La toute nouvelle mission de maintien de la paix en Somalie, appelée mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM), a été officiellement lancée le 1er janvier, mais son avenir demeure incertain car les Nations unies et l’Union africaine ont des difficultés pour obtenir un financement.
« Nous demandons de toute urgence un financement prévisible pour l’AUSSOM. J’espère que nos voix seront entendues par le Conseil de sécurité », a déclaré le secrétaire général de l’ONU António Guterres à la 38ème conférence au sommet de l’Union africaine à la mi-février.
Ses prédécesseurs, la mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) qui avait duré 32 mois et la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), dépendaient toutes les deux des donneurs internationaux. Cette structure de financement était souvent imprévisible et, selon les critiques, elle était inadaptée au mandat.
L’ATMIS par exemple avait enregistré un déficit de 150 millions de dollars en date d’octobre 2024 à cause des réductions des pays donateurs. La stratégie de financement de l’AUSSOM consiste à demander aux Nations unies de soutenir la mission à hauteur de 75 %. L’UA et l’ONU apporteront les autres 25 % grâce à des donations internationales.
La résolution du Conseil de sécurité établissant le financement de l’AUSSOM engage l’UA et l’ONU à considérer « toutes les options viables » au cas où le programme serait sujet à « des carences importantes dans la mobilisation des ressources ». La résolution qui a créé l’AUSSOM en décembre a aussi accordé aux parties six mois pour mettre en œuvre leur plan de financement.
L’AUSSOM inclut presque les mêmes nations qui avaient participé à l’ATMIS. Le Burundi a choisi de ne pas participer. L’Égypte a offert de rejoindre la nouvelle mission. L’Éthiopie a aussi offert des soldats mais les tensions liées à l’accord portuaire entre l’Éthiopie et le Somaliland semi-autonome ont mis en doute l’autorisation somalienne de faire participer l’Éthiopie.
Pour le moment, le financement de la mission AUSSOM demeure incertain.
« Bien qu’il semble exister un large consensus sur le déploiement de l’AUSSOM, les points de vue divergent parmi les membres du Conseil concernant le financement de la mission », a signalé le Conseil de sécurité de l’ONU dans une analyse publiée en décembre.
Les sympathisants de l’AUSSOM ont exhorté l’ONU à résoudre rapidement les problèmes de financement de la mission afin d’éviter de perturber les activités et de donner aux chebabs et aux autres groupes terroristes des opportunités de croissance.
Le Conseil de sécurité se réunira en mai pour examiner les progrès de création d’un système de financement stable pour l’AUSSOM. Le plan actuel consiste à examiner la capacité de l’UA à assurer la mise en œuvre de sa contribution au plan financier. La deuxième réunion étudiera la capacité de l’ONU pour affecter des fonds dégagés par la réorganisation de son Office de soutien en Somalie (UNSOS).
Entre-temps, l’UA continue à payer les frais liés aux soldats de l’AUSSOM sur le terrain somalien en remboursant les pays contributeurs. En octobre dernier, le Conseil de la paix et la sécurité de l’UA a recommandé l’emploi des intérêts versés au Fonds pour la paix de l’UA afin de verser sa contribution aux opérations de l’AUSSOM.
Les observateurs déclarent que la provenance de l’argent demeure incertaine.
« Il est également incertain de savoir si un plan de financement de contingence existe au cas où le modèle hybride postulé ne se matérialiserait pas après le mois de juin », écrivent les analystes de l’Institut pour les études stratégiques d’Afrique du Sud.
- Guterres déclare que l’ONU soutiendra l’UA et la Somalie dans leur lutte pour contrôler les chebabs.
« Sur tous les fronts, nous sommes constamment présents aux côtés de l’Union africaine pour faire avancer la sécurité, la stabilité, les droits de l’homme et l’état de droit. »