Des terroristes liés à Al-Qaïda ont attaqué sept positions militaires maliennes le 1er juillet, dans une série d’attaques coordonnées et simultanées contre les centres urbains et les localités en début de matinée. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a affirmé qu’il avait gagné le contrôle de trois casernes militaires pendant les attaques.
L’armée du Mali a dit qu’elle avait tué 80 terroristes, sans indiquer d’autres victimes. Le GSIM a déclaré avoir tué des dizaines de soldats et détruit plus de 100 véhicules militaires et motos. L’un des postes militaires était situé à Diboli, localité près de la frontière sénégalaise qui avait été essentiellement épargnée par les attaques terroristes.
Ulf Laessing, chef du programme Sahel à la fondation Konrad Adenauer, a déclaré au Washington Post : « La région en bordure du Sénégal est un lieu de transit majeur pour le commerce et les importations entre le port de Dakar et le Mali, et elle est relativement stable depuis plusieurs années. Cela suscitera aussi des craintes dans les communautés frontalières du Sénégal. »
À Kayes, zone urbaine où se trouvent aussi d’importantes opérations aurifères, un résident a dit qu’il avait été réveillé par une grande fusillade.
Il a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) : « Nous nous sommes réveillés dans un état de choc ce matin. Il y avait des coups de feu et, depuis la maison, je pouvais voir une fumée s’élever de la résidence du gouverneur. »
Une source militaire a confirmé qu’une explosion avait été entendue depuis la résidence du gouverneur. « Lorsque nous nous sommes organisés, il y avait déjà une fusillade dans le camp », a dit la source à l’AFP.
Un responsable politique local a écrit sur Facebook que les localités de Gogui, Sandaré et Nioro avaient aussi été ciblées. La région de Nioro, près de la frontière de Mauritanie, est une étape majeure de la route commerciale transsaharienne. Le lendemain des attaques, le GSIM a menacé de bloquer les communautés de Kayes et Nioro, en accusant les résidents d’avoir collaboré avec les forces gouvernementales.
Yvan Guichaoua, chercheur principal au Bonn International Centre for Conflict Studies, a déclaré à la BBC : « La fréquence des attaques au mois de juin a été sans précédent. Ils ont vraiment intensifié leurs activités au cours des dernières semaines. »
Ibrahim Yahaya Ibrahim, directeur de projet adjoint du Sahel pour l’International Crisis Group, a qualifié ces attaques de « démonstration de force importante pour le GSIM ». Les attaques ont été lancées à des centaines de kilomètres de distance, pour mettre en lumière la portée opérationnelle croissante et la sophistication du groupe.
« Le ciblage des centres urbains a aussi souligné le fait que le groupe est sérieusement engagé dans une évolution stratégique qui a commencé depuis près de douze mois », écrit M. Ibrahim.
En septembre 2024, le GSIM a attaqué Bamako, première attaque terroriste contre la capitale depuis 2016. Les terroristes ont attaqué une école de formation militaire et l’aéroport international où les mercenaires russes sont basés, en tuant au moins 77 personnes, pour la plupart de jeunes recrues de la gendarmerie. Les terroristes ont aussi enfoui des chiffons enflammés dans les moteurs des avions présidentiels appartenant à la junte militaire au pouvoir.
En novembre 2024, Mahmoud Barry, commandant de haut rang du GSIM, a déclaré que les opérations sahéliennes du groupe se concentreraient davantage sur les zones urbaines. Au cours des deux derniers mois, le GSIM a attaqué Douentza, Tombouctou et les faubourgs de Ségou et Sikasso. Le groupe avait auparavant exercé des pressions sur ces régions avec des blocus. Le GSIM a aussi exhorté les Maliens à se mobiliser contre les forces gouvernementales et les mercenaires russes.
« Bien que les attaques du GSIM contre les cibles urbaines puissent indiquer une nouvelle évolution du conflit, la question de savoir si cela se traduira par des gains importants pour les djihadistes demeure incertaine », écrit M. Ibrahim.
Le général Assimi Goïta, chef de la junte malienne, avait promis de vaincre les groupes terroristes au moment de saisir le pouvoir en 2021. Les mercenaires russes soutiennent l’armée malienne mais la violence continue. Selon l’indice global du terrorisme 2025, le Mali était en quatrième place parmi les pays les plus affectés par le terrorisme l’an dernier, lorsqu’il avait recensé 604 morts à la suite de 201 attaques terroristes. Le GSIM était principalement responsable pour ces attaques, mais l’État islamique et d’autres organisations terroristes sont aussi actifs au Mali.
Le GSIM prétend avoir tué près de 1.000 personnes au Sahel depuis le mois d’avril, la plupart étant des membres des forces de sécurité ou des milices alliées aux forces gouvernementales, selon les données de BBC Monitoring. Près de 800 de ces morts étaient au Burkina Faso, 117 au Mali et 74 au Togo.
Les civils maliens font aussi face à des menaces de la part des forces gouvernementales, des milices et des mercenaires russes. L’an dernier, 76 % des décès civils signalés dus à la violence ont été liés aux forces armées et à leurs milices alliées, selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique.
Le général Goïta a aussi promis le retour à la démocratie, mais cela ne s’est pas produit. Au début juillet, il a reçu un mandat présidentiel de cinq ans accordé par le Parlement de transition du Mali. Ce mandat est renouvelable sans besoin d’élections.