PERSONNEL D’ADF
La communauté de pêche artisanale du Liberia a appris avec soulagement que le gouvernement avait refusé d’accorder des licences de pêche à six gros chalutiers chinois capables de décimer les stocks de poissons de la région.
Ces vaisseaux chinois de 50 mètres, équipés d’énormes filets et d’un équipement sophistiqué de localisation des poissons, peuvent attraper annuellement plus de 2.000 tonnes de poissons de fond. Selon SeafoodSource, c’est 4.000 fois plus que la capacité des canoës artisanaux locaux. Les eaux territoriales du Liberia contiennent surtout des sardinelles, des marlins, des pagres, des ombrines et des poissons-chats marins.
Emma Metieh-Glassco, directrice générale de l’Autorité nationale des pêcheries et de l’aquaculture, a dit dans une déclaration que les licences permettant aux gros chalutiers de pêcher hors de la zone économique exclusive chinoise avaient expiré.
« Les six navires gigantesques qui sont arrivés au Liberia avaient une capacité de pêche plus grande et ces vaisseaux n’étaient jamais venus au Liberia pour pêcher, a dit Mme Metieh-Glassco. Le Liberia ne peut pas octroyer de licence à ces vaisseaux lorsque l’état du pavillon n’a pas autorisé ces vaisseaux à pêcher dans les eaux distantes ; ce [serait] une [violation] des protocoles internationaux. »
Au Liberia, environ 37.000 personnes travaillent dans l’industrie de la pêche, à temps plein ou partiel, et 80 % de la population dépendent des protéines provenant du poisson. Les pêcheurs locaux avaient protesté lorsque ces gros navires chinois étaient arrivés en juillet dernier. Des situations similaires se sont produites cette année dans d’autres états d’Afrique de l’Ouest, notamment au Ghana et au Sénégal.
« Nous sommes très reconnaissants pour cette décision de prioriser le développement des entreprises de pêche à petite échelle et d’éviter de donner accès aux gros chalutiers industriels », déclare Jerry Blamo, président de l’Association des pêcheurs artisanaux du Liberia. « Ceci donnera aux pêcheurs libériens l’opportunité de pêcher de façon durable pour nourrir leur famille et le pays, non seulement aujourd’hui mais pour les générations futures. »
La Fondation pour la justice environnementale (EJF), qui œuvre pour créer un programme visant à aider les communautés de pêche et les autorités à travailler ensemble pour éradiquer la pêche illégale, a applaudi la décision du Liberia.
« La décision prise pour refuser d’accorder des licences à ces gros chalutiers est un jalon important dans la gestion durable des pêcheries du Liberia », déclare Steve Trent, directeur exécutif de la fondation. « L’EJF félicite aussi le Liberia pour le processus transparent qu’il a suivi pour considérer ces licences. Cela envoie un message clair dans toute l’Afrique de l’Ouest, selon lequel les états de la région peuvent prioriser les communautés locales de pêche pour protéger l’environnement marin, et les emplois et la sécurité alimentaire qu’il soutient. »
Des événements similaires se sont produits au Ghana et au Sénégal.
Le Conseil national ghanéen des pêcheurs de canoë avait opposé l’arrivée de trois chalutiers chinois en mai dernier. Dans le cadre du plan de gestion des pêcheries de l’état, le pays peut soutenir un maximum de 47 chalutiers de pêche. Toutefois, à la fin 2019, 76 vaisseaux détenaient une licence ghanéenne de pêche, selon une lettre ouverte émise par les pêcheurs.
« Nous sommes très préoccupés par ce développement, a déclaré le Conseil. Les stocks de poissons du Ghana sont en crise et la pêche des petites espèces pélagiques, qui est la planche de salut de nos communautés de pêche artisanale, est au bord de l’effondrement. »
Les pêcheurs ghanéens ont été outragés lorsque leur gouvernement a renouvelé la licence d’un chalutier chinois qui avait des amendes impayées s’élevant à 1 million de dollars pour avoir utilisé des filets illégaux en 2019. Ces amendes étaient restées impayées alors même que ce chalutier avait été condamné à payer une autre amende par les autorités au mois de mai, selon SeafoodSource.
En juin, le Sénégal a rejeté publiquement les applications de 52 chalutiers chinois, mais selon un reportage du journal en ligne pressafrik.com basé à Dakar, le gouvernement a octroyé des licences à 3 vaisseaux de pêche appartenant à une flotte chinoise qui avait été précédemment surprise dans des activités de pêche illégale à Djibouti. Le reportage a été plus tard confirmé par Greenpeace, organisation écologique non gouvernementale.