AGENCE FRANCE-PRESSE
Denis Mukwege, un docteur précurseur en la matière, a lancé un appel pour appliquer une tolérance zéro à l’égard du viol dans son pays d’origine, la République démocratique du Congo, où des dizaines de milliers de femmes ont été brutalement attaquées par l’armée et les membres des milices.
« Je pense que nous avons fixé une limite infranchissable [pour certains crimes de guerre]. Or, lorsqu’il s’agit de l’utilisation du viol comme arme de guerre, nous tergiversons », a-t-il observé en novembre 2013.
Denis Mukwege, qui était à Stockholm pour recevoir le Right Livelihood Award également appelé le « Prix Nobel alternatif », a mis en place un hôpital et une fondation dans le but de traiter les victimes de viol.
Les femmes sont des cibles fréquentes dans l’Est de la RDC, une région ravagée par la guerre. Le docteur a fait état de récits déchirants de femmes qui ont été violées en public devant leur mari et leurs enfants et qui sont arrivées à la clinique avec des blessures catastrophiques. Selon Denis Mukwege, le viol en tant qu’arme de guerre a des conséquences dramatiques pour les femmes et pour le pays.
Chaque année, le programme principal de son hôpital dédié aux victimes de violences sexuelles accueille plus de 3.500 femmes et leur fait bénéficier de la chirurgie reconstructive.
« L’incapacité de la RDC à résoudre ses problèmes, à laquelle s’ajoute le silence de la communauté internationale, est un drame majeur de notre temps, a déclaré le docteur. Nous connaissons ces atrocités depuis 20 ans maintenant. Plus les années passent, plus nous voyons les groupes et les milices perfectionner leur outil de torture. »
Le docteur Mukwege a mentionné une résolution des Nations Unies adoptée en 2000 à titre d’exemple de bonnes intentions. « Pourtant, il n’existe pas encore de limite infranchissable fermement établie », a-t-il indiqué.
La Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies en appelle à tous les États membres pour qu’ils prennent des mesures spécifiques afin de protéger les femmes et les filles, en particulier contre le viol.
Denis Mukwege a été pris pour cible en raison de sa position clairement affirmée à ce sujet. En octobre 2012, il a failli être assassiné par un groupe d’hommes armés qui a fait irruption dans sa maison, à Bukavu. Il a été obligé de s’exiler en Belgique. Toutefois, il est retourné dans son hôpital en janvier 2013.