En février, les terroristes de l’État islamique – Mozambique (EI-M) ont conduit deux attaques contre les Forces armées du Mozambique (FADM) dans deux sites différents de la province du Cabo Delgado.
Le 20 février, les terroristes ont tué au moins deux membres des forces armées lors d’une attaque contre un avant-poste militaire à Quissanga. Des sources locales ont déclaré au site web mozambicain d’actualité Moz24h que les terroristes ont battu en retraite avant d’entrer dans les zones résidentielles.
L’attaque de Quissanga avait été précédée par une attaque de Daech avec un engin explosif improvisé contre un véhicule de l’armée mozambicaine, mais aucun décès n’avait été signalé. Ces attaques contre les FADM se sont produites après plusieurs moins pendant lesquels Daech avait surtout pris pour cible des civils.
Les attaques font craindre que les terroristes ne deviennent plus audacieux et changent leurs tactiques, mais les experts déclarent qu’il est trop tôt pour faire cette évaluation.
Tom Gould, journaliste pour Zitamar News qui publie des reportages sur le Mozambique, déclare à ADF : « Je ne pense pas que nous puissions constater un changement fondamental de tactique pour le moment. La grande majorité des victimes de l’EI-M [État islamique-Mozambique] sont toujours des civils. La série d’attaques contre les bases des FADM reflète probablement un besoin de ravitaillement. Le pillage des garnisons a toujours été la source principale d’armes, de munitions et de matériel pour l’insurrection. »
Pendant une grande partie de février, Daech était actif dans les districts de Macomia, Meluco, Mocímboa da Praia et Muidumbe de la province. Du 10 au 23 février, au moins douze attaques de violence politique ont conduit à seize morts, y compris au moins onze civils, selon le site web Cabo Ligado qui surveille l’insurrection.
Le 13 février, les terroristes de Daech ont massacré un nombre inconnu de personnes et ont pillé de la nourriture dans le district de Meluco. Ils ont aussi attaqué un village en bordure du district de Montepuez, où des décès ont aussi été signalés.
Une source anonyme a déclaré dans un reportage de l’agence d’actualité d’état Agência de Informação de Moçambique : « Les terroristes sont là et disent qu’ils ont une base à proximité, aussi ils se déplacent fréquemment. Les soldats sont arrivés dans le village attaqué mais les terroristes étaient à environ 5 km de distance. Les soldats ont affirmé qu’ils avaient besoin de renfort. »
Le 18 février, les terroristes de l’État islamique ont essayé d’envahir le village de Litamanda dans le district de Macomia mais les forces locales les ont repoussés et ont tué deux terroristes, selon Cabo Ligado. Le lendemain, EI-M a attaqué un village un peu au Nord de la localité de Macomia ; il a pillé et incendié des maisons et tué deux civils. Une source locale déclare que la nourriture pillée dans l’Ouest de Macomia a été transportée à travers la forêt de Catupa pour les terroristes du littoral.
L’insurrection est motivée par le manque de services de l’État, la pauvreté généralisée, les tensions ethniques en hausse, les litiges fonciers qui perdurent et la violence en cours depuis les élections présidentielles d’octobre 2024. Les catastrophes naturelles telles que le cyclone Chido qui a tué au moins 120 personnes en décembre ont déstabilisé encore plus la province. Les frontières poreuses et le commerce florissant des drogues illégales le long du littoral exacerbent la situation, selon le Soufan Center.
Bien que les attaques continuent, le nombre de combattants de l’EI-M au Mozambique est passé de plusieurs milliers à quelques centaines. Ceci est dû principalement aux gains militaires des forces internationales conduites par l’armée rwandaise.
Selon un reportage du New York Times, les insurgés se sont dispersés en petits groupes dans les forêts denses. Les attaques sont plus réduites mais elles étaient plus fréquentes en 2024, comparé à 2023, et elles se sont propagées dans de nouvelles zones. « Le gouvernement fait de son mieux », a déclaré au journal le gouverneur du Cabo Delgado Valige Tauabo.
Près de 6.000 personnes ont été tuées et jusqu’à la moitié des 2,3 millions de résidents du Cabo Delgado ont été déplacés depuis le début de l’insurrection en 2017.