En réponse aux avancées récentes des Chebabs, la Turquie a renforcé sa présence militaire en Somalie pour protéger contre les attaques terroristes les édifices et l’infrastructure critique telle que les ports.
« Les soldats turcs sont là uniquement pour protéger les biens turcs et pour entraîner et conseiller les forces somaliennes. Ils engageront les Chebabs seulement si cela est absolument nécessaire et pour se défendre », a déclaré au Middle East Eye une source anonyme familiarisée avec les opérations turques en Somalie.
Le déploiement de 500 soldats spécialisés dans le contre-terrorisme fait presque tripler le contingent turc actuel de 300 soldats en Somalie.
Le nouveau contingent inclut 300 commandos et 200 personnes qui amélioreront les opérations de drone de la Turquie contre les terroristes. Le nouveau déploiement inclut l’emploi d’un drone Akinci fabriqué en Turquie, plus grand et plus performant que les drones populaires Bayraktar turcs que l’Armée nationale somalienne (SNA) utilise dans son conflit contre les Chebabs.
Les drones Akinci ont une capacité de vision nocturne et peuvent fonctionner pendant 24 heures, ce qui en font des outils efficaces pour affronter les Chebabs pendant la nuit, selon les experts.
Le déploiement turc renforce le plan de développement du secteur de la sécurité de Somalie, dont l’objet est d’aider finalement la Somalie à contrôler pleinement sa propre sécurité. En plus du déploiement des forces terrestres, la Turquie s’est aussi engagée à protéger les eaux territoriales somaliennes et aider à développer les ressources maritimes, notamment la pêche.
La Turquie accroît sa présence alors que la mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM) a des difficultés pour lancer ses opérations. Les Nations unies ont convenu de financer 75 % des opérations de l’AUSSOM et cherchent 41,6 millions de dollars, en plus du soutien fourni par les donateurs.
En outre, l’AUSSOM enregistre un déficit d’environ 8.000 soldats par rapport à ses objectifs de déploiement.
Les nouveaux soldats rejoindront environ 300 soldats somaliens dans la base militaire turque du Camp Turksom, établie dans la capitale somalienne en 2017. Depuis lors, les forces turques ont entraîné environ 16.000 soldats somaliens.
Parmi les personnes entraînées, on compte les commandos d’élite Gorgor de la SNA et les membres des forces paramilitaires Haramcad.
La plus forte présence de la Turquie en Somalie fait partie d’un accord signé en 2024 qui projette la hausse de son empreinte militaire pour atteindre jusqu’à 2.500 soldats en 2026.
Les forces turques font partie d’un réseau d’aide militaire internationale soutenant le combat entre la Somalie et les Chebabs, qui remonte à seize ans. L’action militaire combinée a chassé les Chebabs du tiers environ de son territoire en Somalie centrale.
Les Chebabs ont perpétré une série d’attaques dans le centre du pays, en particulier la capture signalée à la mi-avril d’Aadan Yabaal, localité située à environ 220 km au Sud de la capitale et centre logistique pour les soldats du gouvernement.
La localité a changé de main au cours des dernières années. Les forces gouvernementales en avaient pris le contrôle en 2022, puis les Chebabs ont affirmé l’avoir reconquise à la mi-avril, ce que le gouvernement conteste.
Les plans turcs visant à accroître leur présence militaire en Somalie ont pour objet d’inverser cette tendance et d’aider la Somalie à reconquérir des territoires saisis par les Chebabs.
« On anticipe que la Turquie déploiera d’autres drones et offrira un soutien d’artillerie, si nécessaire », déclare la source anonyme à Middle East Eye.