Le terrorisme est un crime opportuniste. Les groupes terroristes mondiaux cherchent les zones les plus vulnérables de la planète et y plantent leur drapeau.
Les pays avec des frontières poreuses, des luttes ethniques, une négligence de la part du gouvernement et une population jeune et frustrée sont prêts à être exploités. L’Afrique n’est pas à l’abri de ce phénomène global.
Au Mozambique, au Sahel, en Somalie et sur le littoral d’Afrique de l’Ouest, les extrémistes sont actifs et cherchent à progresser. Le Sahel est aujourd’hui l’épicentre mondial du terrorisme, avec 43 % des décès mondiaux dus au terrorisme en 2023. Ce chiffre était seulement 1 % en 2007.
Le Burkina Faso est dans l’œil du cyclone terroriste sahélien. Plus de la moitié du pays échappe au contrôle du gouvernement, 2 millions de personnes sont déplacées et 3 millions souffrent de famine. Un massacre en août 2024 qui a provoqué selon des estimation la mort de 600 personnes dans la localité de Barsalogho a bouleversé le pays, qui titubait déjà à cause des multiples vagues de violence. Les groupes humanitaires l’appellent « la crise la plus négligée du monde ».
Quelle est donc la réponse ? Après trente années de lutte contre le terrorisme sur le continent, il est devenu clair que certaines stratégies sont efficaces et d’autres nécessitent d’être réétudiées.
Les approches pansociétales qui adressent les causes fondamentales du terrorisme, telles que la stratégie multidimensionnelle employée dans le Nord de la Côte d’Ivoire, se sont avérées efficaces. Les forces armées ont établi là-bas des bases frontalières pour refuser un refuge sûr aux terroristes, mais il ne s’agit pas simplement d’une approche militaire. La Côte d’Ivoire a investi dans des programmes de formation professionnelle et des prêts aux petites entreprises. Elle a soutenu le dialogue communautaire pour promouvoir la compréhension et les systèmes d’alerte précoce pour identifier les menaces. Le but est de créer une région stable et prospère qui soit inhospitalière pour les groupes terroristes.
Cette stratégie contraste radicalement avec les gouvernements militaires qui emploient des tactiques à la main lourde et s’associent à des mercenaires irresponsables. Cette approche ne peut non seulement pas stopper le terrorisme, mais elle l’exacerbe. Dans chaque pays sahélien dont le gouvernement a été renversé, les promesses de sécurité ont été suivies par la montée des attaques terroristes et la hausse de la violence contre les civils. Ces solutions unidimensionnelles ne peuvent pas faire face à un problème multi-dimensionnel comme le terrorisme.
Alors que les pays cherchent à dresser des plans de contre-terrorisme, il est vital qu’ils œuvrent avec les pays partenaires de l’autre côté des frontières, qu’ils mettent en commun les meilleures pratiques et qu’ils renforcent les alliances. Les groupes terroristes basés au Sahel ont juré d’étendre leur portée. Ils ont l’intention d’occuper des territoires côtiers et d’accroître leurs effectifs en recrutant les jeunes mécontents. Les pays qui présentent un front unifié et attaquent le terrorisme de façon holistique ont la meilleure chance de stopper sa propagation.