Lorsqu’ils se préparaient à mener une descente sur la localité minière illégale notoire d’Abrewa Ni Nkrane, les membres des Forces armées du Ghana et de la Commission des forêts s’attendaient à y trouver environ 2.000 travailleurs illégaux.
Au lever du soleil le 15 avril, ils ont découvert une opération beaucoup plus grande. Le repaire tentaculaire près de la Forêt du Subri hébergeait plus de 10.000 personnes, y compris des ressortissants étrangers provenant du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali, du Niger et du Nigeria.
Nana Kwabena Bosompim, directeur des forêts de la région Occidentale, a déclaré lors d’une conférence de presse improvisée alors que des bâtiments de fortune brûlaient en arrière-plan : « Le nombre de gens que nous allons arrêter ne pourrait même pas être accommodé dans nos véhicules, et il n’y a pas de prison qui puisse tous les loger. Il a donc était nécessaire de faire une descente sur la communauté et d’incendier le matériel, et d’assurer de débusquer tout le monde. Nous serons ici pendant deux semaines de plus et nous vérifierons que tous les mineurs illégaux soient [retirés] de cette communauté. »
En plus de l’extraction aurifère illégale, appelée galamsey au Ghana, le camp était un centre majeur d’activités criminelles, notamment la prostitution infantile, la contrebande des stupéfiants, la contrefaçon, le commerce des armes de petit calibre et la traite humaine. Plusieurs structures de fortune détruites par les forces conjointes avaient été utilisées par les mineurs illégaux et les criminels comme maisons closes.
Les résidents du voisinage ont exprimé leur réconfort et loué la descente en disant que la zone était devenue un point sensible d’activité criminelle.
« C’est à cause du grand nombre de gens provenant d’autres pays d’Afrique de l’Ouest qui vivaient dans la communauté », a déclaré un résident au site web d’actualité Modern Ghana.
Bosompim en convient, remarquant que la présence de vastes réseaux criminels liait le camp à des groupes terroristes le long de la frontière Nord du Ghana.
« Ce lieu est hideux, dit-il. Il est plein de mineurs illégaux engagés dans tous les types d’activités criminelles. Et nous rencontrons des ressortissants de toute la sous-région d’Afrique de l’Ouest. C’est comme une mini-CEDEAO. C’est supposé être une communauté rurale. Pourquoi sont-ils ici ? »
L’opération fait partie d’une intensification de la répression nationale contre l’extraction illégale et les crimes associés, en particulier dans les zones écologiquement sensibles. La Commission des forêts fait des efforts pour protéger la Forêt du Subri contre la destruction additionnelle ; elle a découvert que des centaines d’hectares de couverture végétale avaient été détruits par le peuplement illégal.
Bosompim déclare : « On peut se rendre compte qu’aucune extraction minière n’a lieu dans la communauté. Toute l’extraction se produit dans la forêt et l’impact environnemental est tout à fait dévastateur. »
Dans un événement lié, une opération conjointe dans le district de la Forêt d’Enchi a conduit à l’arrestation de douze mineurs illégaux, y compris trois ressortissants chinois, et à la saisie d’une excavatrice et de deux machines de détection aurifère dans la Réserve forestière Tano Anwia de la région Occidentale. Les autorités ont accusé des entrepreneurs chinois d’avoir provoqué une hausse récente des activités illégales d’extraction aurifère à petite échelle en fournissant des machines de forage et de tamisage sophistiquées, et dans certains cas en offrant des pots-de-vin ou des partenariats aux chefs locaux. De 2008 à 2013, plus de 50.000 ressortissants chinois sont entrés dans le pays pour s’engager dans l’extraction aurifère illégale.
Joseph Appiah Frimpong, directeur du district de la Forêt d’Enchi, a repris à son compte l’engagement de la Commission des forêts pour lutter contre l’extraction minière et l’abattage illégaux dans les réserves forestières du Ghana.
Il a dit à 3 News : « La Commission des forêts ne diminuera pas ses efforts visant à protéger nos ressources naturelles. Je veux avertir les mineurs et les bûcherons illégaux de cesser ces activités : la Commission continuera sans relâche à les poursuivre. »
Bosompim espère que la descente à Abrewa Ni Nkrane servira d’avertissement aux mineurs illégaux dans tout le Ghana.
« Partez de nos forêts, partez de nos fleuves. Si vous le faites, nous vivrons en paix. Sinon, c’est seulement une question de temps. La loi étendra ses tentacules pour vous attraper, et c’est exactement ce qui s’est passé aujourd’hui. »