équipement de protection individuelle. Ils ont dit que l’hôpital est bondé, avec des dizaines de nouveaux patients arrivant chaque jour, et la morgue est pleine.
Une femme utilisant le pseudonyme Dr Felicia pour parler au Daily Maverick a déclaré : « L’oxygène ne fonctionne pas, les lits sont horribles, il n’y a pas assez de personnel infirmier et nos médecins sont submergés. Je ne sais pas quoi dire. Je suis très fatiguée. Il y a des équipements qui tombent en panne. »
La première vague de pandémie a généralement épargné la province sud-africaine rurale du Limpopo mais à la mi-janvier, déclare le Dr Mashamba, tous les gens de la communauté connaissaient quelqu’un qui était décédé du Covid-19.
« La lassitude du Covid était un facteur important, déclare le Dr Mashamba au Guardian. J’étais invitée à des réceptions-cadeau pour bébé. J’ai pensé : c’est épouvantable ; vous exposez des femmes enceintes [au virus]. »
Contemplant une salle d’attente pleine où des patients du virus ont attendu un lit disponible pendant plusieurs jours, le Dr Suzan Mukonkole de l’hôpital Khayelitsha au Cap-Occidental a déclaré à Deutsche Welle qu’il était épuisé et qu’un tiers de ses collègues étaient infectés par le Covid-19.
« Parfois nous n’avons pas assez de place, parfois nous n’avons pas assez de bouteilles d’oxygène et nous devons improviser, a déclaré le Dr Mukonkole. Parfois nous devons choisir qui recevra l’oxygène en premier et qui devra attendre. C’est très stressant. »
La nouvelle souche du virus a été signalée dans chacune des neuf provinces d’Afrique du Sud et certains scientifiques craignent qu’elle ne soit plus contagieuse que la première souche et qu’elle suscite une troisième vague. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a donné l’espoir dans une lettre adressée à ses compatriotes à la mi-janvier, en déclarant que les Sud-Africains comprennent maintenant les risques de participation aux événements « supercontaminateurs » et de refus du port du masque.
« Ceci est un bon signe pour la nouvelle année. Nous en savons maintenant beaucoup plus au sujet de la maladie et la façon d’empêcher sa propagation. Et malgré ce que l’on pourrait appeler la “lassitude de la pandémie”, nous n’en restons pas moins déterminés, en tant que Sud-Africains, de faire ce qui doit être fait », a écrit M. Ramaphosa, en ajoutant qu’une campagne de vaccination massive ne fera qu’augmenter cet état d’esprit.
Le gouvernement a annoncé qu’il recevra 1,5 million de doses du vaccin d’AstraZeneca auprès du Serum Institute of India pour les professionnels de la santé en janvier, et les autorités déclarent que le pays a obtenu 20 millions de doses de vaccin qui seront livrées plus tard cette année, selon un rapport de Quartz Africa.
« Lorsque de plus en plus de gens seront vaccinés, nous pourrons sauver des vies et réduire progressivement le risque d’infection de la population », a écrit M. Ramaphosa.