PERSONNEL D’ADF
Wilfred Ndifon a bien compris les effets potentiellement dévastateurs du Covid-19 au Rwanda et a fait travailler son cerveau mathématique.
En tant que directeur de la recherche à l’Institut africain des sciences mathématiques du Rwanda, M. Ndifon a utilisé un algorithme pour développer une méthode rapide, efficace et économique de conduire des tests de dépistage groupés sur les personnes pour déceler potentiellement le virus mortel. Le Rwanda a conduit des tests de dépistage du Covid-19 sur environ 300.000 personnes mais ces tests sont limités, comme dans la plupart des autres pays.
Des tests groupés négatifs signifient qu’aucune personne ayant fournie un échantillon ne possède le virus ; des tests groupés positifs indiquent que toutes les personnes du groupe de test doivent l’être individuellement. Les experts déclarent que la méthode innovatrice de M. Ndifon fournit des résultats en moins de 24 heures et coûtent moins de la moitié du prix générique de 50 dollars.
« Un autre avantage du dépistage [groupé] est le fait qu’il permet de déceler les personnes asymptomatiques, ce qui conduit à la gestion précoce de l’épidémie et rompt le cycle de transmission du virus », déclare Léon Mutesa, membre de la force opérationnelle Covid-19 du gouvernement rwandais, à The Conversation Africa. « Puisque le dépistage groupé vous permet de tester un grand nombre de personnes, vous pouvez mieux examiner votre profil de données épidémiologiques. »
Au Rwanda, le dépistage groupé est surtout conduit sur les gens dans les marchés, les banques, les prisons et autres lieux où un grand nombre de personnes se réunissent, déclare M. Mutesa. Jusqu’à 100 personnes peuvent être testées simultanément par cette procédure.
« Elle aidera aussi à identifier les nouveaux points sensibles d’infection pour assurer une réponse rapide de la part des responsables de la santé publique », ajoute-t-il.
La découverte des tests groupés de M. Ndifon démontre encore une fois comment le Rwanda utilise la technologie dans sa réponse au Covid-19. Le pays utilise des drones pour livrer les tests de dépistage et les fournitures aux centres cliniques ruraux ; il conduit le traçage par téléphone cellulaire dans l’ensemble du pays pour suivre la piste des patients du Covid-19 et de tous ceux avec lesquels ils entrent en contact ; et il élimine les frais de transaction associés aux paiements mobiles pour décourager l’utilisation de l’argent liquide.
Le Rwanda utilise aussi 5 robots dans des centres de traitement et à l’aéroport international de Kigali. Ces robots, donnés par les Nations unies, conseillent les foules sur les mesures de prévention et compilent des données pour que les professionnels de la santé déploient les interventions et les ressources. Dans les centres de traitement, les robots livrent les médicaments et les aliments aux patients.
A la fin août, le gouvernement du Rwanda annonça des plans pour installer des portails de désinfection automatiques à l’entrée des marchés, des hôpitaux, des bureaux de l’état et autres lieux publics pour atténuer la propagation du virus, selon l’agence de presse rwandaise Taarifa. Les portails possèdent des distributeurs de désinfectant sans contact, ils prennent la température des gens et ils vaporisent du désinfectant sur les personnes qui les traversent.
Selon les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, le Rwanda a enregistré 3.306 cas positifs confirmés de Covid-19 et 14 décès en date du 24 août.
Avec une population de 12,6 millions de personnes, le Rwanda a été la première nation africaine subsaharienne à instaurer le confinement. Son gouvernement a exhorté les habitants à pratiquer la distanciation sociale, porter un masque et se laver fréquemment les mains avant même que le premier cas n’ait été confirmé en mars dernier. L’Organisation mondiale de la santé a applaudi les efforts de prévention du pays.