Les détails biographiques de la reine Achivanjila, souveraine des Makua dans ce qui s’appelle aujourd’hui le Mozambique vers la fin du 19ème siècle, ont été transmis d’une génération à l’autre. L’histoire manque de certaines précisions mais il semble clair que la reine faisait face à des obstacles formidables.
Son royaume est connu aujourd’hui sous le nom de Niassa, province peu peuplée du Nord du Mozambique. On pense qu’elle règne entre 1865 et 1870 environ, à une époque où le Portugal est la puissance coloniale dans ses terres. Elle doit négocier un moyen politique pour tenir les Portugais éloignés tout en convainquant son peuple qu’elle a l’avantage.
La tradition orale dit qu’elle accède au pouvoir après avoir défié son époux, le roi, de secourir des villageois qu’il avait vendu en esclavage à des marchands néerlandais. Il existe aujourd’hui au Cap (Afrique du Sud) un quartier où vivent les descendants des esclaves secourus par la reine.
Elle prend le pouvoir en vertu d’une structure matrilinéaire traditionnelle dans laquelle le statut social et les biens hérités sont transmis entre les femmes. En tant que monarque de son royaume, elle doit naviguer à travers le système colonial patriarchal favorisé par les Portugais et certains royaumes voisins. Elle doit presque certainement s’engager diplomatiquement avec les Portugais, en donnant l’impression qu’elle est une alliée.
Elle règne alors que le christianisme et l’islam se propagent dans la région, ce qui menace le leadership, les coutumes et les systèmes de croyance de son peuple. Elle finit par s’appuyer sur des femmes puissantes de son royaume, qui ont accès à la terre et au pouvoir politique et qui participent à la gestion des affaires militaires. Il est généralement accepté que la reine Achivanjila étend les réseaux commerciaux de son royaume et encourage le développement des relations avec les marchands du littoral, ce qui garantit à son peuple une certaine prospérité. On pense aussi qu’elle est un stratège militaire chevronné et qu’elle défend avec succès son royaume contre les royaumes rivaux.
Toutefois, son héritage est lié à son traitement des esclaves, où elle emploie ses connaissances de la médecine traditionnelle pour aider les gens qui ont été transportés sur la côte pour le commerce des esclaves. Elle sauve de nombreuses vies. Elle organise une armée pour protéger ses frontières, ce qui aide aussi à empêcher les prises d’esclaves.
Le titre de « reine de Niassa », bien qu’il soit essentiellement cérémonial, continue aujourd’hui, en tant qu’une des dernières monarchies d’Afrique dirigées par une femme. Le prestige de ce titre est tel que, lorsque la reine Abibi Achivanjila V est décédée en avril 2023 à l’âge de 96 ans, Filipe Nyusi, président mozambicain à l’époque, a commémoré l’événement en disant : « Nous n’avons pas pu empêcher notre amie commune et révérée, la reine de Niassa, d’accéder à l’éternité pendant les fêtes de Pâques et au milieu de Ramadan. »
Ses survivants incluent 6 enfants, 32 petits-enfants et 46 arrière-petits-enfants. Son successeur, la reine Bibi Achivanjila VI, continue la descendance et les traditions de son prédécesseur. La province de Niassa a continué à honorer sa riche histoire culturelle et sa tradition monarchique en organisant le festival de la reine Achivanjila en avril 2024.