L’Afrique s’empresse de combler son retard dans les tests de dépistage du Covid-19
PERSONNEL D’ADF
Le premier cas positif de Covid-19 en Afrique a été officiellement signalé le 14 février en Égypte. Depuis lors, la maladie provoquée par le coronavirus s’est propagée dans tous les pays du continent.
Les cas positifs confirmés par les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC africains) ont plus que doublé entre le 30 mai et le 30 juin, de 140.768 à 404.267. Ce chiffre a doublé de nouveau pour atteindre 866.648 le 27 juillet, ce qui a sonné l’alarme dans le monde entier.
En date du 16 août, l’Afrique avait enregistré plus de 1,1 million de cas positifs et un peu plus de 25.600 décès.
« Il n’existe pas de panacée pour le moment, et peut-être qu’il n’y en aura jamais », déclare Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « En ce moment, le freinage des épidémies passe par les principes de base de la santé publique et du contrôle des maladies : tests de dépistage, isolement et traitement des patients, et recherche et mise en quarantaine de leurs contacts. »
« Faites-tout cela », exhorte-t-il.
Le dépistage demeure un problème important qui empêche les experts de tracer l’ampleur de la propagation de la maladie.
En avril dernier, le Dr John Nkengasong, directeur des CDC africains, a déclaré que seulement 415.000 personnes environ avaient subi un test de dépistage, soit 325 tests par million de personnes.
« Si vous ne faites pas de test, vous n’aurez pas de résultat », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, selon Daily Maverick. « Et si vous ne faites pas de test, vous naviguez dans le noir. Vous êtes comme des pilotes d’avion sans système radio. Si vous ne faites pas de test, vous n’avez pas de longueur d’avance. Vous devez anticiper la pandémie au lieu de rester derrière pour la suivre. »
« Si nous ne faisons pas de dépistage, nous ne saurons pas comment relancer l’économie. Elle subit en ce moment un confinement et… le dépistage est l’un des indicateurs qui nous permettront de relancer l’économie après le confinement. Afin de savoir qui est infecté, pour l’isoler et rechercher ses contacts. Cela démontre l’importance de conduire des tests de dépistage le plus vite possible. »
L’Union africaine a annoncé le 4 juin le lancement de son partenariat pour accélérer les tests de dépistage du Covid-19 (PACT). À l’époque, l’UA estimait qu’environ 2,4 millions de tests avaient été conduits pour une population approximative de 1,2 milliard.
L’objectif de l’initiative PACT est 8.000 tests de dépistage par million de personnes.
« Le doublement des cas positifs confirmés de Covid en juillet dans les pays africains est alarmant, mais nous craignons que le problème ne soit beaucoup plus grave », déclare Stacey Mearns, conseillère technique principale pour les soins de santé d’urgence à l’organisme sans but lucratif International Rescue Committee (IRC). « Dans tous les pays de la région où nous travaillons, le taux de dépistage est bien inférieur aux consignes de l’OMS. »
L’OMS recommande au moins 1 test de dépistage hebdomadaire pour 1.000 personnes. Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent, conduit des tests hebdomadaires sur 7 personnes pour chaque 350.000 habitants.
Mme Mearns mentionne le taux de positivité de la Somalie, qui était de 32 % en juillet, comparé au taux de 3 % de l’Allemagne, ce qui indique qu’un grand nombre de cas positifs ne sont pas décelés. Cela rend presque impossible de déterminer l’ampleur de la maladie et de prévoir une réponse.
Un autre exemple préoccupant concerne le pourcentage élevé de professionnels des soins de santé qui sont infectés, dans des lieux tels que le Liberia (16 %), le Niger (16 %) et la Sierra Leone (15 %), comparé à seulement 3 % aux États-Unis, selon l’IRC.
Les signaux d’alarme s’amplifient.
« Ces pays nécessitent un soutien international pour augmenter leur capacité de dépistage, au moins au niveau des consignes de l’OMS, déclare Mme Mearns. Dans l’absence d’une augmentation importante du soutien financier aux états fragiles affectés par la crise qui sont déjà en première ligne de la pandémie, nous risquons d’avoir une propagation non détectée et non contrôlée, et notre réponse consistera à combattre avec une main liée derrière le dos. »
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