Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) est une organisation terroriste sahélienne qui s’est propagée à travers le Burkina Faso, le Mali et le Niger, en grande mesure en exploitant les ressources et les communautés de la région à son avantage.
Cet affilié d’Al-Qaïda a amassé un flux stable de financement illicite qu’il utilise pour acheter des armes, produire de la propagande et recruter de nouveaux membres. Plutôt que de compter sur une seule source de revenu, le GSIM s’est diversifié avec quatre sources principales : l’extraction minière artisanale, les enlèvements, le vol du bétail et le blanchiment d’argent.
Les chercheurs nigérians Egodi Uchendu et Muhammed Sani Dangusau ont récemment écrit pour The Conversation : « Sa participation dans les économies illicites a été cruciale pour le succès de l’expansion du groupe. Le démantèlement des économies illicites du groupe et le blocage de ses flux financiers seront critiques pour contrer ses activités. »
Voici un résumé du fonctionnement de chaque processus de financement :
L’extraction minière artisanale : Le GSIM a attaqué des communautés aurifères dans le Sud du Burkina Faso et l’Ouest du Mali, dans l’intention de contrôler la population locale et une ressource clé sur laquelle s’appuient les gouvernements nationaux pour obtenir des revenus.
Une fois que le contrôle des mines artisanales est saisi, le GSIM exige une portion des revenus de chaque mineur en échange de sa protection, déclarent les analystes. Dans le Sud du Burkina Faso près de la frontière avec la Côte d’Ivoire, le GSIM a aussi mis à disposition des terres forestières protégées pour l’extraction aurifère.
Les chercheurs du projet ACLED (Armed Conflict Location and Event Data) ont récemment écrit dans un rapport : « L’intégration du GSIM dans les économies illicites locales est cruciale pour son avancée, non seulement en termes de financement proprement dit mais aussi pour ses efforts de gouvernance des civils. Les économies illicites représentent un moyen par lequel le GSIM peut nouer des liens sociaux dans les nouvelles zones qu’il occupe, en offrant aux civils des possibilités de revenu et en refusant à l’État tout contrôle des ressources locales. »
Fritz Brugger et Tongnoma Zongo écrivent dans le Journal of Rural Studies que les mineurs artisanaux acceptent la prise de contrôle du GSIM parce qu’ils sont mécontents de la façon dont ils sont traités par les autorités gouvernementales. Cet état d’esprit fait craindre aux autorités locales que les mines ne deviennent de nouvelles sources de recrutement pour le GSIM et d’autres groupes terroristes.
Les enlèvements : Les versements de rançon financent le GSIM et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), son rival régional, mais à des niveaux moindres que précédemment. ACLED estime que le nombre d’enlèvements, au Burkina Faso seulement, s’est multiplié par un facteur de 30 entre 2017 et 2022, lorsque le GSIM et l’EIGS se sont propagés dans le pays.
« Lorsque le GSIM commence à infiltrer une communauté, le nombre d’enlèvements monte en flèche », a signalé Flore Berger, analyste principale du Sahel pour la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) en 2023.
Bien que les victimes des enlèvements puissent être des étrangers, elles sont le plus souvent des citoyens burkinabés. Les enlèvements produisent des revenus mais ils permettent aussi aux groupes terroristes de contrôler les communautés.
« Ils alimentent l’instabilité tout en étant eux-mêmes alimentés par le conflit », écrit Mme Berger.
Le vol du bétail : Le vol du bétail suit souvent un modèle prévisible, où des hommes affiliés au GSIM s’approchent en moto des éleveurs peuls et exigent qu’ils leur remettent leurs animaux en les menaçant de violence. Le bétail est placé sur des camions et finit par arriver dans les marchés de bétail du Ghana, du Mali ou du Sénégal. Les animaux y sont rapidement vendus et dépecés ou mélangés avec d’autres animaux pour leur vente.
Le vol du bétail au Mali est devenu un facteur central de la crise de sécurité dans le pays, selon Mme Berger. Le prix de vente unitaire des vaches est 346 dollars. Dans un pays où le produit intérieur brut est inférieur à 3.000 dollars par an par personne, le vol à grande échelle peut menacer la santé et le bien-être des familles de pastoraux et leur communauté.
« Ceci a des effets humanitaires, sociaux et économiques dramatiques sur les communautés », écrit Mme Berger.
Le blanchiment d’argent : À mesure que le GSIM reçoit de l’argent comptant pour ses activités illicites, il nécessite un moyen de transformer cet argent en armes et autres outils terroristes.
Les professeurs Uchendu et Dangusau notent qu’une façon employée par le GSIM pour blanchir son argent consiste à le prêter aux marchands locaux, à l’investir dans les banques et à financer les petits magasins pour faire des bénéfices. Cela aide à assurer un flux constant de financement pour soutenir le terrorisme.
« Il [le GSIM] a donné beaucoup d’importance à cette économie illicite, au point d’assassiner ceux qui interfèrent avec ses investissements », écrivent-ils.
En fin de compte, la répression des groupes terroristes tels que le GSIM nécessitera que les pays améliorent la sécurité dans les mines artisanales et renforcent la capacité des gouvernements pour traquer les transactions financières illicites, en particulier celles de petite échelle effectuées par le GSIM dans les communautés qu’il contrôle.
Des tribunaux spéciaux, axés sur les crimes financiers et le terrorisme, aideraient aussi les pays du Sahel à combattre la menace, selon les chercheurs.
Les professeurs Uchendu et Dangusau écrivent : « Puisque la résilience du groupe militant est basée sur ses finances, la coopération en matière de sécurité régionale devrait être renforcée. Ceci aiderait à traquer systématiquement les flux illicites et à les stopper. »